Chapitre 18

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Félix est sous la douche. Il part dans une grosse demi-heure. Libby et mon père ne seront là qu'en fin d'après-midi, mais j'ai préféré prendre des précautions. J'ai demandé à Félix s'il était sûr que ça allait. Qu'il pourrait rentrer sans soucis. Il m'a dit qu'il comptait passer l'après-midi chez Arthur et qu'il passait chercher sa mère à l'aéroport ce soir de toute façon. Je ne suis pas rassurée. Il m'a dit que ça n'arrivait pas tous les jours, ce que son beau-père lui fait ce sont plus des petites choses au quotidien, des remarques, des leçons de vie reloues. Il a même ajouté qu'il lui arrivait d'être super cool. Je trouve qu'une fois c'est déjà trop et qu'il ne devrait pas s'accrocher à ces moments de paix. Mais il ne m'écoute pas. Alors je le laisse tranquille, pour l'instant. Sa mère sera là pendant deux semaines, il pourra être tranquille. Félix descend les marches, son sac de sport sur le dos.
— T'as un parapluie ? Il pleut, fis-je remarquer.
Il lève les yeux en me traitant de mère poule. C'est l'effet Libby. Les yeux de Félix s'écarquillent lorsqu'il entend un bruit à la porte. Je fais volte face en entendant la voix de mon père. Je réfléchis à un endroit où cacher Félix, mais c'est trop tard. Mon père vient de passer la porte. Suivie de ma belle-mère et de ma petite sœur. Mes parents nous regardent tous les deux. Mon père à un air sévère, je sais qu'il déteste que je désobéisse. Libby, quant à elle, demande à June de se déchausser et d'aller dans sa chambre. Ma petite sœur doit sentir que je suis dans de beaux draps car elle passe sans demander qui est Félix. Je ne pense qu'à une chose : Je suis morte.
— Bonjour monsieur Anderson, dit Félix en avançant sa main vers mon père.
Mais à quoi il joue ?
— Je m'appelle Félix, je suis l'ami de Sacha.
Mon père lève un sourcil, évidemment il n'en croit pas un mot. Et pourtant c'est vrai, Félix n'est qu'un ami, j'aime les filles. Mais ça je ne peux pas lui dire. Félix rit. Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
— Je crois qu'il y a méprise, on est vraiment ami avec Sacha, insiste-t-il, elle n'est pas vraiment mon genre si vous voyez ce que je veux dire.
Quoi ? Il ponctue sa phrase d'un clin d'œil. Est-ce qu'il vient de dire à mon père que j'étais trop moche pour lui ?
— Je suis plutôt de l'autre bord quoi, précise-t-il en voyant que mon père ne comprend pas ce qu'il a voulu dire.
Oh non, j'ai envie de me cacher et de ne pas être ici. Est-ce que Félix vient vraiment de prétendre être homosexuel ? Je m'apprête à raccompagner Félix jusqu'à la porte avant le jugement dernier mais mon père se détend instantanément.
— Oh, pardon mon garçon, je n'avais pas compris.
Il y a cru ! Félix me sourit, fier de nous avoir sauvé la mise. Très drôle de faire croire à mon père qu'il est gay alors que je suis incapable de lui dire que je le suis vraiment et Félix en joue. Quel abruti.
— D'ailleurs je vais chez Arthur, mon petit ami , donc ravi de vous avoir rencontré, dit-il en les dépassant.
Je fais signe que je le raccompagne à la porte. Libby ne dit rien et prend les valises qu'elle amène dans la chambre et mon père l'accompagne.
— Tu es un abruti ! Dis-je à voix basse.
Il enfile ses chaussures.
— Un abruti qui nous a sauvés. Et remercie-moi, au moins tu pourras prendre la température en ce qui concerne ce qu'ils pensent de l'homosexualité.
Je lève les yeux.
— Il y a une différence entre juger un inconnu et sa propre fille Félix.
Il hausse les épaules.
— Je mérite quand même un remerciement.
Je fais semblant d'être en colère et lui ferme la porte au nez. Je l'entends rire de l'autre côté.
Mon père apparaît à nouveau dans le hall. J'essaie de voir s'il est en colère en lui demandant pourquoi ils sont de retour si tôt.
— Il pleuvait trop, on n'allait passer l'après-midi enfermés donc on a préféré rentrer plus tôt.
J'engage à nouveau la conversation en demandant comment le week-end s'est passé. Libby sort de la chambre et s'extasie en insistant sur le fait que c'était génial et qu'elle aimerait refaire ça dès le mois prochain. Mon père la calme en disant qu'avec le temps qui va se dégrader ils devront au moins attendre le printemps. Je réalise très vite qu'ils ont déjà oublié Félix.

Fix meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant