Duel en Terre du Milieu

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— T'as trouvé combien pour l'exercice six ?

— Moins huit.

Raphaël laisse tomber sa tête sur la table dans un juron avant de rabattre ses bras par-dessus.

— Ça fait dix minutes que je suis dessus et je trouve que des résultats positifs. Différents, précise-t-il, à bout.

Je me moque de lui gentiment.

— Ça n'a rien de drôle, Milano. Je suis en train de craquer, ça me prend la tête et je vais foirer mon exam lundi, c'est sûr !

— Ok. Pause.

Je pousse ma chaise dans un crissement. Ses yeux s'arrondissent alors que ses sourcils se froncent.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je vais nous chercher des glaces. Ça aide à réfléchir.

— Ah oui ? met-il en doute ma théorie.

— C'est scientifique. C'est Google qui l'a dit, j'avoue en enfournant un gros morceau de glace aux cookies qui brûle la bouche tant il est gelé.

Je fais le tour de la table et pose un bol rempli devant lui. Je tire ensuite la chaise à sa gauche.

— Laisse-moi voir ça.

Du bout des doigts, je fais glisser son cahier jusqu'à moi

— Mais qui êtes-vous et qu'avez-vous fait d'Elena Milano ?

— Fais-gaffe Drockfeler, sois sympa ou je te laisse te noyer dans tes larmes.

— Je pleurais pas.

— Ça va venir, lui promets-je avec un sourire qu'il ne peut que détester.

Je ne suis pas certaine qu'il soit vraiment attentif à mes explications. Il regarde à peine son livre, en fait, c'est sur moi qu'il se concentre. Il scrute ma nuque, mes ondulations retenues dans un chignon par un stylo à bille. Ses iris me brûlent, encore plus que la glace. Ma peau rougit là où il s'attarde, ma bouche, mon cou, mes pommettes. Je ne savais pas que c'était possible sans même dire un mot, sans esquisser le moindre geste. Encore une fois, Raphaël Drockfeler met à mal mes certitudes et je déteste ça.

Depuis qu'il m'a emmenée surfer, il agit bizarrement. Peut-être depuis mon anniversaire et cette foutue danse, comme l'a suggéré Maggie. Je le sens là où il m'évitait il y a encore quelques semaines. Il saute toujours sur la moindre occasion de m'agacer ou de déclencher une dispute mais ses yeux sont moins fuyants. Il me parle quand mon père est dans les parages, il ne se contente plus de me répondre comme il l'a si longtemps fait. Je suis larguée, parce que je ne comprends pas ce qui a changé entre nous, si changement il y a effectivement eu.

— Est-ce que t'as compris, maintenant ?

— Hum hum, grommelle le brun pour seule réponse.

— Est-ce tu as écouté au moins ? demandé-je sans oser tourner la tête, j'ai trop peur de ce qu'il pourrait se passer.

Trop peur de ce qu'il pourrait ne pas se passer. Mon cœur se met à battre plus vite en attendant sa réponse. Je l'entends respirer à un rythme régulier. Je peux presque entendre l'air filer entre ses lèvres. Ses lèvres. Il ne faut pas que je pense à elles, c'est bien trop dangereux. Beaucoup trop tentant. Parce que je ne les ai plus senties se presser contre les miennes depuis la finale du Super Bowl. Bien trop longtemps en somme.

— C'est le moment où tu es censé me mentir, précisé-je plus pour me donner une contenance que pour le dérider.

C'est un manque physique, voilà tout. Ce serait la même chose avec n'importe qui d'autre. Sauf que ce sont ses lèvres à lui, et qu'elles sont tout près. Bien trop près.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 02 ⏰

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