Chapitre 7

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Agathe était donc une sorcière. Après la nuit dernière, je commençais à entrevoir tout ce qu'une relation pouvait engendrer avec ce genre de femme.

Nous étions assis en train de finir notre petit déjeuner dans le salon de mon amante. Je l'observai légèrement. Dans sa tenue habituelle élégante mais austère, rien ne pouvait laisser présager d'un tel pouvoir et surtout d'une telle sensualité. Elle me détailla un instant puis elle me lança un regard d'un air interrogateur.

- Tu ne peux pas sortir d'ici habillé en tenue de soirée, Hugues. Les gens pourraient penser s'imaginer que tu as passé la nuit ici. J'ai une réputation à tenir moi.

Bien sur que j'avais passé la nuit ici, avec elle. Je me sentis froissé de constater que cela la dérangeait que des personnes puissent le savoir. Étais-je si peu fréquentable ? Et puis, elle ne m'avait pas trop laissé le choix non plus. Irrité, je lui répondis :

- À moins que tu aies quelque chose de convenable pour un homme dans ton dressing, je ne vois pas comment je pourrais me changer.

Bien évidemment, je savais que dans notre ville, et surtout au sein de notre confrérie, les ragots circulaient rapidement et que me voir sortir de la sorte officialiserait une relation dont je ne savais même pas si elle était en train de naître ou pas.

- Mmmh, fit-elle pensivement. Je ne vois rien qui puisse te correspondre. Par contre, je pourrais te transformer et te porter jusqu'à chez toi.

Je grimaçai devant cette proposition. Elle m'avait transformé en culotte et m'avait porté. Mais cela avait eu lieu dans un moment d'intense excitation entre nous et cela nous avait conduit à un grand plaisir partagé. Mais là, il s'agissait d'être transformé dans un but moins érotique et cela ne me tentait pas particulièrement. Elle vit sur mon visage que ce projet me chagrinait. Elle essaya de me rassurer.

- Cela ne durerait que le temps de faire le trajet jusqu'à ta maison. Je choisirais quelque chose d'innocent pour te transformer. Une chose que les gens ne remarqueraient pas. Je ne vais pas te métamorphoser en sous-vêtement une autre fois. Je dois pouvoir conduire sans être excitée par ta présence, et si je te transforme encore en culotte, je doute que ni toi ni moi soyons capable de rester sage. Il faut que je trouve quelque chose que je porte normalement à l'extérieur.

Cela suffit à apaiser un peu mon esprit. Au moins, elle prenait en compte mon ressenti et n'agissait pas égoïstement.

- Je te fais confiance, Agathe. Mais je préférerais être changé en une chose qui me permette de profiter du trajet, j'ai besoin de prendre l'air, tu vois ? À moins que cela nuise à ta réputation...

Agathe posa une main rassurante sur la mienne, et se fit tendre dans ses paroles.

- Ne te vexe Hugues. Finis ton petit déjeuner et déshabille-toi. Je vais mettre tes vêtements dans un de mes sacs de voyage pour les transporter.

Et c'est ce que je fis. Après avoir avalé une dernière gorgée de café, je retirai mes vêtements et les plaçai dans un petit bagage à main. Cela me troubla de me retrouver nu à nouveau devant elle. D'autant plus que son regard s'attardait sur moi, et principalement sur mon sexe qui ne tarderait pas à s'éveiller si elle ne se dépêchait pas.

- Je suis prêt, dis-je pour l'inviter à accélérer.

Elle sortit dans le couloir et se mit à fouiller dans une armoire. En quoi allait-elle me changer ?

- J'ai trouvé ! s'écria-t-elle avec enthousiasme.

Ma sorcière réapparut en tenant l'objet derrière son dos.

- Hugues, prends ma main, s'il te plaît.

J'aurais préféré connaître le sort qui serait le mien, mais étais-je vraiment en situation de négocier devant une personne munie de tels pouvoirs ? Et puis protester risquait de me voir assaillit à nouveau par une horde de culottes, bas et autre lingerie. Je n'avais qu'à me résigner. Poussant un léger soupir, je lui donnai une main légèrement tremblante. Elle tenta de dissiper mon malaise avec un sourire.

- Merci de me faire confiance, ajouta-t-elle. Ça me touche.

Agathe se mit à marmonner une incantation toujours aussi incompréhensible mais avec cette petite pointe mélodique derrière chaque syllabe. Et puis je sentis mon corps changer d'état. Avec cette sensation d'inconfort, ma transformation s'était mise en route. Je rétrécis en une poignée de seconde. Retenu entre les doigts de mon amie, je devins un chapeau. Un chapeau délicat et féminin, mais un chapeau quand même. Elle tira l'original qu'elle cachait derrière son dos et compara le résultat de son sort. À sa mine satisfaite, j'en conclus que son œuvre était à la hauteur de ses attentes.

Ma belle magicienne me plaça sur sa tête délicatement. Je me suis ajusté sans effort sur sa longue chevelure noire aux ondulations gracieuses. Mon pan arrière descendait jusque sur sa nuque. Ses cheveux sentaient merveilleusement bon. Des volutes de parfums caressaient mes bords. Cette délicate senteur de lilas et de groseille me rappela quelque chose sans que je puisse dire quoi exactement. Mais elle éveilla mes sens. Même ainsi, le désir n'était jamais loin quand j'étais en contact avec Agathe.

Elle attrapa le sac dans lequel se trouvait mes vêtements de la veille et quitta sa maison du bord du fleuve. Quand elle grimpa dans sa voiture, je crus qu'elle devrait me déposer sur le siège passager. Mais ce ne fut pas le cas. Je n'étais pas si haut et je pouvais être porté sans risque de me cogner au plafond. Elle démarra le moteur et prit la route qui menait jusque chez moi.

- Tu vois, tout se passe bien, me dit-elle.

Je fis pression légèrement contre sa nuque pour lui répondre.

- Tu apprends vite à contrôler ton nouveau corps, me félicita mon amie.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant