L'Esprit des Fées

Chapitre 10

PDV Liron

- Et puis je voudrai en savoir un peu plus sur toi et la princesse. Quand je dis ces mots, il ne le sait pas mais je bluffe. Enfin, j'ai quelques soupçons, mais parfois il faut prêcher le faux pour savoir le vrai.

Et au vu de sa réaction, j'ai touché juste. Il s'est figé, et il ne sait pas quoi répondre.

- Comment... Il commence mais hésite à poursuivre.

- Comment j'ai deviné ? Je lui fais un petit sourire. Je n'étais pas sûr, mais maintenant j'en ai la confirmation. Il s'assoit sous le choc, se rendant compte qu'il s'est vendu tout seul. Tu peux me faire confiance, je ne le dirai pas. J'ai l'impression de tout le temps lui demander de me faire confiance.

- Je... Je veux te faire confiance, vraiment, mais...

- Mais tu ne me connais pas... Je l'interromps. Je vais être franc avec toi, je le comprends, je suis pareil, je ne fais confiance à personne. Mais dans ta situation, tu n'as pas vraiment le choix.

Il ferme les yeux. Semblant digérer les mots que je viens de dire. Et quand il les rouvre, je vois une détermination, que je ne lui avais encore jamais vue.

- Pour elle, je ferai tout. Il parle avec assurance. Tout ce que je fais est dans son intérêt à elle. Alors si vous me trahissez, c'est elle que vous trahirez. Il sonde mon regard, cherchant à y lire mes intentions. 

Je ne sais pas pourquoi mais ses yeux gris me transpercent, et me troublent. C'est la première fois que je ressens ça. Et à l'instant, je me sens incapable de leur faire du mal. Et quand j'ouvre la bouche, c'est avec sincérité.

- Je ne vous trahirai pas. Il semble avoir senti ma sincérité.

- Eloa est la dernière fille du roi et de la reine. Il commence. J'ai été affecté à son service il y a quelques semaines avec deux autres fées pour la protéger. Mon père, qui est le capitaine de la garde royale, m'a expliqué que les sorciers noirs étaient prêts à nous envahir et que je devais protéger la princesse, car elle est très précieuse. Mais même s'il ne me l'avait pas dit, je l'aurais protégée, le but de ma vie est de la protéger.

Pendant son discours, je vois sa force de volonté et l'amour qu'il porte à l'enfant. Car il s'agit bien de ça, un attachement affectif très fort.

- Et vous avez été envahis, mais je croyais que votre barrière était imprenable, et votre position inconnue.

Il ferme les yeux, il semble en colère. Quand il rouvre ses yeux, ils ne sont plus gris clairs, mais orageux.

- Je vous ai dit que nous avions été trahis. J'acquiesce. J'en ai eu la preuve devant mes yeux. J'ai vu le traître de mes yeux. Il essaie de contrôler sa colère et je ressens aussi comme de la honte dans son regard. Mon frère, c'est mon frère qui nous a trahis, il a tué devant mes yeux mes coéquipiers. Il a ordonné de capturer Eloa, ils la voulaient vivante et moi aussi. Je ne sais pas pourquoi il veulent Eloa, mais moi, je sais très bien quel sort il me réservait, la torture.

- Mais, c'est ton frère. Je sais que les gens peuvent être cruels pourtant, mais ça me choque.

Il a un rire désabusé qui pour une raison inconnue me brise le cœur.

- De frère, il n'a que le nom. Depuis que je suis enfant, j'ai supporté ses brimades, ses coups et ses humiliations. Alors plus rien ne m'étonne de sa part. Mais ce qui m'inquiète, c'est que je ne sais même pas ce que sont devenus le roi, la reine et tout mon peuple.

Je le sens triste mais vu sa posture rigide, il ne veut surtout pas craquer devant moi. 

- J'ai développé un réseau d'informateurs depuis quelques années. Je vais essayer de me renseigner. Il me regarde avec une lueur d'espoir, que je me dépêche d''effacer un peu. Je ne te promets pas d'avoir des nouvelles tout de suite. Mais je vais faire de mon mieux.

- Merci, il commence mais nous sommes interrompus par un cri.

- Oh quel beau bébé. J'entends la voix d'Olivia. Mince, absorbé par notre discussion, j'ai oublié qu'elle viendrait travailler.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'Alan se précipite vers la chambre, paniqué. 

Je cours pour le rattraper, mais il court vite malgré ses jambes plus petites que les miennes.

J'arrive après lui dans la chambre, et je me fige face à la scène devant moi.

PDV Extérieur

Alan est arrivé en courant dans la chambre et a poussé la dame âgée pour prendre le bébé dans ses bras. Il est en position de défense face à la pauvre femme qui se demande ce qu'il se passe.

Liron arrive et regarde les deux personnes face à face et il ne peut retenir un rire face à ce spectacle. Le garçon et la vieille dame le regardent surpris.

Devant leurs têtes étonnées, il lève les mains, essayant de se calmer.

- Pardon, mais c'est tellement drôle. Si Olivia sourit, Alan n'a pas l'air d'apprécier qu'il se moque. Alan, je te présente Olivia, qui est ma cuisinière et ma gouvernante et qui soit dit en passant ne ferait pas de mal à une mouche. Ah oui, elle adore les bébés. Et Olivia, je vous présente Alan, qui est très protecteur envers sa sœur. Alan le regarde étonné, mais il comprend qu'il cherche une excuse à leur présence. Leurs parents, qui sont de lointains cousins, m'ont demandé de les héberger car ils sont partis tous les deux à l'étranger pour leur travail.

Olivia, un amour de femme, se tourne vers Alan avec un grand sourire, et lui tend la main. Alan jette un œil à Liron qui lui fait un signe de tête qu'il n'y a pas de danger, puis il serre la main de la dame.

- Et cette jolie demoiselle, comment s'appelle-t-elle ? La princesse réagit à la voix douce en s'agitant, en faisant des sourires, ce qui surprend une fois de plus Alan.

- Elle s'appelle Eloa, Madame. Lui répond Alan.

- Quelle jolie prénom pour un si beau bébé, reprend la vieille dame. Et pas de madame, appelez-moi Olivia. Vous allez voir je vais bien m'occuper de vous. Tout d'abord, je vais aller préparer un bon repas, pour vous et pour la demoiselle...

Elle continue de parler toute seule tout en s'éloignant sous le regard ébahi d'Alan. 

Liron lui est amusé car il a l'habitude. Olivia a l'âme d'une grand-mère gâteau. La joyeuse tornade Olivia a encore frappé. Et il n'a pas encore rencontré Noé.

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