L'Esprit des Fées

Chapitre 24

PDV Alan

- Tu n'as pas compris ! Liron crie. Je ne veux pas utiliser mon côté sombre, je ne veux pas vous blesser. Je refuse de m'entraîner et je veux que tu partes. Ne m'approche pas, laisse-moi tranquille. 

Je le regarde sortir et fermer la porte. Je suis tellement choqué de sa réaction que je suis pétrifié. Ses paroles tournent dans ma tête. Je comprends sa peur d'être rejeté pour sa nature, je suis bien placé pour me mettre à sa place. 

D'ailleurs, j'étais et je suis toujours sincère quand je lui ai dit que ça m'était égal. Pour moi, qu'il soit à moitié sorcier noir n'a aucune importance. Je sais qu'il est quelqu'un de bien et depuis que je le connais il me l'a prouvé un bon nombre de fois. Il ne nous fera jamais aucun mal et même le fait qu'il en ait peur, me prouve qu'il ne le fera jamais.

Mais ses dernières paroles et sa réactions m'ont énormément blessé. Qu'il ait peur d'accord, mais qu'il nous rejette comme ça, c'est insupportable. Toute ma vie j'ai été rejeté et je refuse de l'être à nouveau, surtout aussi violemment.

Je sens la colère monter en moi, il veut que je parte ? Très bien, je vais faire tout le contraire.

Mais tout d'abord, je dois m'assurer que quelqu'un puisse s'occuper d'Eloa, car vu ce que je m'apprête à faire, je risque de ne pas pouvoir m'en occuper dans les prochaines heures.

Je me dirige vers la porte de la chambre de Jason. Je vérifie l'heure, il est encore tôt, mais j'espère qu'il est réveillé. Je toque doucement à la porte, puis j'entends le froissement des draps de l'autre côté.

La porte s'ouvre doucement et je rencontre le regard fatigué mais bien éveillé de Jason. 

- Alan ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Il me demande la voix enrouée par le sommeil.

- Excuse-moi de te réveiller Jason, mais j'ai un service à te demander. Peux-tu t'occuper d'Eloa, s'il te plaît ?

- Oui, bien sûr. Tu as un problème ? Je sens une pointe d'inquiétude et de curiosité dans sa voix.

- J'ai surtout un problème à régler avec ton cousin, je ne peux empêcher ma colère de transparaître dans ma voix à l'évocation de Liron et je sens des petits crépitements dans mes doigts. Je dois lui parler et si je sais que tu t'occupes de la princesse, j'aurais l'esprit tranquille.

Jason me regarde les sourcils froncés, cherchant certainement à comprendre de quoi il retourne.

- Il a du sacrément te mettre en colère. Il m'observe d'un air un peu malicieux. T'inquiète pas, je m'occuperai bien d'elle. D'ailleurs je vais aller la voir dés que je me serais habillé.

- Merci, Jason. Je te revaudrai ça. Puis je commence à m'éloigner vers les escaliers.

- T'inquiète pas pour ça. Je pense que la leçon que tu vas donner à Liron vaut tous les services. Mais essaie de pas trop l'abîmer quand même. Il m'interpelle content de lui, puis quand je me tourne vers lui il reprend sérieusement. Vas-y doucement, tu ne le sais pas mais il en a bavé.

- Je sais, mais ce n'est pas une raison pour que je le laisse me traiter comme ça. Je vois la surprise dans le regard de Jason mais je ne prends pas le temps de lui expliquer et me précipite dans les escaliers.

J'arrive en bas et reprends ma respiration. Je sens tellement la colère monter en moi que je sens l'air vibrer autour de moi et en plus des crépitements dans les doigts, je sens une chaleur prendre possession de mon corps comme si je brûlais de l'intérieur. 

Je réfléchis où je pourrais le trouver. Je n'ai pas entendu la porte d'entrée, donc il doit être encore dans la maison. La seule pièce à laquelle je pense est sa salle de répétition. Je m'y dirige d'un pas assuré, bien décidé à lui dire ce que je pense.

J'arrive face à la porte et appuie sur la poignée. Je me rends compte qu'elle est fermée de l'intérieur. Je pousse un soupir et toque à la porte. Bien sûr, personne ne me répond. Je toque de nouveau cette fois plus fort et l'interpelle à travers la porte.

- Liron, ouvre-moi, je sais que tu es là. J'essaie de calmer ma voix, s'il se rend compte de mon état de nerf, ça m'étonnerait qu'il ait envie de m'ouvrir. Je peux comprendre que tu ne veuilles pas m'ouvrir mais au moins, réponds-moi. 

Il ne me répond pas et ça commence à m'agacer fortement, ma colère reprenant le dessus. L'air autour de moi tourne et j'ai même l'impression qu'il commence à chauffer.

- Ça suffit maintenant ! Tu crois que c'est une solution de fuir la discussion et de t'enfermer ! Je commence à crier.

- Laisse-moi tranquille, je ne veux pas te voir. J'entends sa voix hurler aussi de l'autre côté malgré l'insonorisation de la pièce. Il doit utiliser son pouvoir pour que je puisse l'entendre. Depuis que tu es entré dans ma vie, rien ne va. Je n'ai pas besoin de toi. Dégage !

Ce dernier mot, je le ressens comme un coup de poignard. Ce mot, mon père et mon frère me l'ont répété à longueur de journée depuis que je suis né. Toutes ces années de rejet et d'agressivité subie remontent du plus profond de mon cœur. La colère que je ressentais jusqu'à maintenant se transforme en rage.

Et si jusqu'à maintenant j'arrivais à museler mes émotions, maintenant ce n'est plus le cas. 

Je bouillonne littéralement. Mon corps me chauffe de plus en plus tandis que mes mains puis mes bras me picotent comme des milliers d'aiguilles sur mon épiderme, mais étrangement je ne sens aucune douleur.

Un tourbillon d'air m'entoure, et en moi le tumulte est le même. Je ne distingue plus ni le passé, ni le présent. Il ne reste que la colère et la douleur d'être rejeté une fois de plus, mais cette fois-ci, c'est la fois de trop. Peut-être est-ce parce que c'est Liron qui m'a rejeté que c'est si douloureux, mais dans le moment présent je suis incapable d'y réfléchir, et cette douleur prend possession de moi.

Le tourbillon s'agite de plus en plus tandis que mes mains commencent à me brûler. Je baisse mon regard vers elles et m'aperçoit que des flammèches apparaissent au bout de mes doigts. Je ne prends même pas le temps d'être surpris que mon corps réagit comme par instinct. Ma main droite fait un cercle et une boule mélangeant air et feu se forme au creux de ma paume.

Je relève mes yeux vers la porte et sans le contrôler, je lance cette boule. 

Devant moi la porte vole en éclat.

De l'autre côté Liron me regarde, les yeux grands ouverts, surpris.

💕💕💕