Chapitre 6

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- Mais, si tu es une... sorcière aussi douée, pourquoi as-tu eu besoin de l'aide d'un canapé... mécanique ?

- Ne sous-estime pas ce canapé, mon cher Hugues. Il a bien plus de capacités que tu ne l'imagines. Il est contrôlé par un petit ordinateur central et possède des centaines de capteurs. C'est grâce à eux que tu as pu être maîtrisé si facilement. L'avantage d'avoir une telle aide avec moi c'est que cela ne puise pas dans mon énergie magique. Vois-tu, à chaque fois que je lance un sort, cela me demande un certain effort qui varie en fonction de la difficulté du sort. Et bien que je dispose de pouvoirs considérables, je ne peux utiliser qu'une certaine quantité d'énergie magique chaque jour. Le sort de transformation que j'ai utilisé sur toi était nouveau pour moi. Je ne l'avais jamais fait. Donc je ne savais pas quelle quantité de magie j'aurais besoin pour te métamorphoser puis te ramener à ton état normal. Il aurait été fâcheux et frustrant pour nous deux de te garder sous cette forme toute la nuit, le temps que je récupère.

- Mais alors, ça t'a demandé beaucoup d'énergie ? Le résultat a été très surprenant et surtout cela a duré quand même pas mal de temps. Pas loin d'une demi-heure, non ?

- Étrangement, cela a été assez facile et surtout cela m'a demandé moins de puissance que le sort d'attraction et ses modifications dans la soirée. C'était même très simple à faire. Je dirais...

Agathe fronça légèrement les sourcils et sembla se jauger elle-même.

- Je pense que je serais capable de te transformer en culotte et te ramener une douzaine de fois par jour, peut-être plus si je n'ai pas trop utilisé ma magie les jours précédents.

Un frisson incontrôlable parcourut tout mon corps. L'idée d'être métamorphosé de la sorte douze fois par jour était effrayante. Être sa culotte occasionnellement était une chose mais la transformation en elle-même n'était pas un processus très agréable à subir.

- Mais ça ne serait pas très drôle et puis je ne veux pas... ajouta Agathe avant de prendre un air plus grave. Bon, maintenant je dois décider ce que je vais faire de toi. Je ne peux pas te laisser partir et prendre le risque que tu dévoiles à tout le monde mon secret. Même si je doute qu'on puisse te croire si tu te mets à claironner que je suis capable de te transformer en lingerie de soie. Je vais devoir effacer tout cela de ta mémoire.

Mais cette idée ne me plaisait pas davantage. J'avais aimé être aussi près de son corps et je ne voulais pas l'oublier. Je voulais même m'en souvenir jusqu'à mon dernier souffle. La seule idée qui me vint en tête fut la fuite. Je me précipitai donc vers la porte.

- Ne pars pas ! gronda Agathe.

Dans un miroir en pied qui se trouvait devant moi, je vis la culotte blanche qui cachait le boîtier de commande du canapé s'élever dans les airs avant de foncer sur moi. Avant que je puisse réagir, il vint se plaquer sur mon visage en me voilant à moitié les yeux. Cependant, je voyais suffisamment pour distinguer que d'autres sous-vêtements jaillissaient des tiroirs d'une commode et fondaient sur moi. En un instant, je fus sanglé par des culottes, des bas qui s'entouraient autour de mes jambes et de mes chevilles. Un soutien-gorge me retint par le cou. Et quand je voulus crier, un string en dentelle violette s'enfonça dans ma bouche. Toute cette lingerie fine conjuguait ses efforts pour me maintenir sur place, resserrant son emprise à chacune de mes tentatives pour me libérer. Et seuls quelques borborygmes parvinrent à sortir de ma bouche.

Agathe s'approcha de moi d'un pas tranquille et gracieux.

- Oh, comme c'est vilain ça, mon petit Hugues. Ce n'est pas bien de vouloir s'enfuir de cette façon sans que je t'en ai donné la permission.

Elle gesticula deux doigts de la main droite et je me sentis attirer vers le canapé par les dessous qui ne relâchèrent pas leur emprise. Quand je fus devant le sofa, elle me poussa d'une pichenette. Ce fut suffisant pour me faire basculer. Impuissant, je ne pus que rester allongé à moitié aveugle et muet, sans l'aide des gadgets qui se cachaient dans ce meuble.

Agathe se tenait devant moi, immobile dans une jupe en tweed sobre, un chemisier, ses chaussures à talon et sa veste sombre. Moi j'étais dans mon costume de la veille recouvert par une quantité de sous-vêtements féminins. Le contraste devait être ridicule.

- Que dois-je faire de toi, Hugues ? Je ne peux pas te laisser partir, tu le sais. Mais je ne peux pas te faire disparaître non plus. Trop de gens se poseraient des questions et sauraient que nous sommes partis ensemble cette nuit. De plus, j'ai trop d'affection pour toi pour te faire ça. On se connaît depuis si longtemps toi et moi. Et tellement mieux depuis cette nuit.

Elle s'assit à côté de moi, et comme la veille, elle passa ses doigts dans mes cheveux.

- Tu sais, cela rendrait les choses plus simples si tu étais plus coopératif. Nous pourrions y trouver notre avantage tous les deux. Mais pour cela, il faudrait que je puisse compter sur ton silence. Peut-être que je pourrais trouver un sort qui t'empêche de parler de sorcellerie. Mais cela ôterait un peu de saveur si je devais te contraindre par la magie.

Je l'entendis fredonner une incantation dans la même langue mystérieuse que lors de ma transformation et cela me glaça. Heureusement, je fus soulagé en constatant que mes entraves se relâchaient et que son string violet glissait hors de ma bouche. Cela ne fut pas une libération totale mais juste un geste de bonne volonté de sa part. Un mauvais geste et j'aurais été immédiatement fait de nouveau prisonnier.

- Je ne veux pas que tu effaces mes souvenirs de cette nuit, protestai-je. J'ai tellement aimé ça. J'ai même envie de le revivre, mais de façon raisonnable, pas douze fois par jour. S'il te plaît, ne me fais pas oublier.

- Alors ce n'était que ça, s'écria-t-elle en m'offrant son sourire le plus resplendissant. Je croyais que tu avais peur de moi et que tu voulais me fuir.

- Pas du tout !

- Alors tu vas coopérer ?

Je sentis le soutien-gorge autour de mon cou se mettre à frémir.

- Oui, je le ferai.

- Très bien. Alors finissons notre petit-déjeuner et nous verrons comment nous organiser.

Agathe effectua quelques pas en direction de notre petit-déjeuner avant de faire demi-tour et se planter devant moi. Elle claqua des doigts et toute sa lingerie s'envola pour retrouver sa place. Elle m'offrit un sourire tendre et déposa un petit baiser sur mes lèvres.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant