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Huit heures pile s'affichait sur la grande pendule de la cuisine, et je me rendais compte que je ne mettais sûrement j'avais autant afféré à cette heure ci.
Ma main droite tenait fermement la tasse de café que j'apportais régulièrement à mes lèvres et qui me brûlait à chaque fois, alors que ma main gauche penait à faire rentrer dans le mini sac à dos grenouille de Noah toute ses affaires. Son doudou, un goûter car apparement il y en a besoin, et une gourde car hors de question qu'elle mélange sa salive avec d'autres petits.
Fermant le sac que je déposais au sol, près de ses chaussures, je le retournais face à Noah, buvant une gorgée du remontant amer. Mon sourire s'étirait en posant les yeux sur son visage endormi, ses cheveux en bataille et son uniforme adorable. En effet, l'école dans laquelle j'avais choisi d'inscrire Noah était une école privée, franco-anglaise, imposant de nombreuses règles de vue telles que le port de l'uniforme, et respectant plusieurs label et surtout ce qui m'avait fait choisir, la méthode Montessori. Je voulais le meilleur pour elle, et cette école, même si elle ne correspondait en rien à l'éducation que moi j'avais eu, je savais que je faisais le bon choix.
Et puis franchement, cet uniforme composé d'une jupe à carreaux, de hautes chaussettes ainsi que d'une chemise blanche et d'un foulard bleu, lui allait à ravir et la rendait plus mignonne qu'elle ne l'était déjà. Je pensais même à la garder avec moi aujourd'hui pour profiter de cette vision.

- Allez Noah, je déposais la tasse vide dans l'évier et m'approchais de la table, y posant les coudes et fixant cette dernière, on va être en retard là.

Elle grognait, laissant tomber sa tête en arrière par mécontentement et croisait ses bras. Ma mère m'avait bien dit de la remettre dans le rythme une semaine à l'avance, et j'aurais dû l'écouter, car le réveil à 7 heures avait fait beaucoup de mal à la bonne humeur de Noah.
Pourtant, depuis plusieurs jours, elle ne me parlait que de sa rentrée, qu'elle était excitée de retourner y jouer et voir ses amies, alors que je lui avais plusieurs fois expliqué que cette année, elle changeait d'école.
Je n'étais donc pas stressé de l'emmener aujourd'hui, sachant pertinemment que le plus dur avait dû être sa première rentrée, or, aujourd'hui c'était sa deuxième. En fait, ce qui me stressait le plus, c'était ma réaction à moi. Même si j'avais de nombreuses choses de prévues aujourd'hui qui ne m'ennuieraient pas, ce serait la première fois que je la quitterai pendant autant d'heures.

Je replaçais les morceaux d'orange et de biscuit tombés sur les bords de l'assiette, et me plaçais derrière Noah, la tête près de son épaule.

-Un dernier ? Elle tapait des pieds dans sa chaise haute, et j'attrapais un biscuit, et le plaçais devant elle. Allez, pour moi après je te laisse tranquille et ce soir tu choisis le repas.

Noah finissait pas manger le biscuit enrobé, non sans ronchonner, ce qui n'engendrait chez moi qu'un rire franc.
Je libérais cette dernière de sa chaise haute et lui indiquais de m'attendre dans la salle de bain. La voyant courir vers cette pièce pour un dernier paufinage, je remarquais enfin l'énorme tâche de chocolat sur sa chemise blanche.
Je soufflais, me frottant le front en me rendant compte que nous serions bel et bien en retard ce matin pour sa rentrée.
La rejoignant dans la salle de bain, je l'installais comme à notre habitude sur le meuble, face à l'évier, me tenant derrière elle.

- Alors, j'attrapais ses longs cheveux emmêlés, qu'est ce qu'on va pouvoir faire de ça, je murmurais.

Car oui, moi et les coiffures de filles, ça faisait 2. Je n'y arrivais pas, j'avais beau avoir eu plusieurs cours de ma soeur, impossible de faire quoique ce soit d'autre qu'une simple tresse, ou deux couettes, et encore.
Je réalisais au final deux couettes sur la tête de Noah, la faisant grogner plus qu'au petit déjeuner à cause de mon coup de main peu assuré.
Habillée, coiffée, lavée, Noah était enfin prêt et heureusement, car l'horloge murale affichait une heure bien trop tardive, ce qui me forçait à l'attraper dans mes bras en quittant l'appartement, sans oublier de prendre à la main son sac à dos grenouille.
Courant dans les rues de Paris depuis plusieurs minutes, Noah secouée dans les bras, me remerciant moi même d'avoir pris un appartement proche de l'école sans le savoir, j'arrivais enfin devant la façade de l'école, essoufflé.
Les enfants rentraient déjà dans le bâtiment, la plupart avait déjà fais leurs au revoir à leurs parents, et un nombre incalculable de jeunes femmes portaient leur main à leur bouche, émues.
Chassant leurs visions culcul de la tête, je déposais Noah au sol, restais accroupi au sol, à sa hauteur et replaçais une énième fois son épi rebelle.
Captant son regard inquiet, je déposais mes mains sur ses épaules, lissant les derniers plis sur sa chemise.

- Bon...On fait comme on a dit Noah, t'es polie, gentille avec les autres, tu écoutes ce qu'on te dit, elle hochait la tête, commençant à avoir les yeux embués.

J'ouvrais mes bras, et la tirais dans mes bras.
Très vite, et alors que je voyais bien que les maîtresses n'attendaient que nous pour fermer le portail, je décollais Noah de mon torse et lui embrassait le front.

- Allez Noah, c'est l'heure. Je me relevais et observais de haut ma petite sœur. Mais elle ne partait pas.

- Tu reviens quand ? De sa petite voix, elle arrivait à briser mon cœur, et à me faire m'abaisser une nouvelle fois, faisant grogner celles qui nous attendaient.

- Regarde, je lui montrais la montre à mon poignet qui indiquait 9 heures, je reviens quand l'horloge aura fait le demi tour.

Elle acquiesçait et plongeait une dernière fois dans mes bras. Cette fois ci, c'est elle qui me décollait et qui me faisait un dernier au revoir, juste du regard, el plongeant ce dernier dans le mien, alliant nos pensées, comme nous aimions le faire.
Je m'excusais du regard auprès des maîtresses, qui accueillaient parfaitement Noah, et qui refermaient la grille. J'observais ma petite soeur disparaître derrière la grande porte de l'école.
Planté la, en retard pour mon premier rendez vous de la journée, je passais ma main sur mon bouc, le regard bloqué sur cette porte.
Bordel, c'était moi qui était devenue culcul.

NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant