Chapitre 1

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PDV Alan

- Alan, viens ici ! Mince, c'est mon père qui m'appelle. Qu'est-ce qu'il me veut encore ? J'ai du louper un truc.

Je m'approche de lui au garde à vous. Il a beau être mon père, il est le capitaine de la garde royale et moi je ne suis qu'un simple soldat.

D'ailleurs, il m'en veut car si j'étais passé par la voie du piston j'aurais été directement officier. Mais j'ai refusé. Je ne voulais déjà pas entrer dans l'armée, mais il ne m'a pas laissé le choix. Ma seule solution pour me rebeller a été de refuser son aide pour gravir les échelons.

Bon, il a quand même réussi à me faire entrer sous ses ordres au sein du palais. Mais je dirai que je suis un soldat plutôt récalcitrant, je frôle l'insubordination régulièrement.

Il faut dire que pour lui j'accumule les tares. Tout d'abord, je suis une fée de l'air et je ne suis pas très puissant, à part réussir à faire bouger les feuilles des arbres, mon pouvoir ne sert pas à grand chose. Mais surtout je n'ai pas d'aile, pour une fée de l'air c'est un comble. Je vous dis, c'est une honte quand on a pour père une des fées du feu les plus puissantes et pour mère une fée de l'eau respectée. 

En plus, je n'écoute personne et suis d'une insolence sans nom. Bon j'avoue surtout avec mon père, mais pour lui, je lui fais honte. Honnêtement, ça m'est égal. Si je suis entré dans l'armée, c'est parce que ma mère que j'adore m'a supplié de céder pour éviter une énième guerre ouverte à la maison. Je sais qu'elle souffre de toutes ces tensions.

Ah oui, ce qui navre mon père également, c'est mon allure. Je suis fin et gracieux, comme ma mère, mais j'ai les cheveux gris perle et les yeux de la même couleur. Donc aux yeux de mon père, j'ai l'air terne et fragile. C'est sympa de la part de mon paternel, mais bon je me suis fait une raison, ce que j'ai horreur de cette expression. En même temps, si on me compare à mon frère aîné, c'est vrai que je parais fade. Il a tout pris de notre père, fée du feu, roux flamboyant, grand et musclé, soldat aguerri. Bref tout pour plaire.

- Bon Alan, tu as fini de rêvasser. Oups, rappel à l'ordre paternel.

- Oui, Capitaine. Je sais, c'est bizarre d'appeler son père capitaine, mais règle de hiérarchie prévaut.

- Suis-moi, nous sommes convoqués par le roi et la reine. Pour une fois je sens presque de la fierté dans sa voix. Et tiens-toi bien. C'était trop beau.

Je le suis à travers les couloirs, et nous arrivons devant une porte qui doit mener aux appartements des souverains. Il toque et un serviteur vient ouvrir la porte.

Je suis mon père deux pas derrière lui. Je regarde mes pieds. Mon père me fait signe de me placer à côté de lui. Et nous nous inclinons tous les deux en signe de respect.

- Alors, tu es Alan, je regarde la reine, elle est magnifique et dégage une telle sérénité. Elle m'adresse un sourire.

- Oui votre Majesté, je lui réponds respectueusement.

- On ne nous a pas menti, votre fils est ... différent, Capitaine. Je sens mon père se raidir aux paroles du roi, il a horreur qu'on pointe du doigt quoi que ce soit qui lui fasse honte chez moi.

- Alan, la reine reprend. Ton père est déjà au courant. Mais nous allons renforcer la sécurité au sein du palais. J'ai envie de demander pourquoi, mais je pense que mon père n'appréciera pas que je pose la question. Nous avons appris que tu avais été formé au corps à corps et que tu es sorti major de ta formation. 

Oui, c'est ma seule fierté de soldat. Pour compenser l'inutilité de mon pouvoir, je me suis entraîné comme un fou, et même si physiquement je ne fais pas peur, je suis si agile et rapide que j'arrive à renverser tous mes adversaires en un clin d'œil. J'acquiesce donc aux dires de la reine.

- De ce fait, et en accord avec le capitaine, nous avons décidé de te nommer garde de la princesse Éloa. Tu n'es pas seul, vous êtes trois en tout.

Je regarde mon père étonné, c'est pour ça qu'il semblait un peu plus fier ? Je vais surveiller un bébé ? 

Je sais que c'est une princesse, mais ce n'est même pas l'héritière, vu qu'elle a deux grands frères. Après moi ça m'est égal d'être un baby-sitter. Après tout, ce sera moins fatiguant que les exercices de soldat. Mais une garde rapprochée pour un bébé, c'est quand même étrange.

- Capitaine, je vous laisse accompagner Alan dans les appartements de la princesse. Reprend le roi.

- Bien, votre Altesse.

Et mon père sort de la pièce avec moi juste derrière. Nous marchons en silence quelques secondes.

- On vient de te confier un poste à responsabilité, ne gâche pas tout avec ton comportement. Merci pour la confiance.

- Oui, Père, mais s'occuper d'un bébé ça dev...

- Je ne veux rien entendre, il me coupe sèchement, et présentement je suis ton capitaine et non ton père. Alors tu obéis sans discuter. Je pousse un soupir et j'ai le droit à un regard noir.

- À vos ordres Capitaine, je répond d'une voix ferme.

Nous arrivons enfin dans les appartements, le capitaine me présente à mes deux collègues qui n'ont franchement pas l'air de rigoler. Surtout qu'à côté d'eux j'ai l'air d'un minus. Enfin, c'est pas comme si j'avais pas l'habitude.

- Suis-moi, je vais te présenter à la princesse. Me présenter à un bébé ? Euh, et on va parler de quoi ? J'essaie de garder mon sérieux devant tant de cérémonies.

Nous entrons dans la chambre, franchement, une suite si grande pour une si petite fille, c'est un peu démesuré, princesse ou pas. Un berceau trône au milieu de la pièce. Mon père s'efface pour me laisser m'avancer. Une fois près du berceau je m'incline en avant comme pour toute personne royale et je me trouve un peu ridicule. 

Je me redresse lentement, et je suis ébloui. C'est un magnifique bébé de six mois avec de jolies joues rondes, mais ce qui surprend, ce sont les boucles blanches de ses cheveux qui entourent son visage. Ses cheveux ont l'air si doux que je tend la main pour les toucher.

- Interdiction de la toucher ! Crie mon père. Je recule ma main aussitôt me retournant vers lui surpris et comprenant que j'ai failli faire une grosse bêtise.

- Ton rôle est juste d'empêcher qui que ce soit de non autorisé de s'approcher d'elle. J'acquiesce, je comprends au ton de sa voix que c'est un ordre à ne pas prendre à la légère, et pour une fois, je n'ai pas envie de discuter ce que l'on me dit.

Je me tourne une nouvelle fois vers le bébé endormi, pour m'apercevoir qu'elle ne dort plus.

Je croise son regard, et c'est à ce moment-là que je reçois un choc. Ses yeux d'un noir profond me regardent et me sourient comme si elle me connaissait déjà. 

J'ai compris qu'à partir de ce moment, mon seul but dans ma vie sera de protéger ce petit être qui vient de capturer mon cœur en un regard.


💕💕💕

L'Esprit des FéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant