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Nus, allongés sur le dos, Alix et moi reprenions notre souffle, profitant du calme de sa chambre. Je l'avais appelé en début d'après midi, après avoir déposé l'ensemble de mes achats de la matinée au milieu de mon salon. J'avais envie de la voir, on en était pas encore à parler de besoin, mais j'en avais envie. Et elle aussi, alors c'était tout naturellement qu'elle m'avait proposé de la rejoindre chez elle, et c'était tout naturellement qu'en la voyant dans son lit, en débardeur et short en soie alors qu'elle essayait de rattraper sa nuit travaillée à l'hôpital, on avait craqué. Elle et moi, on faisait rien dans l'ordre, on le savait. On se connaissait depuis peu, on se voyait pas souvent, j'étais pas sûr de ce que je voulais construire, elle non plus, mais on en avait envie, alors on avait pas vraiment réfléchir. Et elle était comme ça, Alix. Pas prise de tête tout en étant caractérielle, douce sans être dans le romantisme, concept que je n'affectionnais pas particulièrement.
Je la voyais se pencher sur le côté, attrapant un paquet de clopes à rouler qui était posé sur le parquet. C'était la première fois que je venais dans sa chambre, et faut dire que je m'y sentais bien. Je me sentais déjà bien dans son appartement, sa taille réduite et son peu de luminosité me ravivait des souvenirs, et me faisait me sentir aussi a l'aise que dans mon ancien appart'. Mais sa chambre était particulièrement agréable, vivant au dernier étage, Alix avait la chance d'avoir un vélux, innondant le lit de rayon de soleil. Après, je me doutais bien que la présence d'Alix et de ses courbes devaient aussi avoir leur rôle à jouer dans mon bien être dans cette pièce.
Le bruit de son briquet me faisait tourner le regard sur son visage, son nez retroussé et ses cheveux bruns en bataille, elle expulsait sa première bouffée de nicotine.

- Tu bosses ce soir ?

Elle hochait la tête, en ne prenant pas la peine de le répondre. Déjà que Noah me parlait pas beaucoup, j'allais vite être en manque de conversation.

- Ça va le faire ?

- Comment ça ? elle répondait, en tirant une nouvelle taffe de sa clope et en me la tendant pour que j'en profite.

- Bah je sais pas, tu dors ni la nuit ni la journée.

- Je dors la journée, elle marquait une pause, normalement, et quand Nekfeu vient pas squatter mes pseudos nuits.

- Dit-elle alors qu'elle m'attendait en tanga sur son lit, je soufflais, la faisant rire légèrement.
Non en vrai tu dois avoir l'habitude finalement.

Elle se tournait vers moi, et me lançait un regard interrogatif, m'intimant de développer ma pensée, ses deux grandes pupilles noires me fixant intensément.

- En bossant de nuit, t'as pas trop le choix que de te détendre la journée, donc tu dois avoir l'habitude.

Elle prenait un temps de réflexion, cherchant à comprendre le sens implicite de ma phrase, le corps sur le flanc, la tête posé contre sa paume de main, retenue par son coude.
Puis,lorsqu'elle comprenait enfin, elle émettait un léger rire doux, se laissant tomber en arrière, le dos contre le matelas, la clope entre les lèvres.

- Je suis presque une grand mère, Ken, quand je rentre du taff à 7 heures et demi, je me couche sans même me laver et je dors jusqu'à quinze heures, et après, je profite de devoir parler à personne pour combler mes traits de personnalités de solitaire. Elle écrasait sa cigarette dans le cendrier posé sur sa table de nuit, et se tournait à nouveau vers moi. Donc non, j'ai pas l'habitude de voir quelqu'un, et encore moins de coucher avec quelqu'un. T'as eu de la chance de me voir en tanga d'ailleurs, c'est pas mon habitude.

- C'est quoi ton habitude ?

- Je sais pas, quand je rentre d'une nuit je veux être à l'aise, c'est plutôt boxer et jogging.

- Boxer ? Je prenais le temps de l'imaginer dans un boxer, avant de me dire qu'elle rendrait sexy n'importe quel vêtement, et je haussais les épaules en reportant mon regard sur le sien. J'aime bien les boxers.

Elle pouffait de rire, et laissait son regard planté dans le mien. On était bien tous les deux, on était à l'aise et aucuns de nous deux ne se posait de questions inutiles. C'était simple. Et efficace d'ailleurs.

- Et qu'est ce qui change avec moi ? je lui demandais. Pourquoi tu t'accordes à supprimer quelques heures de sommeil pour moi ? Pourtant je te vends pas vraiment du rêve, tu le sais que je fais pas dans la galanterie. En tout cas, je suis flatté.

Elle haussait les épaules, et semblait réfléchir à la question, comme si la réponse n'était pas si évidente que ça.

- Avec les autres, c'est chiant. Je suis jamais assez là, trop absente, trop fatiguée, trop cernée. Ils comprennent rien à mes obligations, pour te dire, même mes plans culs ont lâchés l'affaire, trop lassés que je m'endorme parfois pendant un truc.

Elle disait ça naturellement, et à l'entente de cette anecdote, je me relevais brusquement, la regardant avec des grands yeux et un sourire franc.

- T'as pas fais ça ?

Elle haussait à nouveau les épaules, trouvant ça normal, déclenchant un rire franc de ma part. Bordel, c'était une génie.

- Toi, au moins, tu me casses pas la tête à vouloir me voir tous les quatre matins, et niveau planning et vie bizarre, t'es formé.

J'acquiesçais en silence, comprenant exactement ce qu'elle voulait dire, car c'est ce que j'avais vécu pendant longtemps. Avoir une vie reculée, se sentir incompris dans son taff et dans ses horaires.
Mon téléphone sonnait, et sans regarder je savais que c'était l'alarme que j'avais mise en arrivant chez Alix, pour me prévenir de l'heure butoir ou je devais partir chercher Noah à l'école. Et il était 16h30, c'était l'heure butoir.
Me rhabillant en silence, dos à Alix, je sentais le regard de cette dernière sur mon dos.

- Je te demande pas quand est ce qu'on va se voir du coup ? je lui demandais en ricanant.

Elle ne me répondait que par un rire étouffée, et lorsque je me retournais, son regard insistant me donnait presque envie de rester. Mais une autre femme m'attendait.

- T'as Noah ce soir aussi ?

Je bougeais la tête de droite à gauche, enfilant mon bomber et plaçant ma casquette sur mes cheveux, vérifiant mon allure dans le minuscule miroir d'Alix, placardé au mur.

- Non, le vendredi elle va chez ma soeur, comme ça je passe la soirée avec les gars. Je la reprends que le samedi soir.

Elle hochait la tête, ne trouvant rien de plus à rajouter, mais affichant un sourire doux.
J'aimais pas trop les aurevoirs, je savais jamais vraiment comme réagir, surtout avec une femme.
Je choisissais l'option sans prise de tête, et embrassait le front d'Alix en me penchant au dessus de son lit.

- Bonne nuit du coup, rattrape tes heures.

Et je franchissais la porte de sa chambre, puis celle de son appartement, et me dirigeais vers la source principale de mes pensées.

NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant