L'Esprit des Fées

Chapitre 15

PDV Alan

Nous sommes dans la voiture sur le chemin du retour. La grand-mère de Liron voulait que nous restions pour discuter, mais il a du sentir mon manque d'envie car il prétexta un rendez-vous, tout en lui promettant de revenir la voir rapidement.

Depuis la lecture de la prophétie, je suis dans mes pensées. Ces mots tournent dans ma tête. 

Je regarde le paysage qui me fascinait tant à l'aller, sauf que cette fois je ne le vois même pas. Maintenant je sais pourquoi nous avons été envahis et surtout, je comprends que les sorciers noirs ne laisseront jamais tranquille Eloa.

J'ai peur de ne pas être à la hauteur pour la protéger, cette angoisse m'envahit. Je n'ai pas beaucoup de pouvoir, je suis faible. Je sens les larmes monter à mes yeux, mais je les retiens. Je n'ai pas le droit d'abandonner.

Je sens la main de Liron se poser sur la mienne et la caresser doucement. Je tourne ma tête vers lui. Il me fait un sourire rassurant.

- Nous y arriverons ensemble, nous la sauverons. C'est comme s'il lisait dans mes pensées. Ses paroles m'apaisent. 

Nous arrivons finalement devant la maison. Je sors comme une fusée de la voiture. Je ressens le besoin de la voir, vérifier qu'elle va bien, même si je sais qu'elle est en de bonnes mains.

Soudain en entrant dans la maison, je m'arrête. J'entends un rire de bébé, suivi d'un rire plus grave. Je monte quatre à quatre les escaliers et je suis attendri devant le tableau.

Jason se cache les yeux puis retire ses mains en faisant bouh à l'enfant qui éclate de rire. Avant qu'ils ne repèrent tous les deux ma présence je sors de la chambre et colle mon dos contre le mur. Je continue d'écouter leurs rires mélangés. Je me remplis du bonheur de cette petite fille qui tient déjà tellement de place dans ma vie. 

Liron se met face à moi dans le couloir, il me fixe, le regard triste.

- Tu pleures, il ne me demande pas pourquoi, c'est juste une constatation.

- Je voudrai tellement la protéger de tout ça. Je murmure dans un sanglot tandis qu'il essuie les larmes qui continuent de couler de ses pouces. Qu'elle soit heureuse comme maintenant. Pourquoi tant de responsabilités sur de si jeunes épaules.

Voyant que mes larmes ne se tarissent pas, il me prend dans ses bras.

- Elle sera heureuse, il me parle doucement. Je t'aiderai et nous ferons tout pour qu'elle soit heureuse. Suis-moi, il ne faut pas qu'elle te voit comme ça.

Il m'attrape par la main et étrangement je trouve ce geste naturel. Il m'amène dans la pièce où nous avons déjà discuté. Il me reprend dans ses bras et me caresse doucement les cheveux comme on console un enfant. 

Mes pleurs se calment, il me propose de rafraîchir mon visage dans sa salle de bain pour effacer les traces de larmes avant de retrouver les autres. Je rentre donc dans sa chambre qui est simplement meublée mais dans un esprit très masculin. Je me passe un coup d'eau sur le visage et essaie de reprendre un visage serein. Je sors de la pièce et Liron me fait un signe d'approbation. 

Nous retournons vers ma chambre au moment où Jason se retourne avec Eloa dans les bras. Celle-ci pousse un petit cri de ravissement en nous voyant et me tend les bras. Je la prends bien sûr et elle m'attrape le cou de ses petites mains.

- Tu m'as manqué aussi, je lui murmure à l'oreille. Depuis que nous nous sommes sauvés mutuellement, quand elle me touche elle me communique ses émotions et parfois j'ai même l'impression d'entendre une voix dans ma tête.

Elle pose sa tête dans le creux de mon épaule et enfin, je me sens rassuré.

PDV Liron

J'observe ces deux êtres devant moi. Ils partagent un lien tellement fort tous les deux. Je me rends compte que malgré moi je me suis attaché à tous les deux. 

Cette enfant fragile avec un tel destin qui paraît trop grand pour elle et que j'ai envie de protéger.

Et ce jeune homme courageux, prêt à se mettre en danger pour protéger cette petite fille envers et contre tout. Lui aussi je veux le protéger et je me surprend même à vouloir qu'il soit heureux.

Après ces retrouvailles, nous décidons d'aller manger car il commence à se faire tard. Pendant le repas, Jason nous raconte ce qu'ils ont fait de leur journée, mais ne nous pose aucune question. Il sait que je lui expliquerais plus tard. 

Une fois le dîner terminé, Alan et Eloa montent se coucher, la fée de l'air étant épuisée.

Quant à moi, je vois mon cher cousin me regarder. C'est l'heure des explications. Nous nous dirigeons vers le bureau où je lui explique les grandes lignes de ce que nous avons découvert et lui parle de la prophétie.

- Attends, tu es allé voir grand-mère ? Il s'exclame. Elle devait être heureuse de te voir, depuis le temps qu'elle me demande de tes nouvelles. Je le regarde en souriant, moi aussi, je suis heureux de l'avoir retrouvée. Pour ce qui est de la prophétie, ça explique pourquoi les sorciers noirs ont attaqué le royaume des fées.

- Oui, j'acquiesce. Et je pense savoir qui est un des êtres à l'âme pure, c'est une évidence. Je pense d'ailleurs que c'est pour ça que la reine a laissé Alan près de la princesse. Il m'a dit qu'il l'avait rencontrée et qu'elle lui avait demandé de prendre soin d'elle car leur lien semblait déjà fort.

- Je suis d'accord avec toi. Mais qui peut être cette deuxième âme ? Se questionne Jason.

- Je n'en ai pas la moindre idée. Je suis dépité.

- Bon, je vais te laisser. Je pense que tu dois être fatigué aussi. Il me regarde. Je repasserai dans la semaine et j'essaierai de me renseigner discrètement sur l'invasion, voir si des informations ont filtré.

- Merci d'être là Jason. Je lui fais un sourire. Je suis content de te retrouver dans ma vie. Il me regarde surpris, c'est la première fois que je lui dis ce genre de choses.

- De rien mon cousin, je suis heureux de te retrouver. Il me regarde droit dans les yeux. Et je te préviens tout de suite, inutile d'essayer de m'écarter de ta vie désormais, je ne te lâcherai plus. Allez, bonne nuit.

Il quitte la pièce sans voir mon sourire, je pense vraiment ce que je lui ai dit. Je suis heureux de le retrouver.

Je monte dans ma chambre, épuisé. Je me lave et finis par m'allonger sous mes draps pour m'endormir presqu'aussitôt.

Pourvu que cette nuit soit réparatrice.

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