Chapitre 32

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J'ai très mal dormi cette nuit. Partager entre les souvenirs agréables de mon dernier échange avec Daisy et la réalité qui me rattrape encore et encore sur le fait qu'elle ne fera jamais de choix (ou qu'il ne sera pas le bon d'après moi). Je préfère laisser tomber plutôt qu'avoir mal, c'est décidé. Je ne vais pas commencer par me faire balader par la première jolie fille que je rencontre -même si elle est très intelligente en plus d'être jolie- sinon je n'en aurais jamais fini. Alors je lâche prise, c'est définitif. D'accord, je n'y crois pas vraiment moi-même, dès la minute où je vais croiser à nouveau son regard je vais encore oublier tout ce que je m'étais promis et retomber dans ses filets. Je le sais. Mais au moins l'intention y est.
Félix ne répond pas à mes messages, il doit être en train de passer le temps qu'il lui reste avec sa mère. Je lui envoie un pavé, lui racontant ma journée d'hier avec Cathy et le fait qu'elle ne soit pas si terrible que ça finalement. Puis je lui parle de la scène de jalousie que m'a fait Daisy et de notre nouveau baiser et je sais qu'il va me dire de persévérer. Il pense qu'il ne faut jamais laisser tomber quelque chose à laquelle on tient vraiment, même si c'est dur, même si c'est long. Si on y tient c'est que ça vaut le coup.
Ma journée de cours est terminée, elle fût à nouveau très longue et ennuyeuse maintenant que je réalise que Félix et Daisy étaient finalement mes seuls amis.
Je suis dans ma chambre en train de réviser. Pour une fois je ne m'y prends pas à la dernière minute et c'est un grand pas pour moi. Je n'ai presque pas vu Cathy aujourd'hui seulement en rentrant des cours et même à ce moment elle est restée assez silencieuse et distante. En tout cas, elle part ce soir et dès la fin de mes devoirs je pense aller la voir et lui proposer de regarder un film ensemble où d'aller marcher au parc le plus proche, histoire de la voir une dernière fois avant un moment.
Je ferme mon bouquin, des maths plein la tête. Je déteste ça et je ne comprends toujours pas ce qu'il m'a pris de prendre un cours d'algèbre. Je garde ça pour plus tard. Je regarde l'heure, il est presque dix-neuf heures. Je m'étire et rejoint la chambre d'amie où ma demi-sœur séjourne, mais elle est vide. Curieuse, je descends les marches. J'entends la voix de Libby, furieuse, qui s'adresse à mon père. Mais sa colère ne s'adresse pas à lui, non, j'entends mon prénom. J'hésite à rebrousser chemin et remonter dans ma chambre comme si de rien était. Mais je suis curieuse, qu'est-ce qu'elle peut bien encore me reprocher dans mon dos ? Alors j'entre dans le salon, quitte à qu'on parle de moi autant que je sois au courant. C'est là que je suis abasourdie par ce qu'il se passe devant mes yeux. Cathy est debout derrière sa mère, droite comme un piquet tandis que ma belle-mère brandit deux objets m'appartenant aux nez de mon père : le t-shirt que j'ai volé hier et le paquet de cigarette qui se trouvait dans ma voiture. Je cherche une explication logique à tout ça. Mais lorsque je croise le regard de Cathy, je comprends tout. Tout ça n'était qu'une énorme mascarade. Et voici son vrai visage.
— Sacha, tu peux m'expliquer ? Demande mon père confus.
Ils se tiennent tous les trois face à moi, mon père ne comprend pas, Libby est en colère et Cathy me lance un regard mesquin, fière d'elle.
— C'est...
Et je réalise que ça ne sert à rien de mentir, Cathy est bien meilleure que moi à ça. Si elle est capable de se faire passer pour la petite fille parfaite depuis des années, si elle a su me rouler comme elle l'a fait hier. Libby ne me croira jamais, et encore moins mon père. Je suis prise la main dans le sac, ça ne sert à rien de lutter.
— C'est à moi.
Libby explique que j'ai volé le t-shirt hier, bien que Cathy m'ait supplié de ne pas le faire en m'expliquant toutes les répercussions que ça aurait. Cathy hoche la tête, faussement victime du plan qu'elle a elle-même entrepris. Elle n'est pas mauvaise, elle est pire que ça, elle est machiavélique.
— Et elle m'a dit avoir trouvé ça dans la voiture de ta fille ! Elle ne voulait rien dire mais elle s'est rendu compte que Sacha était une très mauvaise fréquentation et qu'elle ne pouvait pas se taire.
Discrètement, ma demi-sœur me lance un sourire en coin : sale garce. Le pire dans tout ça, c'est que mon père avale tout et m'énonce toutes les choses dont je serai privé dans les jours à venir ainsi que la surveillance qui sera entrepris à mon égard et bien évidemment le fait que je ne devrais plus jamais toucher une cigarette de ma vie. Je hoche seulement la tête, sans rien dire, j'ai la mauvaise place, quoi que je dise je serais coupable de toute façon. J'ai envie d'applaudir Cathy. Qu'on se le dise c'était une performance remarquable. Sa vie entière est un jeu de rôle parfaitement maîtrisé.
— Maintenant va dans ta chambre.
Je pense à la façon dont je pourrais me venger, trouver de la drogue et la glisser dans son sac avant qu'elle ne parte et qu'elle se fasse arrêter à l'aéroport, balancer de fausses rumeurs sur elle. Puis je réfléchis et je réalise que rien de tout ça ne me soulagerait. Elle doit être tellement malheureuse à ne jamais être elle-même. Et je sais ce que c'est. Sauf qu'elle sait très bien que sa propre mère ne l'accepte pas si elle n'est pas celle qu'elle prétend être chaque jour. Finalement j'ai de la peine pour elle.
Je suis quand même en colère, de m'être fait avoir comme ça. Je n'y ai vu que du feu. J'essaie d'imaginer qu'il y avait un peu de sincérité en elle, j'ai vraiment cru qu'elle était sympa et à vrai dire j'ai vraiment passé un super moment avec elle.
Le reste de la soirée passe à une lenteur pas possible. Je tourne encore et encore dans mon lit en repensant à la trahison de Cathy. Félix me répond, enfin mais depuis mon message de ce matin tout a changé, Cathy n'est plus la fille super gentille que je suis heureuse de connaître, non, c'est une garce, une petite peste et je la déteste. Il m'envoie un tas d'emoji qui pleurent de rire.

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