Chapitre 36

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Je suis allongée à côté de Félix. Il s'est endormi. Je n'ai pas voulu m'endormir avant lui. De peur qu'il sorte de la chambre où qu'il veuille vomir à nouveau. Je lui ai posé une bassine à côté de son lit, juste par précaution et suis partie me coucher.
Je me glisse sous ma couverture, pose la tête sur mon oreiller et des larmes commencent à couler le long de mes joues pour venir s'écraser sur mon oreiller. Je ne sais pas si c'est la fatigue mais j'ai tout un tas d'émotions qui arrivent. Et pour en rajouter je repense à tous les trucs tristes possibles : Lizzie qui ne m'accepte pas, mon père qui n'est pas au courant de ma sexualité, Cathy qui m'a planté un couteau dans le dos, Ellie qui n'est plus dans ma vie, ce que Félix vit chez lui et finalement Daisy.

Un poids lourd vient s'allonger à côté de moi, j'ouvre un œil pour voir Félix à peine réveillé se glisser sous ma couverture.
— Ce n'est pas ta chambre, dis-je d'une voix douce.
Il me répond que June n'arrête pas de venir le voir et qu'il a encore sommeil. Je prends mon portable, il n'est que sept heures et demie. Je me frotte les yeux, ils sont probablement gonflés d'avoir trop pleuré. Je me lève et me traîne jusqu'à la salle de bain pour constater que je ressemble à une personne morte.
— Oh putain.
Je passe un coup de brosse dans mes cheveux, me nettoie le visage et me brosse les dents. Je descends ensuite vérifier que tout va bien pour June et surtout lui demander d'arrêter de harceler Félix. Mon père apparaît dans le salon, un café à la main.
— Je dois aller en cours j'imagine, dis-je grincheuse.
Mon père secoue la tête.
— J'ai dit que tu avais la gastro, ça ne se guérit pas en si peu de temps.
Je souffle, soulagée de ne pas avoir à retourner au lycée aujourd'hui. Arthur a dit à Félix qu'il avait de la chance d'avoir une amie comme moi pour sécher les cours afin qu'il ne soit pas seul. Félix a répondu qu'il était vraiment très chanceux en effet. Je remonte ensuite dans ma chambre pour voir que Félix est finalement réveillé. Les bras derrière la tête, il regarde le plafond, quelque chose cloche.
— J'ai fait n'importe quoi hier, souffle-t-il.
J'acquiesce et m'assied à côté de lui.
— Tu étais debout sur la table, torse nu.
Il ouvre grand les yeux et s'apprête à rire avant de réaliser.
— Est-ce qu'Arthur a posé des questions sur mes bleus ?
Pas vraiment en réalité.
— Il doit penser que ça vient de la boxe.
Il sert la mâchoire et ferme les yeux.
— Félix.
Il tourne la tête vers moi, innocemment. Ses yeux bleus innocents rencontrent les miens.
— Tu as pris de l'ecstasy.
J'attends une réaction de sa part, quelque chose qui me ne le refera plus. Quelque chose qui me dit qu'il regrette totalement son geste. Mais à la place il sourit, gêné comme si j'avais dit quelque chose de complètement stupide.
— Est-ce que ça t'est arrivé souvent ?
Il secoue la tête et se redresse pour s'étendre.
— Non. C'était la première fois, relaxe.
je me remémore ce qu'Arthur à dit hier soir sur le fait que ce n'était pas la première fois qu'il se mettait dans ces états. Mais peu importe ce que je dirais, Félix ne voudra pas m'en dire plus. Alors je me détends et lui demande s'il a faim.
— Évidemment que j'ai faim.
Mon père ne rentre pas de la journée, il n'a pas le temps de prendre sa pause. Alors on a mangé en tête à tête : Félix et moi. Félix est reparti faire une sieste et moi je suis allé bosser sur mes devoirs. Mon portable vibre, le prénom de Daisy s'affiche.

De : Daisy.
Tu étais dans un bar gay hier ?

Je quitte directement la fenêtre du message. C'était sûre qu'Arthur allait lui dire, mais pourquoi est-ce qu'elle m'en parle ?

De : Daisy.
Alors tu es vraiment passée à autre chose ?

Je ne réponds toujours pas. J'en ai assez de cette relation stupide qui ne mène à rien. Je ne vois pas ce que ça peut lui faire que je sois allé dans un bar gay, je ne vois pas pourquoi elle s'obstine à m'envoyer des messages non plus. Elle est avec Arthur, ils s'aiment tous les deux et je n'aurais jamais dû rentrer dans leurs vie. Félix arrive en trombe dans ma chambre, paniqué.
— Ma mère m'a appelé genre cinq fois, elle m'a envoyé sept messages me demandant où je suis et elle a dit que si je ne répondais pas elle appelait les flics.
J'essaie de le calmer.
— Détends toi, elle doit être rentrée plus tôt et s'inquiète c'est tout.
Je lui conseille de dire à sa mère qu'il est ici, ça sera le moment idéal pour tout lui avouer.
— Oui t'as raison, je vais lui dire que je suis chez une amie et si elle me demande pourquoi je lui dirai la vérité.
Il tape si vite sur son portable qu'il lui glisse des mains et qu'il tombe sur la moquette.
— Félix, tout va bien, dis-je d'une voix calme.
Il prend une grande inspiration et fait les cent pas. Son portable vibre :

Fix meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant