L'Esprit des Fées

Chapitre 17

PDV Extérieur

Cela fait deux jours que Liron a fait ce cauchemar. Il ne sait pas quoi faire. L'idée de révéler sa nature à Alan lui tourne dans la tête continuellement tandis que la peur de sa réaction à la nouvelle lui serre le cœur.

En deux jours la relation entre les deux hommes s'est faite beaucoup plus naturelle. Une confiance certaine s'est installée. Surtout qu'Alan laisse volontiers Liron s'occuper d'Eloa.

Lara est également passée à la maison pour faire enfin le debriefing du concert, qui en soit n'en avait pas vraiment besoin, puisque tout était parfait comme à chaque fois. Mais elle fait son travail. Elle a d'ailleurs annoncé une bonne nouvelle, Liron n'a pas d'engagement avant un mois, son planning est donc assez libre. Sauf pour ce qui est de l'entretien de sa voix, mais pour ça, il peut rester dans la maison ayant installé un studio dans une des pièces.

Il fait donc des échauffements tous les jours pour le plus grand bonheur d'Eloa qui adore l'entendre chanter et pour Alan, mais pour rien au monde il ne l'avouerait.

Mais aujourd'hui, Alan est fébrile et ça n'échappe pas à Liron qui s'inquiète de l'état du plus jeune.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui ? Il finit par le questionner le voyant faire les cents pas pendant que le bébé fait sa sieste. Alan s'arrête et regarde celui qui lui parle, mais détourne vite les yeux.

- Je ne sais pas, il triture ses doigts nerveusement. J'ai plein de choses dans la tête, je m'inquiète pour mon peuple, nous n'avons toujours aucune nouvelle. J'ai peur de cette prophétie, je... Il s'arrête hésitant.

Liron sent qu'il n'ose pas lui demander quelque chose.

- Je t'écoute, il lui parle d'une voix douce. Tu sais que tu peux me faire confiance.

- Je te fais confiance, il relève la tête d'un coup. Ne crois pas le contraire, c'est juste... Il soupire. Je sens une évolution de mes pouvoirs en moi, mais je ne comprends pas. Je suis perdu, à part toi je n'ai personne à qui en parler. Mais tu n'auras aucune réponse à me donner. Seule une fée pourrait y répondre. Je ne veux pas te blesser.

- Tu as raison, je ne peux pas t'aider, pourtant je le voudrais. Liron réfléchis. J'ai une idée. Et si tu essayais tes pouvoirs, tu apprendrais à les contrôler et je t'observerai pour te donner des indications.

- Mais mes pouvoirs non contrôlés pourraient être dangereux pour toi.

- Je ne risque rien et n'oublie pas que je suis un sorcier, je ne suis pas fragile. On peut s'entraîner dans mon studio. Il est insonorisé, on ne dérangera personne et personne n'y viendra non plus.

- Si tu insistes, profitons-en tant qu'Eloa dort.

Ils se dirigent donc vers la pièce en question et s'enferment à l'intérieur.

Les deux hommes se font face, l'un inquiet et l'autre sûr de lui.

PDV Alan

je suis tendu face à Liron. Je n'ose pas commencer, et en même temps, je ne sais pas vraiment comment tout déclencher. Me voyant hésiter, Il décide d'essayer de m'aider.

- Ferme tes yeux. Je fais ce qu'il me dit. Concentre-toi sur tes émotions et essaie de te souvenir de ce que tu ressentais la dernière fois que tes pouvoirs se sont manifestés. 

Je me rappelle de ma réaction quand il a essayé de toucher Eloa. La peur et l'inquiétude s'emparent de moi. Je sens l'air bouger autour de moi.

- C'est ça, continue. Il me parle doucement pour essayer de ne pas perturber ma concentration.

J'ouvre les yeux pour voir ce qu'il se passe autour de moi, mais je rencontre son regard et là un sentiment plus doux, que je ne connais pas, me traverse et les mouvements d'air s'arrêtent autour de moi.

- Mince, qu'est-ce qui t'a déconcentré ? Il me regarde.

- Je ne sais pas. Je pense à ce que je viens de ressentir et sens mes joues chauffer sous la gêne.

- C'est quand même un bon début. Recommence.

Je souffle un coup et me reconcentre, et de nouveau l'air virevolte autour de moi. J'ouvre les yeux mais fais attention de ne pas croiser son regard.

L'air tourbillonne et je me focalise sur lui. Je décide d'essayer quelque chose. Je tends ma main droite et la fais tourner sur elle-même un tourbillon de plus en plus grand se forme. Je me déplace autour de lui tout en tournant ma main au-dessus. Je rejette ma main comme si je jetais une balle et le tourbillon part vers le mur en face de moi. 

- Bravo, me dit Liron. Je le regarde avec un grand sourire. Essaie d'en faire plusieurs en même temps.

J'acquiesce et cette fois-ci fais bouger mes deux mains pour créer deux tourbillons, j'essaie de les faire plus grands. Ils finissent par me dépasser. Je recommence le mouvement de mes mains et les deux tourbillons s'éloignent de moi. Sauf que cette fois-ci, j'ai mal contrôlé la direction et une des mini tornades au lieu de s'écraser contre le mur se dirige vers Liron.

Et sous mes yeux effarés, je vois Liron projeté contre le mur quand le tourbillon le touche. Il est allongé par terre. Je me précipite vers lui affolé.

- Liron, tu vas bien ? Les mots se bousculent. Pardon, je savais que c'était une mauvaise idée. Je suis dangereux. Tu n'es pas blessé ? Réponds-moi.

- Arrête, il me regarde avec un petit sourire. Je te répondrais si tu me laisses parler. Ne t'inquiète pas, ça va. Il se relève mais je le vois grimacer en se massant l'épaule. Je m'en veux tellement. Retire-toi cette culpabilité de la tête. C'est moi qui t'ai demandé de le faire. Si tu veux, on peut essayer quelque chose de moins dangereux. As-tu déjà tenté de combiner ton aptitude au combat et ton pouvoir ? Je lui fais signe que non, c'est vrai je n'y ai jamais pensé. Essaie de faire des mouvements de combat seul, pour voir ce que ça donne.

Je m'éloigne de lui, tout en lui jetant un regard inquiet mais il me fait un sourire rassurant. Je me mets en position de combat. Je me concentre et commence des mouvements souples, donnant des coups de pieds et de poings dans le vide.

J'opère une rotation sur moi-même et donne une impulsion et je me sens soulevé dans l'air, pas très haut, mais c'est un début. Je continue, puis fais un saut d'une grande amplitude porté par l'air. Emporté par mon élan, je donne un grand coup de poing dans le vide, mais sous mes yeux une bulle d'air se déplace de l'autre côté très rapidement et s'écrase dans le mur faisant une marque. Je m'arrête aussitôt, choqué.

Je regarde Liron qui est aussi surpris que moi. 

- Je pense que nous allons arrêter pour aujourd'hui. Par contre la prochaine fois, il sera plus prudent de s'entraîner dehors, sinon j'ai peur que la maison s'écroule.

Je regarde autour de moi et effectivement, la pièce a un peu souffert de mon entraînement.

Je le regarde, désolé. Mais dans son regard, je vois une expression qui ressemble plus à de la fierté et c'est la première fois que  quelqu'un me regarde comme ça.

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