Fix me

Chapitre 28

À : Félix.
Quand est-ce que tu auras le droit de reprendre la boxe ?

Il me répond qu'il a repris ce week-end et que ça lui a fait du bien, il se sentait déjà rouiller. Je pose la question fatale.

À : Félix.
Et Edward ?

Il met quelques minutes à me répondre, j'en profite pour aller dans ma chambre et m'allonger.

De : Félix.
Il est vachement sec avec moi ces derniers jours, je prends sur moi pour pas l'envoyer chier mais ce n'est pas simple.

Ça y est j'angoisse, je lui conseil de se faire tout petit et décompte les jours avant ses dix-huit ans pour l'encourager. Il sait que je pense qu'il devrait tout raconter à sa mère mais il ne démord pas et attend juste de pouvoir partir. Nora me tire de mes pensées en entrant dans ma chambre, Scott est revenu de chez ses parents et discute avec Éric en cuisinant. Elle s'est dit qu'elle pouvait profiter de ce moment pour passer un peu de temps avec moi. Je regarde ma sœur être ce qu'elle a toujours été, belle, énergique, aimante. Elle n'a pas changé d'un poil, mise à part qu'elle travaille maintenant pour un grand journal américain et pourtant j'ai l'impression qu'aucune de nous n'est là même qu'à l'époque où nous vivions tous ensemble.
— C'est fou comme les choses ont changés en si peu de temps, finis-je par dire, il y a quatre ans tu partais faire fille au pair en Australie pour un an, papa et maman étaient encore mariés, June ne parlait presque pas, Lizzie était tout juste fiancée et je croyais être hétéro.
La dernière phrase fait rire ma sœur.
— Qu'est-ce qui arrivera dans cinq ans ?
Ma sœur s'étale sur mon lit et regarde le plafond en souriant.
— Lizzie aura sûrement un enfant, ou deux. June entrera dans l'adolescence. Tu auras fait ton coming out...
Je me crispe à ces simples mots.
— Tu crois que je devrais le faire ?
Nora tourne la tête vers moi.
— Ce n'est pas à toi de prendre la décision, personne ne peut le décider à ta place.
Je me souviens du soulagement que j'ai ressenti quand Nora m'a avoué le savoir, et quand je l'ai dit à Félix et Daisy. J'ai l'impression que mon cœur devient plus léger à chaque fois.
— J'ai peur tu sais, avouais-je.
Nora prend ma main.
— Fais-le au moment où tu te sentiras le plus aimé et le plus en sécurité. Personne ne t'oblige à rien. On t'aime et on t'aimera toujours tu sais ?
Je ravale des larmes de joie et rit pour cacher mon émotion. Je m'approche de ma sœur et la remercie. Un long silence s'ensuit.
— Scott et moi, on va déménager, lance-t-elle de nulle part.
J'ouvre les yeux.
— Ah oui, où ça ?
Un petit sourire se dessine sur son visage.
— Vers Santa Monica.
J'écarquille les yeux et me retient de hurler.
— Tu veux dire à une heure d'ici ?
Elle hoche la tête en ajoutant « à peine une heure ». Je me redresse en essayant de réaliser ce que ça signifie.
— Tu veux dire qu'on pourra se voir plus que trois fois par ans ? Qu'il n'y aura plus de décalage horaire ?
Elle acquiesce à nouveau, fière d'elle.
— On devait vous l'annoncer maintenant mais je tenais plus, c'est prévu pour cet été.
Je lance des jurons de joie et m'allonge à nouveau.
— C'est clairement la meilleure nouvelle de l'année.
Nora m'explique qu'ils commençaient un peu à se lasser de New-York et que le décalage horaire et la route devenait insupportable pour eux au niveau des relations familiales. Elle me fait ensuite promettre de ne rien dire à personne et sort de ma chambre pour aller aider les garçons en cuisine.

Ma mère doit arriver pour midi pile, Éric emballe le dernier cadeau et moi j'accroche les ballons sur lesquels sont écrit « joyeux anniversaire ». Parfois je me dis qu'il en fait trop, puis je me rappelle que ma mère ne mérite pas moins. On se hâte tous avant qu'elle arrive pour tout préparer. Lizzie doit arriver d'ici une demi-heure aussi. Éric nous libère pour que nous allions nous préparer. Je file dans ma chambre et enfile une jupe et un petit haut noir. J'ai envoyé un message à Félix il y a une heure il n'a pas encore répondu. Il doit probablement s'être rendormie. Nora débarque dans ma chambre vêtue d'une jolie robe jaune fleurit, ses cheveux sont trait d'eye-liner est parfait, comme toujours.
— Il faut qu'on prenne une photo, lance-t-elle.
Elle fait un immense sourire et moi une grimace qui se veut être mignonne.
— Parfait, je poste ça de suite.
Une seconde plus tard, la photo apparaît dans mon fil d'actualité. Je clique sur « partager dans ma story » et la publie. Scott frappe à ma porte et entre.
— Lizzie est là, informe-t-il.
Nous descendons tous les trois jusqu'au salon pour effectivement voir ma sœur aînée, un gros cadeaux entre les mains.
— J'ai fait le plus vite que j'ai pu pour être là à l'heure.
Éric lui assure qu'elle arrive pile au bon moment. Sean, le mari de Lizzie est là aussi, toujours aussi bien vêtu et coiffé, lui et ma sœur forment vraiment le couple parfait comme on pourrait en voir dans les magazines. Nora la salue et la complimente sur ses nouvelles chaussures. Rien ne lui échappe jamais quand il s'agit de vêtements.
— Vous êtes si rarement réunis, lance Éric, et si on faisait une photo de vous quatre !