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Pour la première fois depuis longtemps, je me réveillais au son du réveil de mon téléphone et sortais du lit avec un grand sourire. Sous la douche, en buvant mon café devant la vue splendide que m'offrait l'aube sur les immeubles de Paris, en me lavant les dents, je pensais et repensais au déroulé de cette journée que j'attendais depuis tant de temps.
Devant mon carnet, ma jambe tressautait d'impatience et je n'arrivais a me concentrer sur mes écrits.
A chaque passage devant la fameuse chambre, je ne parvenais plus à calmer le flux de pensées, et les palpitations de mon cœur.
A chaque entrée dans cette pièce, pour vérifier que les objets, que l'organisation que j'avais établi était toujours en place, je ne pouvais m'empêcher d'angoisser à l'idée que quelque chose ne soit pas parfait.
Lors de la vérification, de la revérification du dossier, des papiers utiles pour cette journée, je pensais toujours à l'éventualité d'un défaut dans l'un de ces derniers.
Et même lorsque je rejoignais mes amis au studio, ces derniers ne pouvais ignorer mon visage crispé, stressé, et pourtant si heureux.

- Mec, pourquoi tu paniques, ça va bien se passer.

Assis dans le canapé, face à l'un de mes frères qui rappait dans la cabine, et alors que les questions fusaient dans ma tête et dans celle de mes amis face à mon état, je ne savais quoi répondre.

- Je sais pas. C'est...c'est l'inconnu.

- Pete un coup, c'est pas définitif cette situation, y'a pas de raison que ça marche pas. T'es au top après tout ce que tu as préparés. T'as rien à te reprocher.

Je soufflais après les paroles de Moh, partagé entre le rire franc et le rire jaune. Face à l'importance de la situation, je ne pouvais pas faire d'erreur, je ne pouvais pas faire un écart aux bonnes conduites. Je n'étais pas dans une de ces situations où, grâce à ma situation sociale, ou tout simplement grâce à ma facilité à passer au dessus des choses, je pouvais me permettre de ne pas faire, ou de ne pas bien faire. Cette histoire là, elle m'importait. Elle concernait ma famille, et au delà, permettrait de me prouver que mon personnage de jeune homme instable avait bel et bien disparu. C'est pour ça que la pression était intense, pour ça que je ne stressais plus que je me réjouissais. Pourtant, dans l'angoisse et l'inconnu de cette histoire, je trouvais une part d'apaisement et de joie. 

Dans quelques jours et après de nombreux mois d'attentes, d'anxiété, de questionnement, de joie, je recevais pour la première fois Noah, chez moi.
Depuis quelques temps, alors que je continuais d'aller au centre voir Noah, Claire m'avait conseillé d'avancer dans les préparatifs administratifs et matériels, dans le but d'accélérer le processus.
J'avais encore du mal avec ce mot, « processus », mais j'avais sûrement également du mal avec le caractère définitif, à long terme de cette situation.
J'avais alors repeint la chambre que je lui avais réservé dans des tons neutres.
Mais, et même avec ma plus grande volonté, je m'étais retrouvé bloqué lors des achats de meubles, d'objets. La liste nécessaire était si longue que je ne pouvais m'empêcher de penser que j'en oublierai la grande partie. 

- Eh, les gars ? 

Tous restaient fixer sur leurs carnets mais émettaient un grognement me faisant comprendre qu'ils m'écoutaient. 

- Vous savez, Noah arrive bientôt, et je sais que je devrais réussir à me débrouiller tout seul, que bientôt j'en aurais la totale responsabilité, mais...je bafouillais, sans savoir comment ne pas paraître dépassé.

- Mec, vas-y explique, on est là pour t'aider, disait Idriss. 

- Y'a rien de grave, c'est juste que, pour les meubles, les trucs utiles, nécessaires, j'ai encore rien prévu et j'ai une peur immense d'oublier, de mal choisir, de me tromper. Et j'ai besoin de votre avis. 

Ils se regardent alors tous, yeux dans les yeux, et pendant quelques secondes, je les imagines éclater de rire suite à mes propos. Pourtant, ils se levèrent tous lentement, frottant leurs pantalons froissés, et fermant leurs carnets. Ils se pointaient alors tous devant moi, avec un regard incrédule.

- Bah bouge, bien sûr qu'on va t'accompagner. 

Je me relevais alors également, les rejoignant devant la porte du studio, souriant et rassuré de voir que les gars seront toujours là pour moi. Et pour Noah visiblement. 


NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant