Chapitre 9

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Dernier jour. Ce week-end est passé si vite. Il est neuf heures quand je me réveille. Je souffle longuement, me rendant compte que nous allons devoir reprendre la route ce soir. Je n'en ai pas envie. Maintenant que je ne vis plus ici, j'apprécie encore plus de revenir, j'ai l'impression d'être coupée de tout. Et ça me fait du bien. Énormément de bien. Ce soir je vais devoir retrouver mon autre chambre, mais surtout Libby, le lycée et ... le reste. Félix m'a envoyé un selfie de lui à la boxe, à nouveau. En me demandant ce que je faisais de mon week-end. Je lui ai répondu avec une photo de ma couette en lui disant que je fais ce que je sais faire de mieux : dormir. Daisy ne m'a rien envoyé depuis notre conversation dans la nuit de vendredi à samedi. Je n'ai pas envie de lui envoyer un message en premier, de peur de la déranger. Je repense à ce qu'a dit Ellie à son sujet. Qu'elle fait son intéressante. Elle ne la connaît même pas. Comment peut-elle dire ce genre de choses ? Au contraire, Daisy n'a pas mentionné sa sexualité avant que je tombe sur son drapeau aux couleurs LGBTQ+. Et pourquoi elle ferait ça après tout ? Il n'y a rien de fun à faire semblant d'avoir une autre sexualité.

Les jets brûlant coulent sur la poitrine, je garde la tête en arrière et ferme les yeux. Je pourrai y rester des heures. Mais ma mère tambourine à la porte en me rappelant qu'elle paye l'eau, alors je finis par en sortir. J'enroule ma serviette autour de ma poitrine et applique de la crème hydratante un peu partout sur mon visage.
— Lizzy ne va pas tarder, sois prête à temps, m'informe ma mère à travers la porte.
Je laisse glisser la serviette sur le sol et enfile mon jean et mon col roulé vert. J'allume le sèche-cheveux et branche mon lisseur. Je tourne mes mèches dans tous les sens pour leur donner un petit effet bouclés naturel et sort finalement mon mascara. Et voilà, en moins d'une demi-heure je suis prête. Lorsque je sors de la salle de bain, je retrouve ma petite sœur dans le couloir, démoralisée.
— Tu ne veux pas me faire une queue de cheval ? Maman est occupée.
Je tends la main pour qu'elle me donne sa brosse et lui demande de me suivre jusqu'à ma chambre.
J'ai toujours eu les cheveux assez courts, enfin jamais en dessous des épaules, alors tout ce qui est coiffure ça n'a jamais trop été mon truc. Mais je suis sûre que je vais me débrouiller.
— Libby, elle a toujours le temps pour me coiffer , dit ma sœur un peu triste.
Je lève les yeux et réalise qu'elle ne peut pas me voir.
— Libby est super, elle cuisine tout le temps des supers plats, il n'y a jamais une seule trace de poussière qui traîne, nos vêtements sont toujours repassés et elle a même le temps de toujours être sur son 31 c'est vrai.
Elle souffle.
—- Je suppose qu'il y a un « mais » ?
Elle me connaît si bien.
— C'est son truc, elle adore que tout soit parfait. Et je pense que si on le pouvait, on serait tous comme ça. Mais c'est comme ça qu'est Libby. Elle n'attend que de finir sa journée de travail pour s'occuper de la maison. Je suis sûre que si elle n'y était pas obligée, elle n'irait même pas à son travail pour passer plus de temps à nettoyer et cuisiner. Chacun son truc.
Je fais comme je peux pour plaquer les cheveux de ma sœur sur son crâne, comment elle arrive à gérer une telle épaisseur ? Nora n'est jamais là quand il faut.
— Et maman, c'est quoi son truc alors ?
Je grimace, réfléchissant.
— Maman son truc c'est sauver des gens.
Je ne peux pas la voir, mais je sais que June sourit.
— Elle aime son travail plus que n'importe qui et ça lui prend du temps. Donc forcément le temps qui lui reste elle préfère le passer avec nous qu'à cuisiner ou nettoyer. Et pourtant il fut un temps dont tu ne te souviens sûrement pas, mais quand papa est parti elle a dû tout gérer toute seule.
J'espère que ma petite sœur comprend un peu mieux.
— Nous aussi on a une super maman tu sais. Et elle aime bien l'entendre.
L'élastique est en place, je ne touche plus à rien. June se tourne vers moi.
— Oui c'est vrai qu'on a une super maman.
Je lui propose d'aller se voir dans le miroir, espérant qu'elle ne me dise pas que je suis un pied en coiffure.
— Ça fait l'affaire, dit-elle depuis la salle de bain.
Je me contenterai de ça alors.

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