L'Esprit des Fées

Chapitre 44

PDV Alan

Liron et moi sommes seuls dans la cuisine. Il lâche ma main pour commencer à sortir ce dont il a besoin pour préparer à manger. Je ressens un manque énorme quand il s'éloigne même que de quelques centimètres. 

Chargé de légumes et de viande il se dirige vers le plan de travail, me tournant le dos. Je détaille tous ses gestes, je remplis mes yeux de sa présence. Il commence doucement à sortir les ustensiles dont il a besoin. Quand il se relève après avoir saisi une casserole, je suis pris d'une impulsion.

Je m'avance vers lui et colle mon torse à son dos en enserrant sa taille avec mes bras, posant mes mains sur son ventre. Je pose ma tête sur son dos et le sens qui veut se retourner.

- Ne bouge pas, je murmure contre son dos. S'il te plaît. Reste comme ça et écoute-moi. Je voulais te remercier Liron. Merci d'être entré dans ma vie, ce n'est même pas assez fort pour te dire ce que je ressens. Pour la première fois de ma vie, je suis heureux grâce à toi. C'est peut-être paradoxal si on regarde les récents évènements, mais même si je suis inquiet pour Eloa et Mirna, je suis heureux car tu es prêt de moi. Tu as éveillé en moi des sentiments que je ne connaissais pas, que jamais je n'aurais pensé connaître et surtout que je ne pensais jamais pouvoir éveiller chez quelqu'un. Je sens qu'il se retient de se retourner et de me parler, mais je continue. Je veux que tu saches que même si je disparais cette nuit, je suis heureux, car tu es la plus belle rencontre que je pouvais faire. Je t'aime plus que je ne saurais l'exprimer, plus que ma propre vie. Et si la prophétie se réalise, je veux que tu vives pour moi. Je sais que ce sera difficile, mais c'est la seule chose que je te demanderais. Vis, aime les personnes qui t'aiment, Jason, Mirna, Nolan et Eloa. Ne t'isole plus, tellement de gens tiennent à toi. Je sens des larmes qui coulent sur mes joues. Et même si je ne suis plus là, l'amour que je ressens pour toi est si fort qu'il sera toujours près de toi, n'en doute jamais. 

Je le serre un peu plus fort dans mes bras, voulant l'empêcher de se retourner, je ne veux pas qu'il me voit pleurer. Mais il est bien plus fort que moi et finit par détacher mes bras doucement de sa taille. Il se tourne vers moi et cette fois c'est lui qui m'encercle de ses bras. J'enfouis mon visage dans son torse, refusant de croiser son regard.

- Alan, regarde-moi. Je garde la tête obstinément baissée. Regarde-moi, s'il te plaît, je suis surpris par son ton plein de tendresse et en même temps de supplication. Je finis par relever la tête et croise son regard. Des traces jonchent ses joues, prouvant que lui aussi a pleuré. Je sais que notre avenir est incertain, que plein de choses nous menace. Et c'est peut-être déplacé, mais je suis heureux aussi car je ressens les mêmes choses que toi. Je t'aime et c'est le plus grand bonheur que je puisse ressentir que tu m'aimes aussi et que tu sois avec moi. Et sache que ce bonheur, je suis prêt à le défendre jusqu'au bout. Je te promets que je vais vivre et que je ne m'isolerai plus et pour une bonne raison. Car jamais tu ne me quitteras, je vais trouver une solution, mais tu resteras avec moi, je refuse de te perdre. Je sens une chaleur envahir mon cœur, même si au fond de moins je sais que son souhait est vain. Il pose ses mains sur mes joues tendrement. Je t'aime plus que tout, Alan.

Il se penche et nos lèvres se joignent chastement avant de se séparer et nous nous serrons fort dans les bras, ma tête posée sur son torse tandis que la sienne est plongée dans mon cou. Nous restons quelques instants comme ça, profitant de la chaleur de l'autre. Puis je me recule un peu et décide de retrouver le sourire.

- Bon, je me déplace à côté de lui et regarde ce qu'il y a sur le plan de travail. Je peux t'aider à faire quoi ?

- Tu peux couper les légumes si tu veux, je vais m'occuper de la viande. Il me répond avec un sourire.

Nous commençons à préparer le repas côte à côte, discutant comme si de rien n'était, nous regardant tendrement par moments. Nous partageons un moment d'intimité du quotidien qui nous permet d'oublier pour quelques instants nos soucis.

Une fois la préparation du repas finie, Jason et Nolan nous rejoignent et mettent la table pendant que nous amenons ce que nous avons préparé.

Une fois installés et servis, nous entamons notre repas tout en discutant de ce qu'il va se passer et de ce que nous pouvons faire. Un plan commence à se dessiner, mais il nous reste tellement d'inconnues. Mais surtout le plus important, ce sont les pouvoirs des sorciers noirs et en particulier ceux de leur chef que nous ne connaissons pas. J'espère vraiment que nous serons assez forts, mais de toute façon nous sommes prêts à prendre tous les risques pour sauver Mirna et Eloa et puis nous ne pouvons pas les laisser prendre le pouvoir et tout détruire.

Seuls Liron et moi connaissons les risques que j'encours et je refuse d'en parler aux autres, ça leur rajouterait des angoisses et il y en a déjà assez comme ça.

Une tension monte entre nous quatre quand Nolan et Jason insistent pour nous accompagner.

- C'est impossible, s'énerve Liron. Vous avez lu la lettre tous les deux, si nous y allons accompagnés, ça mettra les autres en danger. 

- Je sais, répond Jason calmement. Mais nous en avons parlé tout à l'heure avec Nolan et nous sommes tous les deux d'accord. Nous refusons que vous affrontiez tout ça seuls. Vous êtes tous notre famille et nous devons vous aider.

Je réfléchis à ses paroles et je sens Liron près de moi prêt à se lever, mais je pose ma main sur sa cuisse l'arrêtant dans son élan.

- Si vous tenez tellement à nous aider, je les regarde dans les yeux chacun leur tour. Je suis d'accord. Par contre, il va falloir que vous fassiez ce que je vais vous expliquer. Les deux cousins me regardent attentifs à tous mes mots. La première chose, c'est que vous ne pourrez intervenir qu'une demi-heure après que nous soyons entrés dans leur repaire. Nous nous organiserons pour les occuper assez, histoire qu'ils ne repèrent pas votre intervention. J'ai besoin que vous fassiez quelque chose de très important pour moi.

Et je commence à leur dévoiler le plan qui vient de germer dans mon esprit. Il ne faut pas oublier que j'ai une formation militaire et que je suis plutôt bon en stratégie. 

J'espère vraiment que tout se passera bien, mais nous devrons faire avec beaucoup d'inconnues et je crains les grains de sable qui risquent de gripper les rouages de mon plan.

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