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Trois semaines étaient passées depuis ma visite au centre. Les affaires avaient repris calmement. J'avais tout expliqué à ma soeur dès ma sortie du bâtiment, et j'avais également prévenu les garçons de ce qu'il s'était passé quelques jours plus tard. Ils avaient tous été surpris, mais étaient heureux pour moi. En effet, les premiers jours, je me sentais mieux, je travaillais mieux et j'avais fais du ménage chez moi, dans la paperasse, et dans ma tête chose que je n'avais pas fais depuis très longtemps. Cependant, plus les journées défilaient, plus mes mauvaises pensées revenaient, et plus je retombais dans mes vices.
J'étais retourné une fois au centre, dans les premiers jours, et j'étais resté derrière la vitre à l'observer. Je n'avais toujours pas décidé de franchir le cap, cette porte qui m'amenerai à lui parler et à tout changer. Simplement l'observer, me faisait m'attacher à elle, et je préférais ne pas lui parler pour ne pas empirer la chose. J'essayais déjà de l'oublier. D'oublier toute cette histoire. Mais ça ne fonctionnait pas. J'avais même été chercher dans des anciens albums de familles, en pleine nuit, alors que son visage me tourmentait, pour voir si elle ressemblait à ma soeur lorsqu'elle était enfant. En clair, je n'avais pas réussi à me la sortir de l'esprit. Ses cheveux, sa peau. J'en devenait fou au point de me demander si j'avais déjà été comme ça pour une fille. Pourtant il y a quelques semaines j'étais persuadé que je ne voulais ni la connaître, ni lui parler, ni la voir.

Nous étions vendredi soir, et alors que les beaux jours arrivaient puisque nous étions en mai, les gars m'avaient proposé de sortir pour m'aérer l'esprit. Ils avaient bien compris que cette histoire me tourmentait, mais pour l'instant, ils ne m'en avaient pas reparlé, et heureusement.

J'étais dans mon canapé, prêt à sortir quand les gars entraient dans l'appartement, comme à leurs habitudes sans frapper et avec leurs clés. Ils semblaient encore débattre sur un son que l'un d'eux avait produit.

- Salut Nek', annonçait Hakim alors que je lui lançais un signe de la main en réponse.

Je me levais et ils prenaient tous place dans les canapés et j'allais chercher quelques bières. La porte de la cuisine s'ouvrait derrière moi, et un silence s'abattit pendant que je me retournais vers Moh, et m'appuyais sur le comptoir,ma bière à la main.

- Il faut vraiment que tu fasses un truc. Les seules fois où je t'ai vu aussi perdu c'est quand Alastor est mort, et aussi quand tu t'es fais quitter par la meuf là, il s'approchait et prenait un air rieur, tu sais, celle qui avait les plus gros seins du lycée, il mimait un geste et je rigolais légèrement face à sa connerie. Elle t'avait quitté comme une merde et on avait dû te faire boire pendant toute une journée pour que tu arrêtes de pleurer cette pute avec qui tu étais sorti trois jours.

Nous explosions tout les deux de rire à ce souvenir, mais très vite, je me rendais compte qu'en effet, mon état commençait à être assez inquiétant pour alarmer mes gars.

- Non serieux, faut que tu changes un truc, j'aime pas te voir comme ça, les gars non plus. Je sais pas, déménage de cet appart miteux, trouve toi une meuf. Il s'arrêtait quelques secondes le temps de prendre une gorgée de sa bière. Mais on sait tout les deux que la seule chose qui te changera complètement c'est d'aller la voir, il posait sa main sur mon épaule avant de la secouer, et pas seulement à travers une vitre.

Il s'éloignait et sortait de la cuisine.
Ce qu'il m'avait dit m'avait permis d'ouvrir les yeux sur certaines choses. Ce soir je m'accordais tout les excès, mais dès demain, je me reprendrai en main.

             *********      *********

Une semaine plus tard, je me retrouvais au beau milieu d'un appartement spacieux, entièrement blanc et donc le parquet était parfaitement ciré. Tout était déjà prêt à accueillir quelqu'un, il était neuf et refait de la cuisine aux chambres. Bizarrement, je me sentais presque mal à l'aise dans cet appartement de bourgeois, alors que j'avais toujours vécu dans mon petit 20 mètres carré. Mais j'avais les moyens, et ça permettrai sûrement de m'éclaircir la tête.
J'avancais petit à petit dans l'appartement, visitais une première grande chambre que j'imaginais comme la mienne, puis une seconde, plus petite, où je voyais déjà mes potes dormir sur un sol pleins de matelas après des soirées.
L'agent immobilier, une meuf de l'âge de ma mère, m'interpellait en m'emmenant vers ce qu'elle pensait être la surprise de l'appartement. Pourtant nous avions déjà visité toutes les pièces que j'avais réclamé dans ma recherche. Nous nous arrêtions devant une porte avant que la femme me sourit et qu'elle ouvre cette dernière

- Je vous propose une troisième chambre, et celle ci est clairement la plus agréable de toutes. J'imagine parfaitement un enfant ici.

Je me retournais vers elle et la détaillait du regard, cherchant une once d'humour dans son regard. J'avais pas vraiment la tête d'un daron. Mais elle était parfaitement sérieuse, et je finissais par regarder la pièce.
La pièce était plutôt spacieuse mais d'un volume raisonnable, et dans les tons blanc et crème. La grande fenêtre apportait une luminosité incroyable et en m'arrêtant au milieu de la chambre, je me rendais compte que comme elle, j'imaginais un enfant ici. Un lit, à droite dans le coin, et prêt d'un étagère déjà posée, et un grand tapis, au milieu de la pièce et peut être même une commode près de la fenêtre. Et puis je pensais aussi à Noah. Même si petit à petit j'avais compris ces dernière semaines que penser à elle me faisait du mal, ici, dans cette pièce, je l'imaginais, elle et personne d'autre.
L'agent me ramenait sur Terre, et me proposait de retourner au salon. Elle avait une voix peu assurée, et ça ne m'étonnait pas car je n'avais parlé que très peu durant toute la visite. 
J'acceptais avec regret de quitter cette pièce apaisante pour nous installer dans le seul canapé.
Elle sortait un dossier à côté de moi et son regard interchangeait entre moi et ses feuilles.

- Alors, monsieur Samaras, l'appartement fait 231 mètres carré, avec un étage, dans le sud du quinzième autour des commerces et écoles. Trois chambres, une salle de bain, et au dernier étage, avec ascenceur, et une terrasse.

J'hochais la tête, me rendant compte de ce que ma vie, ma situation me permettait par rapport à mon ancien appartement sale. Ça faisait du bien d'être ici finalement, d'avoir de l'espace, même si ce dernier était, d'après moi, bien trop imposant pour moi tout seul. Mais je m'y sentais vraiment bien et je voulais changer d'environnement.

- Il est au prix de deux millions et neuf milles euros. Il est tout a fait dans les prix du marché mais je peux avoir une négociation à deux millions.

Je secouais négativement la tête, et la coupais.

- Non merci, je vais le prendre.

Elle paraît étonnée et me redemandait  si j'étais bien sûr de mon choix, et je lui confirmais une dernière fois avant qu'elle ne me sourit et qu'elle me félicite. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, mais j'étais heureux, j'avais un nouvel appartement où je me sentais enfin à l'aise, et ça n'avait aucuns prix.


<< Bon les gars, j'attends des petits retours quand vous en aurez envie. Et dans le prochain chapitre, le début de la rencontre. Besos>>

NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant