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Cela faisait une semaine que j'avais été voir Noah, et étrangement, je n'avais pas eu le temps d'y retourner. En effet, pour la première fois depuis longtemps, j'avais retrouvé ma forme habituelle, mon inspiration et mon efficacité au travail. Mes gars s'étaient également rendu compte de mon évolution, et comme ils aimaient me répéter depuis quelques jours, je n'avais jamais été aussi bien depuis la mort de mon père. Je leur avais tout expliqué, à eux, mais surtout à ma mère et à ma soeur, qui étaient les personnes les plus concernées après moi par cette histoire. Elles avaient été heureuses, lors de mes explications. Heureuses pour moi, heureuses de voir que la dernière chose qui nous restait de notre père était en bonne santé, entre de bonnes mains.
Je n'avais donc pas été au foyer parce qu'en effet, lors de mes journées surchargées de mon travail à rattraper, je n'avais même pas pris le temps de réfléchir à cette histoire, de penser à Noah. Et pourtant, chaque soir de la semaine, lorsque je rentrai, tard et seul, dans mon immense appartement vide de compagnie, je ne pouvais m'empêcher de penser à sa présence, à elle.
C'est pour ça que ce matin là, alors que nous étions samedi et que les gars avaient dormis à la maison, je me préparais déjà à quitter l'appartement pour le foyer. Je voulais voir Claire tout d'abord, et peut être, je réussirai à voir Noah.
J'étais dans la cuisine, mangeant mon petit déjeuner rapidement, impatient, alors que j'entendais encore les ronflements des garçons dans les chambres avoisinantes, et Moh entrait, baillant négligemment et prenait son café avant de s'asseoir sur le plan de travail, face à moi.

- Tu vas quelque part ?

Je pouffais de rire devant la sur protection de Moh, et me levais, prêt à finir mon café.

- Ouais, je vais au foyer aujourd'hui.

Il relevait la tête de sa tasse pendant que je posais à ses côtés, contre le plan de travail. Il me tapait l'épaule, heureux, et même fier.

-Je suis content pour toi mec, tu fais du bon boulot, tu nous sors des dingueries. T'es redevenu toi.

Je lui souriais, je l'avais beaucoup inquiété ces derniers mois, et je ne pouvais m'empêcher de m'en vouloir.
Je prenais doucement une gorgée de mon café, réfléchissant aux nombreuses répercussions positives de cette histoire sur moi.

- Tu crois que je pourrais la rencontrer bientôt ?

J'avalais soudainement de travers et m'étouffais, pendant que Moh me tendais un verre d'eau, dans l'attente que je me calme.

- Mais t'es con ou quoi putain ?

Il me questionnait du regard, curieux.

- Je l'ai vu qu'une seule fois, et on s'est adressé trois mots, tu crois serieusement que ça suffit ? Déjà que moi je ne sais pas si ça se passera bien aujourd'hui, tu crois vraiment que je me sentirai capable de t'emmener avec moi pour la rencontrer ?

- Eh, calme toi mec, je proposais juste. Mais si tu veux la garder encore un peu pour toi et que vous developpiez une relation fraternel, ou je sais pas quel trux bizarre, t'inquiètes je te la laisse ta Noah.

A ces mots, je détournais le regard, et évitais le sien.

- Quoi ? Il observait attentivement mon attitude et brusquement, descendait du plan de travail. Ne me dis pas que tu lui as pas dis que t'étais son frère !

Je lui lançais un regard noir et me levais à mon tour, énervé face à son incompréhension à mon égard.

- Putain mais de quoi tu te mêles, Moh ? Quand tu parles comme ça j'ai l'impression que ça a l'air simple pour toi d'apprendre ça à une enfant ! Je m'arrêtais pour reprendre mon souffle et passais ma main dans mes cheveux, puis reprenais, plus calmement. Elle m'a à peine adressée la parole en trois heures, je pouvais pas, et je voulais pas.

- Bah si, c'est simple. Tu lui dis cash, "Salut, je m'appelle Ken, je suis ton grand frère, et je veux faire ta connaissance."

Je lâchais un rire purement nerveux, et jetais ma tasse dans le lave-vaisselle avant de me diriger vers la sortie de la cuisine. Je me retournais au dernier moment vers mon meilleur ami, et même s'il était clairement lourd et à l'ouest au sujet des enfants, je savais qu'il ne voulait que mon bien.

- Et Moh ? Il se retournait vers moi, s'arrêtant de marmonner dans sa barbe. Rappelle moi de ne jamais te laisser avoir des enfants.

Il souriait, comprenant que je ne faisais que blaguer. Certes, aujourd'hui il était encore trop peu mâture pour ce rôle, mais je ne doutais en aucuns cas de ses capacités dans quelques années. Mohammed était attentif, patient, et il comblait les siens de son amour.

Je quittais enfin l'appartement pour le foyer, et me rendait compte que petit à petit, ce trajet me paraissait de plus en plus long, et j'étais de plus en plus impatient qu'il se termine. J'avais hâte de me retrouver une nouvelle fois face à Noah, et peut être que je réussirai enfin à lui parler plus profondément, à ce qu'elle me parle d'elle, enfin. Mais la principale raison de ma venue au foyer était également en rapport avec Claire.
Les questions que je voulais lui poser aujourd'hui seraient cruciales pour moi, pour Noah, et pour mon futur. Je redoutais ses réponses, mais je me savais prêt. Prêt à entendre les vérités sur Noah, sur le but de mes visites et de mes nombreuses discussions avec Claire à ce sujet.
Mais, dans cette rame de RER direction Créteil, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une violente peur.
Parce que ce qui me rendait heureux ces derniers jours pouvait brusquement s'arrêter après cette conversation avec Claire.
Parce que je savais très bien qu'aujourd'hui, je ne pourrai me détacher de Noah, et que si on me le demandait, je retomberai immédiatement dans le fond de mes vices.

<< Bon, je vous poste ça au beau milieu de mes révisions de BAC (grosse galère les gars), j'espère que ça vous plaît, c'est un tout petit peu plus court que d'habitude.
Avec Amour>>

NOAHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant