Chapitre 47

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PDV Extérieur

Mirna se tient droite, tenant la petite Eloa dans ses bras. Elles apparaissent entourées par une sphère de protection et escortées par Hénon.

La vieille dame observe Liron d'un air incrédule, ne comprenant pas ce qu'il se passe.

- Liron, que fais-tu là ? Et qui as-tu appelé père ? Elle espère se tromper.

Liron la fixe d'un regard froid qu'elle ne lui a jamais vu. 

- Ma chère, quand on a les bons arguments, n'importe qui peut changer de camp. La voix d'Eris s'élève, moqueuse. Détournant l'attention de la vieille dame de Liron. Explique-lui, mon fils. Il insiste bien sur les deux derniers mots.

- Oui, Père. Qu'ai-je eu grâce à vous depuis ma naissance ? Le ton du jeune sorcier blanc est glacial quand il s'adresse à sa grand-mère. Je n'ai connu que soumission, rejet. Je suis devenu faible à cause de vous. Mon père lui peut me rendre fort et je vais enfin prendre ma revanche sur tout ce que j'ai subi. On m'a fait croire que le fait d'avoir du sang de sorcier noir dans mes veines est une honte. Mais avec ce que j'ai vu aujourd'hui, c'est au contraire une grande force. Et grâce à mon père, je vais enfin pouvoir être heureux sans tous ces gens inutiles autour de moi.

- Je ne t'ai jamais considéré comme une honte, ta mère non plus. Murmure Mirna blessée par les paroles de son petit-fils. As-tu pensé à elle ? Elle a toujours voulu te protéger.

Un rire sarcastique s'échappe de la gorge de Liron dont les yeux flamboient de colère.

- Parlons-en de ma mère. Son ton se fait agressif. Ce qu'elle a fait toute sa vie, c'est me mentir, me cacher mon identité, et m'empêcher d'être moi-même. Alors, ce qu'elle pourrait penser m'est bien égal.

Le visage de son interlocutrice devient blanc à l'entente de ces paroles cruelles. Elle essaie de sonder le regard de cet homme qu'elle croyait connaître. Que s'est-il passé, comment a-t-il pu changer à ce point en quelques heures ?

- Liron, va la chercher ! Ordonne Eris.

Le châtain s'avance lentement vers la vieille dame, celle-ci fait un pas en arrière, cillant devant son regard de glace.

- Liron, arrête ! Dit Mirna en essayant de protéger l'enfant dans ses bras. Tu ne peux pas les laisser la prendre, tu sais ce qu'il va se passer. Je t'en prie.

Mais celui-ci ne s'arrête pas et s'approche de plus en plus. 

- Tu ne peux pas passer de toute façon, Eloa nous protège. Tu ne pourras pas passer la barrière magique.

Liron s'arrête quelques instants juste devant la bulle de protection. Il regarde Eloa fixement. Devant le regard surpris de Mirna, la barrière disparaît et l'enfant tend les bras vers le jeune sorcier.

La vieille dame fait mine de détourner l'enfant mais s'arrête, comprenant qu'elle seule ne pourra rien faire. Une larme glisse sur sa joue tandis qu'elle voit son petit-fils qu'elle adore prendre Eloa dans ses bras. Cette dernière se serre aussitôt contre son torse, comme si elle retrouvait sa maison.

- Mon Dieu, Liron. Murmure sa grand-mère. Te rends-tu compte de ce que tu es en train de faire ?

- Je m'en rends très bien compte. Il lève ses yeux vers la vieille dame. Et ce sera bien mieux pour tout le monde.

Il se détourne et montre l'enfant qu'il tient dans ses bras. Tous les regards sont tournés vers eux et Eris les regarde avec un sourire de triomphe.

L'attention de Mirna qui jusqu'à maintenant était uniquement fixée sur Liron découvre un corps allongé au sol. Reconnaissant Alan, elle se précipite auprès de lui. Elle s'agenouille et met la tête de la fée sur ses genoux.

- Alan, ouvre les yeux. Elle murmure au-dessus de lui. Dans quel état t'ont-ils mis ?


PDV Alan

J'entends la voix de Mirna qui m'appelle et je sens de la douceur sous ma tête. J'entrouvre les yeux et croise le regard inquiet de la vieille dame. Je luis fais un petit sourire. Elle ne le sait pas mais je sens mes forces revenir petit à petit.

Je me concentre sur mon corps et mes blessures se soignent, même si la douleur reste vive. Quelle bonne idée a eu Jason de nous faire boire sa potion avant de partir. Il a travaillé tout l'après-midi à une formule plus concentrée et plus rapidement efficace que celle qu'il boit d'habitude. J'étais sceptique, mais je constate heureusement son efficacité dans l'instant.

Je me redresse avec l'aide de mon amie et me mets debout à côté d'elle. J'observe tout ce qu'il se passe.

Je vois Liron au milieu de la salle, il tient Eloa dans ses bras et semble fier de la montrer aux autres sorciers noirs.

- Mirna, que s'est-il passé ? Je continue à fixer Liron.

- Je ne comprends pas. Murmure-t-elle à mon oreille. Liron n'est plus le même. Il semble complètement sous l'emprise d'Eris. Il a l'air persuadé que c'est lui qui a raison. Je ne le reconnais pas. Dis-moi, Alan, que c'est un cauchemar et que je vais me réveiller.

- Quoi ! Il s'est mis du côté des sorciers noirs ? Je n'en crois pas mes oreilles. C'est impossible, il ne ferait jamais ça.

- C'est la stricte vérité. Elle baisse la tête de chagrin. Et le pire, c'est qu'Eloa a accepté d'aller avec lui.

Je suis complètement choqué par la situation. Ce n'est pas possible. L'homme dont je suis tombé amoureux ne pourrait jamais faire ça. Je n'y crois rien. Je le regarde attentivement et pendant une fraction de seconde nos yeux se croisent et ce qu'il m'a dit avant d'entrer dans le repaire des sorciers noirs me revient à l'esprit.

- Crois en moi. Quoi qu'il se passe, crois en moi. Nous nous en sortirons ensemble. Nous y arriverons.

Oui, je dois croire en lui. Comme il croit en moi. Quoiqu'il en coûte, je suis persuadé qu'il ne nous abandonnera pas. Je sais que je fais un pari dangereux. Aucune trace de bonté ne paraît sur son visage actuellement, mais je dois lui faire confiance. J'espère vraiment que je ne me trompe pas.

Mon regard se tourne vers le visage de Mirna qui regarde son petit-fils l'air perdu et inquiet.

- Ne vous inquiétez pas, je chuchote. Tout va s'arranger, j'en suis persuadé.

- J'espère que tu as raison. Elle me regarde en chuchotant également. Mais de toute façon qu'elle qu'en soit l'issue tu vas avoir besoin de ça.

Je sens qu'elle glisse discrètement un objet dans ma main. Je vérifie que personne ne nous regarde, mais je suis rassuré, tout le monde semble hypnotisé par le spectacle de l'enfant dans les bras de Liron. Je baisse le regard vers ma main et l'ouvre. Une sorte de médaille attachée par une chaîne apparaît devant mes yeux. Un espoir naît au fond de moi.

- C'est ton médaillon de fée, Alan. Elle murmure. Il a retrouvé son propriétaire, regarde-le bien. Toi seul peut le porter.

Des larmes me montent aux yeux quand je détaille l'objet dans ma main. Discrètement je le passe autour de mon cou et le cache son mon haut.

Pour la première fois de ma vie, je me sens enfin une fée à part entière.


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L'Esprit des FéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant