Chapitre 31

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Je viens de terminer ma journée de cours. J'ai réussi à éviter Daisy un maximum. Mes journées sont vraiment longues sans Félix, je lui ai envoyé un message pour lui dire qu'il ne restait plus qu'une semaine avant son retour. Il m'a répondu avec humour qu'il adorait ses longues vacances et qu'il n'hésiterait pas à frapper à nouveau un homophobe s'il en avait l'occasion. Cathy vient d'entrer dans ma chambre, j'avais presque oublié la fameuse sortie que nous devions faire aujourd'hui.
— Je finis de mettre mon gloss et j'ai fini.
Je me lève de mon lit et la scrute.
— Pourquoi tu mets tout ça ? On va juste au centre commercial.
Elle referme son gloss et s'admire dans le miroir.
— Ça me fait me sentir belle, j'ai plus confiance en moi comme ça.
J'imagine la taille de sa trousse de maquillage. La mienne ne contient qu'un mascara et un baume à lèvres.
— Tu ne te fais jamais super belle sans aucune raison ? Dit-elle surprise.
— Non. Chaque fois que je me fais belle, c'est pour un événement particulier.
Cathy me jauge.
— Tu veux essayer ? Propose-t-elle.
J'hésite une minute et hausse les épaules, après tout pourquoi pas.
— Ok, mais un truc léger.
Elle est ravie que j'accepte et m'entraîne jusqu'à la salle de bain. Elle fonce ensuite dans le bureau chercher une chaise pour que je m'assoit. Elle me met dos au miroir et regarde mon visage un moment avant de commencer. C'est plutôt agréable en fait de se faire chouchouter comme ça. Je la sens appliquer des fards sur mes yeux, de l'eye-liner et me crève presque un œil avec son mascara.
— Ne bouge pas ! Râle-t-elle.
Une dernière touche de blush sur les joues et le tour est joué. Elle m'autorise à me lever de ma chaise et à me regarder. Je m'inspecte, tout d'abord surprise. Elle a respecté ma demande : c'est léger. Elle a mis un fard marron et un très d'eye-liner fin avec une jolie virgule. Elle a eu la main légère sur le blush et le mascara avec lequel elle a failli me rendre aveugle valait le coup.
— On peut faire tes cheveux si tu veux, propose-t-elle dans la lancée.
Je refuse gentiment, on va finir par ne plus sortir si ça continue.
— On va essayer de sortir avant la nuit déjà.
Elle regarde l'heure amusée et range sa trousse de toilette.

Nous descendons prévenir nos parents que nous allons nous balader. Mon père nous souhaite de nous amuser, heureux que Cathy et moi nous entendions si bien.

Arrivée au centre commercial, je montre d'abord mes boutiques préférées à Cathy. Elle s'achète une paire de bottes et un collant. Je flâne à travers les rayons avant d'avoir un gros coup de cœur sur un top magnifique. Il est bleu marine, à manches mi longues et dos nus. Cathy me voit fixer le vêtement en question et prend la pièce entre ses mains.
— Il t'irait vraiment bien, lance-t-elle.
Je regarde le prix et mes espoirs s'envolent directement. Elle lève les yeux et me tend le haut.
— Va au moins l'essayer.
Je m'exécute et entre dans la cabine d'essayage. Je retire mon pull et enfile ce haut qui me va parfaitement bien.
— Alors ? Demande Cathy de l'autre côté du rideau.
Je sors de la cabine pour lui montrer.
— Il est beaucoup trop beau pour que tu ne le prennes pas !
Je regarde à nouveau l'étiquette.
— Je peux pas, il est trop cher !
Elle regarde autour d'elle et après avoir vérifié que personne ne nous voyait, elle entre dans la cabine.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Elle sort un ciseau de son sac et coupe l'étiquette du top.
— Mais t'es malade !
Cathy me dit de chuchoter.
— Mais il y a d'autres anti-vol, je vais me faire avoir !
Elle secoue la tête.
— Je connais très bien les techniques, si tu sonnes tu as juste à dire que tu portes un nouveau jean et que tu as déjà sonné en rentrant, ils n'y verront que du feu dans un magasin si grand.
Je ne suis pas du tout partante, j'ai une boule au ventre à l'idée de me faire chopper. Mais Cathy est tellement sûre d'elle que je finis par céder. Je remets mon débardeur par-dessus le top et enfile finalement mon pull par-dessus le tout. Cathy prend l'étiquette sur laquelle se trouve l'antivol.
— Le secret c'est de perdre ça entre les vêtements, s'ils le trouvent dans la cabine ils vont se poser des questions.
Elle le met dans son sac et sort comme si de rien était. J'attends une petite minute avant de la suivre. Elle balance l'antivol dans une pile de jean et me demande d'avoir l'air naturelle. Comment veut-elle que j'aie l'air naturelle alors que je viens de voler un truc qui vaut le double de tout ce que je porte sur moi ? Elle finit par payer son collant et ses chaussures, l'attente me fait angoisser encore plus. Et lorsque je passe les portes de la boutique sans sonner je sens un immense soulagement me submerger, suivie d'une envie irrépressible de partir et ne plus jamais revenir.
— Mademoiselle ! interpelle soudain un vendeur.
Mon cœur bat à mille à l'heure, je suis prête à tout avouer, à pleurer en les suppliant de ne pas appeler mes parents.
— Vous avez oublié votre ticket de caisse, dit-il en tendant un bout de papier à Cathy.
Elle le remercie poliment et fourre le papier dans son sac. Il cherchait une excuse pour attirer l'attention de Cathy, c'est flagrant.
— Est-ce qu'on peut partir ? Dis-je angoissée.
Cathy éclate de rire.
— Tu veux dire que c'est la première fois que tu fais ça ?
Bien sûr et c'est aussi la dernière, je suis tellement angoissée que je suis sûre que je vais en faire des cauchemars.
— J'ai passé mon adolescence à voler des trucs dans les magasins, comment tu crois que j'ai autant de maquillage ?
Alors parfaite Cathy se révèle finalement être l'inverse totale de ce que je pensais qu'elle était.
— Évidemment ma mère pense que mon père m'achète tout ça, et mon père pense que ma mère le fait. Ils n'imaginent pas une seconde que je sois autre chose que leurs parfaite petite fille qui a des super notes et des fréquentations très recommandables. Même s'ils en avaient la preuve, ils n'y croiraient pas.
Cathy est donc une très bonne menteuse. Je pense qu'avec une mère comme Libby c'était évidemment qu'elle allait finir comme ça : à devoir cacher des choses à ses parents et faire des coups en douce. Est-ce qu'on peut vraiment lui en vouloir ?
Elle me propose de boire un chocolat avant de rentrer. J'hésite un moment, après tout s'ils devaient m'avoir grillé ils l'auraient fait avant ? Je me laisse tenter et la suit jusqu'au Starbucks store à quelques pas de notre boutique. Elle commande un cappuccino et moi un chocolat, toujours un chocolat.
— Je repars demain, lance-t-elle soudainement.
J'écarquille les yeux, déçue.
— Quoi ? Tu ne devais pas rester la semaine ?
Elle m'explique qu'un de ses examens a été avancé et qu'elle doit repartir plus tôt que prévu.
— Ta mère doit être super triste.
Elle rebondit immédiatement sur ce que je viens de dire en expliquant que Libby veut quand même profiter d'elle et qu'elle va venir chez elle à la place.
— La bonne nouvelle pour toi, c'est que du coup elle va passer la semaine chez moi.
Je fronce les sourcils, ne voyant pas pourquoi elle fait cette remarque.
— Oh je t'en prie, je sais que tu n'aimes pas ma mère. Mais ce n'est pas grave, elle a son caractère, tout le monde ne peut pas l'apprécier.

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