Chapitre 16

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PDV Liron

Je suis debout face à mon père qui me regarde d'un air méprisant. Je ne comprends pas, pourquoi cet homme qui prend soin de moi depuis mon plus jeune âge me regarde de cette manière. Il jette une lettre à mes pieds.

- Tiens, regarde bien ce que ta mère t'a laissé comme souvenir. Il me crache ces mots au visage. Qu'est-ce qu'il se passe, maman vient de nous quitter, elle se battait depuis des mois contre la maladie. 

Je me baisse pour ramasser le papier qui porte son écriture.

" Mon cher fils, ne m'en veux pas. Sache que tout ce que j'ai fait, c'était pour te protéger. Mais je sais que tu es en de bonnes mains, même si je ne suis plus là ... "

Arrivé à la fin de la lettre, les larmes coulent de mes yeux et je fixe cet homme qui me regarde avec haine et une pointe de peur pour la première fois de ma vie.

- Si j'avais su que tu étais ça. Il me pointe avec dégoût, jamais je ne me serais occupé de toi. Comment a-t-elle pu me cacher ça ! Tu es un monstre, un ignoble sang mêlé. Comment j'ai pu m'occuper d'un bâtard à moitié sorcier noir. Sors de chez moi ! Tu me dégoûtes. 

Chaque mot est un coup de poignard dans mon cœur. Tout s'écroule autour de moi. J'ai perdu ma mère, mais pas seulement. Je perds aussi tout ce qui faisait mon identité. J'essaie d'ouvrir la bouche, mais aucun son ne sort. Je le regarde, cet homme que j'admirais plus que tout, je sais depuis toujours qu'il n'est pas mon père biologique et c'est aussi pour ça que je l'aimais autant. La douleur est d'autant plus violente.

Je serre mes poings, et je sens l'injustice de ce qu'il se passe et une sorte de colère douloureuse monter en moi. Mes émotions doivent transparaître sur mon visage car je le vois reculer d'un pas, effrayé. Je prends une grande respiration pour me calmer.

- Ne t'inquiète pas, ma voix est froide comme de la glace, je le vois d'ailleurs frissonner. Je ne mettrai plus les pieds ici.

- Et ne t'approche plus jamais de Nolan. Il me hurle de loin.

Je fais demi-tour et passe la porte, la lettre toujours dans ma main. Quand j'entends une voix m'appeler.

- Liron, Liron. Ne pars pas, ne me laisse pas. Je me retourne et voit mon petit frère de huit ans courir vers moi. Je lui fais signe de s'arrêter.

- Je ne peux pas rester Nolan, Je le regarde, ce qu'il va me manquer. Je suis obligé de partir, nous ne pourrons plus nous voir.

- Mais moi je t'aime grand frère. Il sanglote. Qui que tu sois je t'aime. Comment je vais faire sans toi ?

- Ton père s'occupera bien de toi, et la famille de maman aussi. Ma gorge se noue. Je t'aime petit frère. Mais je dois partir.

Je me détourne pour partir d'un pas pressé. Ses pleurs s'éloignent au fur et à mesure que j'avance. Je passe le grand portail, et à ce moment-là mes larmes se mettent à couler sur mes joues.

J'ai 16 ans et j'ai tout perdu en quelques heures. Je suis seul.

Je me réveille et me redresse dans mon lit. Je regarde l'heure, trois heures du matin. 

Ce cauchemar, enfin plutôt ces souvenirs, ça faisait longtemps qu'ils n'étaient pas venus me hanter. Je sens les larmes sur mes joues. 

Je pars dans la salle de bain pour me rafraîchir le visage. Tout ça est certainement la conséquence de mes retrouvailles avec grand-mère. 

8 ans que je n'avais pas eu de contact avec la famille, même celle de ma mère. Quand ils ont su ce secret que ma mère m'avait caché toute ma vie, plus personne n'a cherché à rentrer en contact avec moi, à part elle et Jason. Je n'ai pas chercher à garder de lien avec eux car je sais très bien que le père de Nolan aurait coupé les ponts avec eux s'il l'avait su. 

Je préfère souffrir seul, que de faire souffrir les autres avec moi.

Je regarde mon visage dans le miroir, personne ne pourrait croire que j'ai du sang de sorcier noir qui coule dans mes veines.

j'ai appris pendant ces huit années à contrôler cette partie de moi. Je contrôle ma colère comme personne et je cache mes émotions derrière ce regard et ce visage froids. Au début ce ne fut pas simple, étant seul, mes accès de colère dus à la douleur d'avoir tout perdu étaient dévastateurs, je détruisais tout sur mon passage. Heureusement, Jason m'a retrouvé quelques mois plus tard et m'a aidé à gérer tout ça. Mais lui aussi j'ai fini par le rejeter, ne voulant pas souffrir de nouveau, ni lui faire de mal sans le vouloir.

Et puis, un an après avoir été jeté de la maison où j'avais grandi, je travaillais dans un bar comme serveur et de temps en temps je chantais pour ajouter quelques pièces à mon salaire. Et Lara est entrée dans le bar et m'a entendu chanter. Elle m'a proposé un contrat et j'ai accepté, si mon pouvoir pouvait au moins m'aider à m'en sortir. Mon succès a été fulgurant et voici ma vie aujourd'hui, solitaire comme je l'ai voulu.

Malgré tout avec l'arrivée de ces deux fées dans ma vie, je sens ma vie changer peu à peu. J'ai envie d'y croire, mais j'ai peur.

Je me dirige vers ma table de chevet et ouvre le tiroir. Je prends un papier plié en quatre. Je m'assois et le déplie délicatement. La fameuse lettre de ma mère. Dernier souvenir d'elle pour moi.

" Mon cher fils, ne m'en veux pas. 

Sache que tout ce que j'ai fait, c'était pour te protéger. Mais je sais que tu es en de bonnes mains, même si je ne suis plus là. Tu sais déjà que Marcus n'est pas ton père. Je t'ai toujours dit que ton père était un sorcier blanc qui était mort quand j'étais enceinte de toi. J'espère que tu me pardonneras, mais je t'ai menti. Quand j'ai rencontré ton père biologique, je suis tombée amoureuse de lui, je ne savais pas qui il était. J'ai cru à ses belles paroles, j'étais jeune et naïve. Seulement quand j'ai découvert que j'étais enceinte de toi, j'ai également découvert sa vraie nature. Il n'avait jamais voulu me présenter à ses amis et ses parents prétextant qu'il voulait me garder pour lui et que nous profitions de nos moments à deux. Mais ce qu'il ne m'avait pas dit, c'est que c'était un sorcier noir. Un soir, je voulais lui annoncer la bonne nouvelle de ma grossesse et lui faire la surprise, mais quand je suis arrivée près de chez lui, la fenêtre de son bureau était ouverte et je l'ai entendu discuter avec ses amis. Et c'est là que j'ai découvert qu'il s'était servi de moi, et qu'il commençait à se lasser de notre relation. Ensuite il a parlé de leurs recherches en tant que sorciers noirs et que je commençais à poser trop de questions, qu'il allait devoir m'éliminer, et pourquoi pas me torturer pour s'amuser un peu avant. Heureusement, notre relation était secrète et je ne lui avais pas parlé de ma famille. Je me suis enfuie pour te protéger, je suis retournée voir ma mère, qui m'a soutenue et j'ai rencontré Marcus qui m'a accepté ainsi que toi comme son propre fils. Grâce à vous deux et à ton frère j'ai été heureuse. Te voir grandir comme un jeune homme bon et généreux a rempli ma vie de joie.

Ne doute jamais que tu es un être exceptionnel, quoiqu'on te dise. Malheureusement, si tu lis cette lettre aujourd'hui, c'est que je ne suis plus là pour t'accompagner, mais tu trouveras toute l'aide dont tu auras besoin auprès de Marcus, je n'en doute pas.

Je t'aime mon fils, tu es merveilleux et gentil. Ne doute jamais de toi, je sais que tu feras le bien autour de toi. "

Comme à chaque fois que je lis cette lettre, j'ai un sourire amer. Je ne lui en veux pas de m'avoir menti. Je sais qu'elle a essayé de me protéger.

Je lui en veux d'avoir cru en la bonté de l'homme. Tu as eu tort, maman, je me suis retrouvé seul, et je ne suis pas sûr de faire le bien. 

Le visage d'Eloa et Alan apparaissent devant mes yeux. 

Mais pour eux, je promets d'essayer d'être meilleur et de les protéger même au péril de ma vie.


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L'Esprit des FéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant