Chapitre 11

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Il fallait que j'explore mes possibilités. Après un rapide tour d'horizon de ce que j'étais à cet instant, je me focalisai sur l'ourlet de la jupe ainsi que sur la fente à l'arrière qui permettait aux jambes d'Agathe de bouger plus facilement afin d'avancer sans entraves. Le plus discrètement possible, je m'efforçai d'agir sur eux en prenant soin de ne pas être démasqué. Lors d'une pause de ma sorcière préférée, je parvins une fraction de seconde à resserrer les pans de sa jupe au niveau de la fente et à contracter l'ourlet. J'aurais aisément pu faire plus, mais je gardais cela pour plus tard. Je devais attendre le moment opportun pour effectuer ma petite vengeance.

L'occasion se présenta bien plus rapidement que je ne l'aurais imaginé. Au bout de la longue plage que nous venions de remonter, se trouvait une petite dune perpendiculaire à la mer et qui séparait la plage publique et aménagée d'une autre plage plus sauvage et désertée. Pour la gravir, il fallait qu'Agathe allonge la foulée. Je profitai du moment où elle avançait loin vers l'avant sa jambe gauche pour rassembler les pans de la jupe et resserrer l'ourlet. Replié sur moi même, j'entravais ses jambes et les ramenait l'une contre l'autre. Déséquilibrée et emprisonnée, Agathe tomba sur le ventre au sommet de la petite dune.

- H... Hugues ! bégaya-t-elle en crachant quelques grains de sable. Qu'est-ce que tu fais ?

J'avais réussi mon coup et j'étais satisfait. Je maintins mon emprise pour l'empêcher de se relever trop vite. Puis une autre idée parcourut mon esprit. Je me contractai davantage au point où tout le tissus en tweed de la jupe épousa les formes d'Agathe, faisant comme une seconde peau sur ses jambes, ses fesses et son pubis. Je contrôlai si bien la matière que j'avais l'impression d'avoir des mains et des doigts sur la fibre. J'ai donc commencé à faire pression au niveau de son entrejambe. Cette caresse la fit réagir vivement. Elle tenta d'abord de s'en libérer tout en jetant des regards inquiets dans tous les sens. Personne ne pouvait nous voir. Plus elle luttait et plus mes « doigts » parvenaient à se frayer un passage. Je parvins à faire pression sur sa culotte en dentelle pour qu'elle se plaque contre son sexe dont je devinais l'humidité grandissante. Je me mis à lui caresser le clitoris. Agathe cessa de lutter et me laissa agir librement. Son sang s'était accéléré. Sa respiration devint plus sonore. Et puis, après s'être contrôlée, elle lâcha :

- Oh mon dieu... Continue ! Ne t'arrête pas...

Cela me coûta beaucoup d'effort, mais je n'interrompis pas mes caresses. Si j'avais fait autant d'effort sous mon apparence naturelle, j'aurais sûrement ruisselé de sueur. Heureusement, Agathe jouit avant que mes derrières forces ne me quittent. Je ne parvenais même plus à maintenir la pression du tissus sur sa peau. Toutes mes fibres se relâchèrent.

Agathe se releva et me brossa doucement du bout des doigts.

- C'était vraiment merveilleux, mon chéri. Je ne pensais pas que tu pouvais faire tant de choses en changeant d'apparence. Je suis contente de t'avoir transformé en jupe même si ce n'était pas forcément nécessaire.

Pas nécessaire ? Comment ça, pas nécessaire ? Comme si elle avait lu en moi, elle répondit à la question qu'il m'était impossible de formuler.

- J'aurais pu nous sécher tous les deux avec un sort extrêmement simple. D'ailleurs, quand nous avons laissé nos vêtements derrière nous tout à l'heure, je l'ai fait. Ils nous attendent à la même place, mais aussi propres et secs que s' ils sortaient d'une armoire. Je t'ai joué un petit tour à ma façon. Mais tu me l'as agréablement fait payer. Nous sommes quittes. Et si on retournait là-bas ? Fais moi un petit signe pour me montrer que tu es d'accord, s'il te plaît.

Je rassemblai mes dernières forces pour lui caresser les jambes. Mais ce fut la seule chose dont je fus capable.

- Très bien, alors rentrons et je te redonnerai ta vraie forme.

Tout au long des hectomètres qui nous séparaient de nos affaires, je me détendis autour de sa taille. Je me laissai bercer par chaque pas qu'elle faisait dans le sable ? Ses doigts me caressaient parfois négligemment. Un demi-sommeil proche de l'hypnose s'empara de moi, doucement balancé par sa démarche chaloupée. C'était tellement agréable d'être si près d'elle, de sentir ses muscles bouger. Le frottement de ses jambes sur ma doublure était d'une volupté exquise. Quand elle arriva devant nos vêtements, elle descendit la fermeture éclair et me fit glisser le long de ses jambes. Je me collai à sa peau le plus possible pour m'imprégner de sa douceur et son parfum.

Et puis, sans que je m'en rende vraiment compte, je fus de nouveau moi-même, à genoux, nu sur le sable, la tête entre ses bras.

- Hugues ? Tu vas bien ?

Sa voix laissa transpirer une pointe d'inquiétude.

- Je suis juste un peu fatigué. Faire bouger cette jupe m'a demandé beaucoup de force. Je pense que j'ai besoin d'un peu de pratique pour gagner en endurance.

- Mais tu l'as fait avec brio, me félicita-t-elle en m'attirant contre son sein.

Rien que pour cette récompense, le jeu en avait valu la peine. C'était le bonheur. Je finis par m'assoupir un moment, serré par ces bras affectueux.

Je fus réveillé par ses baisers. Il faisait presque noir. J'avais dormi plus que je ne l'avais pensé. Agathe m'expliqua qu'elle m'avait rhabillé quand elle avait vu des promeneurs approcher dans notre direction. Un peu groggy, je regardai autour de moi. J'avais toujours la tête posée sur sa poitrine. À l'horizon, le soleil avait les pieds dans l'eau. La marée était déjà bien remontée. Je me redressai et passai les mains sur mon visage pour me réveiller. Ma chérie en profita pour se lever et me tendre la main pour m'aider à en faire de même.

Nous regagnâmes lentement la voiture. Je me sentais guère plus vaillant qu'un pantin désarticulé ou un vieux bout de chiffon.

- Je pense que je ferais mieux de conduire pour rentrer. Tu as l'air trop fatigué pour prendre le volant.

J'acceptai sans protester. Habituellement, je n'étais pas homme à laisser le volant à quelqu'un d'autre, mais j'étais conscient de mon état. Dès que je pris place sur le siège passager, le sommeil m'envahit de nouveau. Je vis à peine Agathe s'asseoir à ma gauche.

Je dormis tout le long du trajet. Ce ne fut que lorsqu'elle stationna la voiture devant chez moi, que j'émergeai enfin. En voyant l'heure sur le tableau de bord, j'eus du mal à en croire mes yeux. Agathe nous avait ramené en un temps record. Derrière la sorcière, se cachait aussi une excellente conductrice.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant