L'Esprit des Fées

Chapitre 56

PDV Liron

Je me sens vide, et en même temps lourd. Les larmes coulent sur mes joues, seules preuves que je vis et que je ressens encore quelque chose. 

Je me sens tellement inutile. Je n'ai pas réussi à sauver la personne la plus importante pour moi. Que vais-je faire sans lui ? En quelques semaines passées ensemble, il m'est tellement devenu indispensable. Il me complète autant que je le complète, comme deux pièces d'un même puzzle. Là où je suis sauvage et distant, lui est doux et tendre. Grâce à lui je me suis réouvert au monde et aux autres.

Je ne peux imaginer passer un seul instant sans lui, chacune de mes pensées sont tournées vers lui. Son courage, son amour des autres, son rire, sa façon de penser aux autres avant de penser à lui, sa gentillesse, font de lui un être exceptionnel. Il m'est inconcevable de voir ce monde sans lui.

Comment mon cœur et mon âme pourraient survivre à cette absence ? Je sais qu'il voudrait que je continue, mais c'est au-dessus de mes forces. 

J'entends autour de moi les sanglots étouffés de ma famille et de mes amis, nous partageons la même perte, mais aucun d'eux ne pourra jamais comprendre à quel point je me sens anéanti.

Soudain les respirations autour de nous se suspendent.

Une main se pose sur ma joue gauche et essuie mes larmes avec son pouce.

Je n'ose y croire, mais je reconnais cette douceur dans le geste et cette tendresse.

J'ouvre les yeux lentement par peur que si je les ouvre trop vite mon espoir disparaisse aussi vite.

Ma vision se fait plus précise et aussitôt mon cœur se remplit de chaleur.

PDV Alan

Où suis-je ? Je ne ressens que douleur et tristesse autour de moi et en moi.

Mon corps est lourd et mon esprit engourdi, je cherche au fond de moi des souvenirs de ce qu'il vient de se passer.

Je me rappelle du combat que j'ai mené contre Eris, de cette puissance incroyable puisée au plus profond de moi qui s'est développée sans que je ne puisse rien contrôler.

Cette sensation de peur que j'ai ressenti quand le sorcier noir s'est retourné vers les personnes que j'aime et qui a conduit cette puissance à me dominer pour les protéger.

Et surtout cette souffrance dans mon cœur quand mon regard a croisé celui de Liron tandis que je lui disais adieu et également ce soulagement de les savoir tous sains et saufs.

Puis ce froid immense et ce noir qui m'ont envahi avant que mes yeux ne se ferment et que je plonge dans l'inconscience.

Jusqu'à ce qu'un chant perce ma conscience. Cette voix douce tant aimée, qui pénètre mon cœur, et me transmet un sentiment de tristesse et d'espoir mélangés. Je veux soulager cette voix de sa souffrance et porter son espoir avec elle. Je reviens vers elle, me joins à elle jusqu'à ce que mon âme s'ouvre de nouveau vers la réalité et sorte de la torpeur sombre dans laquelle elle est plongée.

J'essaie de recentrer mes sens vers ce qu'il se passe autour de moi. Il me semble percevoir des sanglots éloignés. Pourquoi sont-ils si tristes ? Croient-ils que je suis mort ?

Je veux leur faire un signe pour les rassurer mais mon corps ne m'obéit pas. Je sens une douce chaleur qui se diffuse dans mon corps, réchauffant doucement mes organes et mes membres gelés.

Des bras forts me serrent tendrement contre un cœur que je sens être celui de Liron. Il dégage tellement de tristesse, je veux le rassurer mais je n'arrive pas à bouger. 

Cette inertie me rend dingue, je n'arrive à rien. 

Quand soudain je sens une goutte que je devine être une larme s'échouer sur ma joue. De petits picotements naissent de ce contact et une multitude d'autres larmes viennent mouiller mon visage.

Une bouffée de tendresse me submerge et j'arrive enfin à ouvrir les yeux. J'entends les respirations autour de nous se couper. Certainement à cause de l'émotion et de la surprise.

Mais tout mon être n'est tourné que vers les réactions de Liron qui me tient effectivement dans ses bras. Les battements sourds de son cœur résonnent agréablement dans mon oreille et répondent aux miens.

Ses yeux sont fermés et ses joues pleines de larmes. Mon cœur se remplit de tristesse de le voir ainsi mais aussi de tendresse face à tout l'amour qu'il me transmet. Je l'aime tellement.

Je réussis à lever ma main jusqu'à sa joue où je la pose délicatement et essuie ses larmes de mon pouce. Je l'entends retenir sa respiration sous la surprise.

Il ouvre lentement les yeux, comme s'il avait peur que je disparaisse, alors que je n'attends qu'une chose c'est de pouvoir retrouver son regard.

Enfin, je croise son regard si bleu que j'aime tant. Ses yeux sont voilés de tristesse. D'un coup ils s'illuminent quand il réalise que c'est bien moi qui essuie ses larmes et un doux sourire remplit d'espoir apparaît sur ses lèvres.

- Je ne rêve pas, n'est-ce pas ? Ses yeux sondent les miens, à la recherche d'une réponse.

J'aimerais lui dire ce que je ressens, la joie de le retrouver. Mais aucun son ne passe mes lèvres, j'en suis incapable. Je ne peux qu'essayer de lui transmettre mes sentiments par mon regard.

Il caresse tendrement ma joue et se penche jusqu'à frôler ma bouche avec la sienne.

- Ne te fatigue pas, je sais. Son souffle caresse mes lèvres. Nous avons tout notre temps pour nous retrouver. Moi aussi, je t'aime. Sa voix tremble d'émotion.

Enfin il m'embrasse doucement, comme un être fragile. Et cette fois ce sont mes joues qui sont mouillées de mes larmes. Je ne peux les retenir, je suis tellement soulagé d'être près de lui.

Je sens mon corps se détendre et une énorme fatigue m'envahir. Mes yeux se ferment tous seuls et je sombre dans le sommeil, épuisé.

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