48

1.5K 92 4
                                    

- Espèce de connard fini !

J'esquivais au dernier moment l'unique chaussure que m'envoyait Alix, un sourire crispé sur mon visage, à la fois amusé et effrayé par son comportement.
Pourtant je l'avais prévenu. Je lui avais dis que j'étais pas le plus calé dans ce genre de « relation », elle avait l'air d'avoir compris, elle m'avait dit qu'elle n'était pas du genre à attendre quelque chose de quelqu'un d'autre que d'elle même.
Pourtant, ce soir, elle m'avait attendu. Alors que ça faisait 3 semaines qu'on ne s'était pas vu, j'avais pris les devants, je lui avais proposé de se rejoindre à ce bar dans lequel on avait l'habitude d'aller. Et alors qu'elle m'attendait, je passais du temps avec celle qui me faisait tout oublier, et je ne culpabilisais même pas, parce qu'Alix savait que je n'y pouvais rien quand c'était de Noah dont il s'agissait.
Elle m'avait attendu longtemps je crois, au vu de ses yeux éclatés, je sais même pas combien elle a pu s'enfiler de bières.

- Je t'ai attendu quatre heures ! Quatre putain d'heures Ken Samaras de mes deux ! Elle me lançait un nouvel objet sans que je puisse trop identifier ce que c'était puisqu'il allait directement s'écraser contre le mur derrière moi. Tu crois que je suis du genre à attendre les mecs comme toi ? Tous les jours je vais au taff, je bosse comme une merde pour gagner un salaire de merde alors que je me fatigue tous les jours. Ken je travaille 50 heures par semaine ! Tu sais ce que c'est 50 heures par semaine ? C'est..., elle faisait une pause, semblant réfléchir à quelque chose, douze fois le temps que je t'ai attendu à ce putain de bar de merde !

J'éclatais de rire à la fin de son monologue, peu effrayé par son regard noir et ses pupilles dilatées qui me fixaient.

- Tu rigoles ? Elle mettait sa main dans ses cheveux noir et pourtant si lumineux, et je tentais de m'approcher alors qu'elle entamait des pas en arrière pour m'éviter. Non mais sérieux quoi, t'es vraiment le pire des enculés Ken. J'aurais pu récupérer de ma nuit de merde, tu sais ce que j'ai fais cette nuit ? J'ai accompagné jusqu'à la mort un mec de quarante balais, et sa femme est arrivée juste après qu'il soit mort la main dans la mienne, j'en ai pas dormi de la journée. Et toi, petit con de mes deux, tu te permet de me flinguer des heures de sommeil en me laissant seule dans un bar ?

J'avoue qu'à ce moment là de notre conversation, une petite once de culpabilité se faisait ressentir. Elle avait un taff de merde, que pourtant elle adorait, mais qui lui faisait vivre des trucs horribles, et moi je me permettais de l'oublier dans un bar à 22h le soir de son seul et unique jour de repos de la semaine. Mais elle était tellement drôle, alcoolisé, les cheveux en vrac, sa bretelle de soutient gorge baissée, sa culotte snoopy et ses chaussettes en pilou pilou, tentant d'être crédible dans sa colère. Je devais avoir sur le visage ce sourire carnassier que les gens détestaient tant quand ils sont énervés contre moi.

- Pourquoi tu souris, connard ?

Bloquée contre la table de sa cuisine, je me lançais, un bras contre sa taille malgré sa mince résistance qui ne durait pas longtemps, son regard évitant le mien, faisant agrandir mon sourire moqueur.

- Excuse moi.

Elle me regardait cette fois ci dans le yeux, son visage a quelques centimètres du mien, plongeant ses iris noires dans les miennes. Ses promettes rougies par l'énervement, ses tâches de rousseurs, le contraste entre sa peau blanche comme neige et ses cheveux noirs comme la nuit me faisaient craquer à chaque fois que je la regardais.

- Quoi, tu crois que ça va suffire Ken ? Déjà, premièrement, on ne s'excuse pas soit même, c'est moi que tu as fais chier ce soir, c'est à moi de te dire que tu es excusé. Secondement, tu peux pas...Putain mais arrêtes avec ton sourire de connard !

Elle frappait mon torse, faisant sortir un rire franc retenu depuis trop longtemps.
Putain, Alix était une sacrée meuf quand même, une grosse casse couille, mais une nana incroyablement incroyable.
Mes bras autour de sa taille, son corps et son visage ne traduisaient rien de similaire, alors que l'un semblait plus qu'énervé, l'autre ne refusait rien à ma main droite qui descendait dans le bas de son dos, ni à ma bouche qui commençait à embrasser la base de son cou dangereusement.

- J'en ai marre de tomber sur des types pourris avec aucun cerveau et qui pensent à tout le monde sauf à moi. Tu sais je suis d'accord avec le fait qu'on est rien l'un pour l'autre, qu'on peut ne pas se voir pendant X temps, qu'on a pas le droit d'attendre quoique ce soit de l'autre car on a tous les deux des choses plus importantes à gérer, toi ta soeur et moi mon taff. Mais je sais pas, je crois que je suis fatiguée de toujours passer au second plan. En plus ce bar était pourri, on y a toujours été la journée et je t'assure que la nuit il est vraiment glauque, ça puait la pisse et le vomi, et la bière était même pas...

Ma main contre sa mâchoire, j'embrassais cette fois ses lèvres pour la faire taire. Elle tentait d'abord de résister mais finissait par lâcher l'affaire et tapait seulement du pied me signifiant que, ça y est, j'avais gagné.
Elle finissait par se séparer de moi, son corps restant collé au mien, son regard noir toujours plongé dans le mien.

- T'arrête de me couper ? J'ai même pas fini, pourtant dieu sait que j'ai envie de...

- Ferme là.

Elle s'arrêtait brusquement dans ses grands mouvements de bras et dans son flux de paroles, m'offrant un regard outré par mon audace et mon sourire vainqueur.
Puis, elle s'abandonnait, fondant sur mes lèvres, faisant exploser en moi un truc que j'espérais être un sentiment de soulagement uniquement.
Dans son lit, on débutait ce qui était prévu quelques heures auparavant avec ce rendez vous au bar qui n'était qu'un préambule, et pourtant, ça semblait différent par rapport aux autres fois. Même énervée, épuisée et a cran, elle était complètement et incroyablement attirante, et ce qui se passait dans ce lit me faisait presque regretter de ne pas être venu plus tôt.

Allongés face à face sur le matelas, reprenant notre souffle, je regardais ses mèches de cheveux se mélanger à la sueur de son cou, ses petits seins rebondis retombant sur le matelas et formant une courbe parfaite, ses yeux fermés par la fatigue.
Ma main remontait contre son front, replaçant une mèche rebelle derrière son oreille.

- Tu t'es encore trompé.

Elle soufflait d'énervement, ses yeux restant fermés.

- Ne cherche pas à m'énerver encore une fois, Ken. Et laisse moi dormir putain.

- T'es pas rien pour moi.

NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant