Chapitre 40

43 3 0
                                    

Nous voilà à nouveau dans la chambre toutes les trois. Il est presque vingt et une heure et Jane vient de sortir de la douche, je suis en pyjama en train de me démêler les cheveux sur mon lit et Daisy lit un livre déjà prête à aller dormir. Jane sort de la salle de bain en serviette et prend son pyjama. Tobias frappe à notre porte et entre en se cachant les yeux pour être sûre de ne déranger personne.
— Vous êtes visibles ?
Daisy rit et lui assure qu'il peut ouvrir les yeux. Il est néanmoins un peu gêné de voir Jane en serviette et détourne le regard.
— Le couvre-feu est dans une demi-heure, vous devrez rester dans vos chambres et surtout dans l'hôtel.
Nous lui assurons avoir bien compris et il repart, nous souhaitant bonne nuit. Jane retourne dans la salle de bain et enfile son pyjama avant de venir nous souhaiter bonne nuit.
— Attends, tu vas où ? Demande Daisy.
Jane se souvient n'en avoir parlé qu'à moi et lui explique qu'elle rejoint son petit copain.
— Oh, ok.
Jane nous lance qu'on pourra alors faire connaissance avec Daisy. Daisy ne répond pas et je me retiens de rire.
— Bonne nuit Jane, dis-je en souriant.
Elle passe la porte et Daisy se replonge dans son livre. Je déteste la tension qu'il y a entre nous et je n'ai pas envie de rester comme ça jusqu'à notre retour dimanche après-midi.
— J'ai fait mon coming out, dis-je soudainement.
Avec tout ça je n'avais même pas eu l'occasion de lui dire. Elle ne lève pas le nez de son livre mais je sais qu'elle a arrêté de lire.
— Ah oui ?
Au moins elle me répond.
— Enfin, que du côté de ma mère. Mon père et Libby ne sont pas encore au courant.
Elle joue la désintéressée mais je sais que ses lèvres sont brûlantes de questions alors j'y répond directement.
— Ça s'est plutôt bien passé, à part avec ma sœur Lizzie. Mais elle a mis de l'eau dans son vin. Oh et tu sais Cathy, ma demi-sœur si géniale ? Bah c'est une vraie garce en fait. Et puis y'a eu d'autres trucs pas cools qui sont arrivés, dis-je en restant flou.
Elle referme son livre et regarde dans le vide face à elle.
— Ces dernières semaines n'étaient pas franchement faciles et j'ai un peu fait la con, ajoutais-je.
Elle sort ses jambes de sous la couverture et me fait face.
—Tu m'as extrêmement blessé ce soir-là, dit Daisy d'un ton ferme.
On a toutes les deux notre part de tort, moi par ma façon de réagir je l'admets. J'aurai dû lui dire que ce n'était pas le moment, lui avouer qu'il se passait un tas de choses un peu compliquées. Mais si elle ne m'avait pas fait tourner en rond à chaque fois peut-être que je l'aurai cru directement.
— Je suis désolée.
Je n'ai pas d'autres réponses à donner que celle-ci.
— Très bien.
Elle prend son livre et continue sa lecture comme si de rien était.
— Et maintenant ? Demandais-je.
J'ai besoin de savoir où j'en suis dans ma vie, j'ai besoin que les choses soient claires. Je veux savoir sur qui je peux compter, à qui je peux faire confiance ou non.
— Je ne sais pas Sacha.
Je me lève de mon lit et la rejoins sur le sien. Elle détache ses yeux de son livre et me regarde enfin, son ignorance est un vrai calvaire.
— Je ne vais pas te faire encore toute une déclaration et te parler de mes sentiments. Tu sais déjà ce que je ressens pour toi. Je suis désolée d'avoir dit que j'aurais souhaité ne jamais te rencontrer. Parce que c'est complètement faux. Tu as chamboulé ma vie Daisy, littéralement. Mais je ne le regrette pas du tout, au contraire. Si je ne t'avais pas rencontré je crois que je serais toujours cette fille qui préfère rester dans le placard et imaginer qu'elle préfère Jasper à Alice.
Il faut que je cesse les références à Twilight. Un sourire se dessine sur son visage, je sais qu'elle lutte pour avoir l'air détachée mais elle meurt d'envie de m'embrasser.
— Est-ce qu'on peut arrêter de se voiler la face une bonne fois pour toute alors ? Demande-t-elle.
Je hoche la tête, n'y croyant plus. Son sourire s'élargit, elle me regarde, timide. Est-ce qu'on vient vraiment de se réconcilier ? Est-ce qu'on est enfin d'accord sur nos sentiments l'une pour l'autre ?
— Toi aussi t'as complètement chamboulée ma vie Sacha Anderson, et tu n'imagines pas à quel point ces dernières semaines ont été un enfer pour moi. Je sais j'ai vraiment été stupide de te faire miroiter des choses sans vraiment savoir ce que je voulais. Mais crois-moi ce n'était pas une partie de plaisir d'être tiraillée entre toi et Arthur.
Elle marque une petite pause.
— Mais j'avais beau me convaincre que c'était lui que j'aimais, je ne pensais qu'à toi. Et quand je t'ai vue avec Cathy j'ai eu cette rage au fond de moi.
Elle soupire et sourit en voyant que sa jalousie m'amuse.
— Si je ne voulais pas que tu passes à autre chose ce n'est pas parce que je voulais te garder sous le coude où que je voulais me servir de toi. C'est parce que je sentais que petit à petit je réalisais que tu étais la personne avec qui je voulais être. J'aurais dû me décider plus vite et arrêter de te faire souffrir.
Elle place une mèche rose derrière son oreille en attendant ma réponse.
— C'est toi, ça a toujours été toi, dit-elle en chuchotant.
Mon cœur bat plus vite, plus fort. Peut-être que nous ne sommes pas dans un conte de fée mais je crois que c'est ce qui s'en rapproche le plus actuellement.
— Tu vas me faire attendre longtemps encore où tu vas te décider à m'embrasser ? S'impatiente Daisy.
Je n'attends pas plus longtemps et approche mon visage du sien, ses lèvres douces plaquées contre les miennes, sa main se pose sur ma joue. Elle détache son visage du mien et me regarde en souriant.
— C'est réel cette fois ci ?
Je hoche la tête ayant moi-même du mal à y croire. Elle m'embrasse à nouveau, sa langue caressant la mienne. Je sens des frissons me parcourir dans tout le corps. Elle est là, pour moi et uniquement pour moi. Elle me dépose à nouveau un baiser sur les lèvres et me dit de venir coller mon lit au sien. Elle descend du lit et retire la table de chevet qui nous sépare avant de m'aider à pousser mon lit. Cela fait, nous venons nous allonger chacune dans nos lits respectifs. Daisy vient plus près de moi et love sa tête dans mon cou. Je ferme les yeux et respire son odeur. Je n'ai jamais été si apaisée qu'à ce moment et je redoute le sommeil car j'ai envie de rester comme ça, contre elle, pendant des heures. Sans avoir à parler, juste l'une contre l'autre.

Fix meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant