Chapitre 39

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Félix est venu me dire qu'Edward avait récupéré toutes ses affaires samedi matin et que sa mère avait décidé de prendre quelques semaines de congés. Elle passe son temps à s'excuser et à pleurer chaque fois que Félix commence à lui raconter ce qu'il se passait. Elle se sent tellement coupable qu'il a l'impression qu'elle ne se pardonnera jamais alors qu'elle n'a rien fait de mal. Il a un rendez-vous chez un psy une fois par semaine. Il était un peu réticent mais il a fini par comprendre que c'était pour son bien. Il a aussi juré de ne plus jamais toucher de drogue, peu importe la forme sous laquelle elle se présente. Il est allé parler à Madame Wood aussi, il l'a remercié et lui a dit que tout était arrangé. Je le sens beaucoup mieux, il est enfin libre. Il a décidé d'arrêter la boxe. En tout cas pour l'instant. Il ne sait plus si c'est vraiment sa passion ou si c'était uniquement la pression d'Edward qui le poussait à s'entraîner. L'histoire pourrait se finir comme ça. Félix est enfin libre, ma sœur a décidé de revenir sur ce qu'elle ressentait vis-à-vis de moi, une partie de ma famille est au courant pour ma sexualité. Ce n'est pas un happy ending mais ça pourrait être suffisant. Mais nous voilà, tous les dernières années dans la salle de regroupement pour notre week-end à Los Angeles. Monsieur Colman, trois enseignants et Tobias nous accompagnent. Oui, moi non plus je ne sais pas ce qu'un agent d'administration fait avec nous pour une sortie culturelle mais j'imagine qu'il avaient besoin d'accompagnateurs. Ils collent les feuilles sur lesquelles sont inscrits les noms de nos camarades de chambre pour l'hôtel. À quelques mètres de moi, Daisy, qui m'ignore toujours. Tout d'un coup je pense à quelque chose de stupide : il me faut un signe. Un dernier signe que Daisy et moi c'est bel et bien fini. Qu'il n'y aura pas de suite. Je réfléchis à n'importe quoi, puis me rapport aux feuilles sur le mur. Si nous partageons la même chambre c'est qu'il y a encore une chance, une infime chance. Je m'approche, un espoir naissant puis cherche mon nom.
« Sacha Anderson, Mary Sobbs, Jane Altman ». Je suis un peu déçue, même si la chance pour que sur les centaines d'élèves nous nous retrouvions ensemble était quasiment nulle j'avais un petit espoir. Je prends ma valise et retrouve Félix qui se réjouit de savoir qu'il se trouve dans la chambre d'Arthur et d'un autre type qu'il ne connaît pas. Donc, lui il peut se retrouver avec son meilleur ami par pur hasard mais moi mes derniers espoirs avec Daisy se trouvent anéantis. Au moins c'est clair. Le signe que je voulais est là.
— Montez dans les bus et inscrivez vos noms sur les feuilles prévues à cet effet.
Félix se charge de mettre nos deux valises dans la soute du bus et nous voilà très vite assis l'un à côté de l'autre. J'ai réussi à négocier pour être côté fenêtre, je déteste les voyages en bus.

J'ai passé l'heure à écouter de la musique dans mon casque en regardant le paysage par la fenêtre. Félix étant trop occupé à discuter avec Jamie qui était derrière nous. Cette heure est passée plutôt vite et nous voilà déjà devant notre hôtel.
Le hall est maintenant rempli de dernière années, monsieur Colman nous explique la marche à suivre : Nous allons d'abord retrouver nos chambres et poser nos affaires. Il nous laisse une petite demi-heure de pose et nous devons tous nous retrouver ici pour aller à l'observatoire. Il nous expliquera la suite arrivés sur place. Tobias s'occupe de distribuer les cartes pour ouvrir les portes de nos chambres. J'ai trouvé Jane mais Mary ne se montre pas. Tobias décide alors de nous laisser monter sans elle et nous informe qu'il l'enverra en temps venu. Je suis ma nouvelle colocataire jusqu'à l'ascenseur. Elle parle peu mais à l'air très sympa.
— Tu ronfles ? Dis-je pour briser la glace.
Elle ne sait pas si je plaisante ou non, alors je précise que ce n'est pas mon cas mais que ça ne me gênerait pas de toute façon.

— Non, je ne ronfle pas, promis, me dit-elle en souriant.
Nous arrivons au troisième étage, Jane regarde les nombres inscrits sur les portes et me guide jusqu'à notre chambre. Elle ouvre la porte et nous y voilà. Trois lits simples se présentent à nous. Les couvertures sont d'un joli vert pâle et les meubles sont vraiment modernes. Encore une fois le lycée ne s'est pas foutu de nous. Jane choisit son lit, juste à côté de la salle de bain.
— Je me lève très souvent la nuit pour faire pipi, précise-t-elle en ouvrant sa valise.
Je prends le lit vers la fenêtre et m'allonge directement dessus sans prendre le temps de défaire mes affaires.
Une quinzaine de minutes plus tard, quelqu'un frappe à la porte. Jane lance un « entrée » timide. Tobias s'avance vers nous, nous informant que Mary n'est pas venu car elle était malade. Mais qu'il l'avait remplacé par une autre élève qui devait dormir dans une chambre de quatre. Je ne cache pas ma surprise en voyant Daisy entrer. Elle non plus ne s'attendait pas à me voir et elle montre sa déception. Je sens un froid directement s'installer entre nous et je regrette avoir souhaiter qu'on se retrouve dans la même chambre. Je ne sais pas pourquoi je m'obstine a toujours espérer quelque chose alors que je me suis moi-même rendu compte que ça n'avait aucun sens et qu'on se faisait plus de mal qu'autre chose. Et pourtant.
Daisy a elle aussi déballé sa valise et Jane et elles ont commencé à sympathiser. Quant à moi je suis restée dans mon coin, à charger mon portable et envoyer une dizaine de messages à Félix pour lui dire que Daisy était ma nouvelle colocataire.

Fix meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant