13

3K 163 41
                                    

J'ouvrais la porte du centre pour la onzième fois depuis trois semaines. Mes visites s'accumulaient, devenaient de plus en plus fréquentes pour la simple et bonne raison que Noah et moi nous rapprochions considérablement. Comme je l'avais prédit, après la confiance physique, Noah avait très vite commencé à parler. Plus qu'avant en tout cas.
Facilitant les échanges, je m'attachais alors encore plus, et en apprenais sur elle. Désormais, tout semblait plus simple, et notre relation plus construite et réelle.
En entrant dans le hall, j'eus à peine le temps d'apercevoir la tornade blonde arriver qu'elle heurtait mes genoux, les entourant, faisant naître un sourire sur mes lèvres. Mais c'est en entendant des sanglots, adorables, mais surtout de gros sanglots, que je comprenais que quelque chose se passait et que mon sourire s'affaissait.
Je m'abaissais pour attraper Noah et la soulever dans mes bras, alors que je commençais déjà à avancer dans les différents couloirs du centre, à la recherche de Claire pour en savoir plus sur le comportement de Noah, sachant très bien qu'elle ne me l'expliquerai pas seule. C'était le problème de Noah.
C'est seulement quelques minutes plus tard et alors que Noah n'avait pas enlevé sa tête de mon cou que j'apercevais enfin Claire, entourée d'enfants.
Comme si elle m'avait entendue arriver, elle se retournait dans ma direction et m'offrait un sourire radieux.

- Ken ! Ça me fait plaisir que vous soyez là, nous nous serrions la main amicalement, je devrais vous parler de certaines choses.

J'asquiescais silencieusement, peu intéressé par ses paroles pourtant importantes, mais j'avais d'autres préoccupations.
De ma main libre, je pointais du doigt Noah, dans mes bras, fronçant les sourcils et fixant Claire.

- Pourquoi elle pleure comme ça ?

La vieille femme soufflait du nez tout en fixant Noah, alors qu'elle semblait plus qu'épuisée par tous ces enfants.

- Un des enfants a déchiré son doudou, déjà qu'il était en mauvais état, ça ne servait à rien de le garder. Ça fait depuis hier soir qu'elle est comme ça.

- Vous auriez dû m'appeler hier soir alors.

Claire secouait la tête, un sourire aux lèvres, amusée par mon comportement, alors que je savais très bien que je ne pouvais voir Noah le soir, à cause des heures de visites.

- Bon, à l'aide de mon épaule je ramenais le visage de Noah face au mien, observant enfin son visage rougit par les larmes, et si on allait acheter un nouveau doudou nous ?

Je me sentais pleinement capable de sortir avec Noah dans la rue, contrairement à plus de trois semaines en avant, j'avais pris de la confiance en moi. Nous n'étions plus sorti du centre depuis mon annonce au parc, et si ça pouvait apporter même une infime part de bonheur à Noah, je le ferais.

- Vous êtes sûr ? J'hochais la tête, souriant, alors que Claire continuait de se questionner, regardant l'heure sur sa montre. Il est 16h30, je vous veux de retour dans deux heures maximum, on est d'accord ?

Le côté maternel de Claire ne m'avait jamais dérangé, elle m'avait toujours soutenu et poussé jusqu'au meilleur de moi même, me donnant la confiance en moi nécessaire. Pourtant aujourd'hui, je voulais lui montrer par moi même, quelle pouvait avoir confiance en moi, que ce n'était pas un mythe, une passade, et que je serais prêt pour Noah.

Je déposais cette dernière au sol, qui avait d'ailleurs retrouvé un léger sourire, lui demandant d'aller chercher ses chaussures et enfiler son manteau.

-Vous vouliez me parler d'un truc ?

- Ils ont regardé votre dossier, je fronçais les sourcils, stressé par l'enjeu et sachant très bien que ce dernier n'était pas le meilleur possible, comme prévu ils veulent d'abord s'entretenir avec vous, vous observez à l'essai, puis vous laissez seul avec elle deux jours.

Ça ne me semblait pas insurmontable, même si ça prendrait du temps.

- Ouais, je suis d'accord.

- Il ne faudra pas faire d'erreur, Ken. Vous n'aurez pas d'innombrables chances, ce sera la seule et l'unique, s'ils ne vous pensent pas apte et compétent, ils n'hésiteront pas.

Je n'eu le temps que de déglutir face à cette annonce, car Noah arrivait déjà en courant, manteau enfilé mais chaussures en mains.
Je me décidais enfin à sortir de ma tête toutes apréhensions face au futur pour ne profiter que du moment que j'allais passer avec elle. Je m'abaissais en souriant, alors qu'elle était déjà assise au sol, retenue par ses mains en arrière, attendant que je l'aide avec ses chaussures. Elle avait hâte, et c'était tout ce qui comptait.

*************

Après une trentaine de minutes de trajet, nous nous baladions entre plusieurs magasins pour enfants, cherchant désespérément des doudous. Noah semblait heureuse, curieuse mais surtout étonnée de voir autant de jouets dans un même endroit, et je me demandais si ce n'étais pas la première fois qu'elle venait dans un de ces magasins. Elle était arrivée au centre à un peu plus de deux ans, mais je ne pensais pas qu'elle ait de souvenirs de sa vie d'avant, avec ses parents.
J'étais plongée dans la "lecture" de plusieurs livres pour enfant lorsque Noah revenait vers moi en trottinant, brandissant un lapin en peluche, avec de très longues oreilles.

- Je veux lui s'il te plaît.

Je souriais face à sa voix et à son langage et me baissais, l'attrapant dans mes bras, contact devenu indispensable pour moi.
Je prenais le doudou de ma main restante, et la chatouillais avec, créant son rire. Je m'arrêtais rapidement, omnibulé par son rire, mais surtout son sourire, se rapprochant grandement de celui de mon père.
Avec difficulté, je séparais nos regards, et après avoir vu qu'il fallait rentrer, attrapais une dizaine de livres pour enfant, ayant observé que Noah semblait aimer ça au centre.
Nous quittions le magasin, en direction du centre et alors que Noah, marchant quelques pas devant moi, ne voulait plus quitter son nouveau doudou, je ne pouvais m'empêcher d'essayer de ralentir le rythme, ne voulant pas rentrer chez moi, seul.

J'attrapais sa main en entrant dans le hall, puis, m'abaissais à sa hauteur, à genoux, pour lui enlever finalement son manteau.

- Tu vas l'appeler comment ton doudou ?

Elle haussait les épaules et semblait réfléchir alors que je la fixais.
Puis, sentant que je devais partir, s'accrochait à mon cou.

- Je vais l'appeler Koah. Comme ça il y a nos prénoms dedans.

Mon souffle se coupait sous cette annonce, alors que je n'étais que plus touché par cette après midi. Je resserais ma prise sur son corps avant de me rendre compte que je devenais de plus en plus canard avec Noah, depuis notre rencontre. J'avais définitivement changé, et personne n'aurait pu me reconnaître. Mais j'en étais heureux, c'était ce dont j'avais besoin maintenant. J'avais besoin de Noah.

Et ouais, deux chapitres en deux jours, grande première...
COMMENTEZ, DONNEZ VOS AVIS ♡

NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant