NOAH

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Noah reparti dans la chambre de Milo, on pouvait enfin parler des vacances de Noël qui approchaient à grands pas.
A la base, j'étais aussi venu pour ça. Noah allait passer son premier Noël avec nous, et nous qui n'avions pas l'habitude de célébrer cette fête traditionnelle en famille, je n'arrivais pas encore à me décider sur ce qui était le mieux à faire. Les gars forçaient depuis plusieurs semaines pour me convaincre de ne pas changer nos habitudes et d'aller au chalet, tous ensemble, pendant les quelques jours que nous nous accordions. Mais mon coeur balançait, et je m'en voulais aussi de priver ma soeur et ma mère d'un premier Noel avec la benjamine de la famille. Et de toute façon, même moi j'avais presque envie de déroger à la règle et de passer Noël en famille.
Mais lorsque Deen et Moh m'avaient montré le chalet qu'ils avaient loués pour cette année, ils n'avaient pas mit longtemps à me convaincre. Enfin, la piscine intérieure et la chambre pour Noah surtout.

- Oh Ken ?

Charlie me sortait de mes pensées et me faisait relever la tête, plantant mon regard dans le sien. Elle était assise au sol, sur son grand tapis gris, un crayon et un calendrier au bout de ses mains.

- Concentre toi, ça fait des semaines que tu me donnes pas de réponses sur Noel, t'as intérêt de t'être décider.

- Je pense qu'on va aller au chalet du 21 au 26, je disais en scrutant ses moindres réactions, et après on rentre pour le faire avec vous.

-Ok je note, elle s'affairait alors à fluoter sur son calendrier, sans plus de réactions.

- Tu m'en veux pas ?

Elle relevait la tête, un air surpris sur le visage.

- T'en vouloir de quoi au juste ? Tu amènes Noah à la neige pour la première fois, pour son premier Noël avec nous, je crois que c'est le rêve de tous les gosses et ça devait peut être même être le nôtre quand on avait son âge. Alors non je t'en veux pas, moi j'aurais seulement pu lui offrir mon vieil appartement avec mon sapin en plastique comme deco.

- Il est très bien ton sapin, je disais après avoir observé l'affreux bout de plastique qui trônait dans un coin de la pièce, ensevelit sous de trop nombreuses guirlandes que Milo avait du mettre.

- Vas y arrêtes de me mytho. Même Nono a dit que le tien était plus beau.

Je haussais les épaules, me notant de féliciter Noah pour ça, pourtant, c'était mal parti, j'avais pas forcément l'âme d'un bon décorateur. Surtout pas de Noël. Pourtant j'ai fais un effort, et, bien aidé par les gars, on a réussit à faire quelque chose de pas dégueulasse. Rouge, blanc et vert, les couleurs principales de notre sapin baptisé Léon par Noah, après que Moh lui ai appris le principe d'un mot anacyclique, me permettaient d'être un minimum connecté à cette période de l'année. Mais cet effort valait le coup, le regard brillant de Noah, posant au sommet du grand sapin une étoile lumineuse, portée à bout de bras par Deen qui utilisait enfin ses quelques muscles aux biceps pour une bonne raison, valait milles installations de sapins. Et ce n'était pas une histoire d'amour fraternel, puisque la joie de ma petite sœur depuis le début de la période de Noël nous permettait à tous de mieux vivre cette période de froid et de fin d'année, qui, d'habitude, nous assommait tous.
Alors, je n'avais finalement pas tellement hésité lorsqu'il mettait possible de prolonger son bonheur et son rêve dans un chalet à la neige.
C'est fou comme cette histoire ressemble à un vieux téléfilm de Noël bidon.

Charlie se penchait vers moi, glissant un regard prudent vers le couloir et le redirigeant finalement dans le mien, interrogateur.

- Faut qu'on voit pour les cadeaux.

- Je gère, t'inquiètes.

- Arrêtes t'es nul en cadeaux Ken, tu m'as offert un carnet tous les ans de mes cinq à mes 20 ans.

- Parce que c'était toi, je m'en foutais.

Elle me frappait brusquement sur le bras, m'obligeant à émettre un cri tout sauf viril, et me lançait un regard noir.

- Grosse capricieuse, ils étaient très bien mes carnets.

- Sauf qu'au bout de quinze ans j'avais plus de surprise.

Bon, sur ça, elle a pas tord. Je suis pas très inspiré quand il s'agit de cadeaux, surtout pour la gente féminine. Sauf que Nono, elle, c'était différent. Ça ne m'inquiétait pas vraiment, une enfant, c'est pas difficile à combler.

- Je m'en charge, j'ai déjà acheté des livres, des peluches, un planétarium. Et j'ai prévu d'autres choses, mais je crois aussi que Moh et Deen ont prit des trucs.

- Pourquoi tu m'en a pas parlé ?

- Parce que je lui achète toujours des choses. Je peux pas m'en empêcher. Elle est toujours là, je montrais mon crâne, tu vois d'habitude c'est plutôt l'inverse, j'ai du mal à me rentrer une fille dans la tête. Je pense pas à envoyer un message, à aller la chercher quelque part, à son anniversaire ou même d'idées de cadeaux d'ailleurs. Mais Noah, même quand je passe devant un antiquaire j'arrive à trouver des trucs qui me font penser à elle. Partout, tout le temps. Des jouets les plus probables aux plus chelous, du puzzle a un mur d'escalade miniature, je continue de croire qu'elle aura besoin de ça. Je sais pas si j'ai peur qu'elle manque de quelque chose, ou si c'est ma peur de ne pas être à la hauteur, mais je t'assure que c'est relou. Alors tu sais Charlie, j'ai pas vraiment besoin d'idées cette fois ci, j'ai milles et unes inspirations pour ses cadeaux, et je sais que tu vas encore dire que j'en fais trop et tu auras raison.

Sa tête posée contre sa main, elle même en appui sur le dossier du canapé, elle me fixait, un regard doux glissant sur mon visage. Elle essuyait une larme qui coulait sur sa joue jusqu'à la commissure de ses lèvres. Putain ce qu'elle était sensible pour r celle la.

- Ken, tu sais pourquoi tu vas mieux depuis quelques temps ?

Je ne lui répondais pas, elle savait que je n'avais pas réellement compris ce qu'il m'était arrivé ces derniers mois.

- Il n'y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment d'exister pour quelqu'un.