Chapitre 22

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Quand je repris connaissance, ma tête reposait sur l'épaule d'Agathe. Celle-ci passait doucement ses doigts dans mes cheveux.


- Toi aussi, tu l'as ressenti ? ai-je pensé.


Je n'avais plus besoin de faire autre chose que penser pour lui parler.


- Oui, me répondit-elle de la même façon. Je crois que nous sommes mariés maintenant, même si...

- Je suis d'accord, dis-je en pénétrant ses pensées sans lui laisser le temps de continuer. Il est essentiel que nous passions à l'église, et vite.


Je ne sus pas pourquoi je venais de prononcer ces mots, mais ils me semblaient être les seuls à devoir être prononcés. Elle me répondit en murmurant :


- Oui, c'est indispensable. Je ne sais pas comment tu l'as compris, mais avec ce qu'il vient de se produire, nous devons nous marier avant la prochaine réunion de mon clan. Nous devons être spirituellement unis pour qu'il ne soit plus possible et licite de nous séparer et...

- Et rompre ce qui vient d'être fait.


Les mots m'étaient venus naturellement sans comprendre qu'il s'agissait d'une formule propre à l'union de deux sorciers. Agathe déversa en moi une dose d'amour sans que pour cela des mots soient nécessaires.


- Nous irons voir un prêtre dès demain. Si il n'était pas si tard, nous y serions allés maintenant même, assurai-je.

- Je connais le prêtre qu'il nous faut. Il connaît notre existence et il fera le nécessaire, m'expliqua ma compagne. Et maintenant, qu'as tu envie de faire ?

- Je suis fatigué. Que dirais-tu d'aller au lit ?

- D'accord, allons nous coucher.


Je détectai une pensée fugitive de sa part mais je l'écartai sans m'attarder. Je n'étais pas encore en pleine possession de mon don et surtout pas assez à l'écoute des signaux incontrôlés qu'Agathe pouvait laisser échapper.


L'entrée dans la chambre fut accompagnée d'un excès de timidité mutuelle. Après ce que nous avions partagé d'aussi intime, cette sensation paraissait décalée. Agathe se changea dans la salle de bain. Elle revint dans la chambre revêtue d'une longue chemise de nuit en coton blanc, rappelant celles que l'on portaient il y a plus d'un siècle. Une tenue parfaitement basique et sage. Pour ma part, j'optai pour un boxer-tee shirt simple, alors qu'en cette saison j'avais l'habitude de dormir nu.


Quand nous nous couchâmes, Agathe vint se serrer contre mon épaule. Sa chemise de nuit recouvrait une partie de ma jambe gauche. Cette proximité provoqua une forme d'apaisement et de satisfaction en moi. Je m'endormis en quelques minute seulement.


Plus tard dans la nuit, je fus réveillé par l'étrange sensation qui accompagnait les transformations. J'étais en train de rétrécir dans la main d'Agathe, ne pouvant que la regarder me sourire.


- Bonjour, mon chéri. Je suis contente que tu te sois réveillé à temps. J'avais envie de te sentir plus prêt de moi pour finir la nuit, alors j'ai décidé de te transformer un peu. Je suis heureuse de voir que pour ce genre d'objet la magie fonctionne aussi.


Au fur et à mesure qu'elle me parlait, sa main devenait de plus en plus grande, jusqu'à ce que je sois assez petit pour tenir dans sa paume. Ensuite elle s'assit et remonta sa chemise de nuit jusqu'à la taille pour dévoiler son petit buisson. Elle m'approcha de son sexe et me glissa dans son vagin. J'étais devenu l'un de ces objets vibrants que les femmes peuvent introduire dans le vagin, de la taille d'un doigt en circonférence et d'un auriculaire en longueur. Agathe m'avait transformé en sex-toy.


Ma première réaction fut d'être surpris de constater que ma fiancée possédait ce genre de jouet intime. Puis en glissant lentement en elle, je mis cet étonnement de côté pour profiter de l'instant. Les parois de son sexe m'entouraient et me maintenaient en place. C'était chaud, humide et sombre. D'abord un peu crispé, je me détendis et laissai mes sens agir. Je percevais ses pensées où l'excitation dominait tous les autres sentiments. Elle m'avait totalement absorbé et me savoir totalement enfouit dans son intimité accroissait son désir. Les parois de son vagin se mouvaient avec une ferveur palpitante. Aussi bien physiquement qu'émotionnellement, Agathe était transportée de plaisir. Elle entra dans mon esprit pour me déclarer :


- Hugues, mon amour. Tu es à moi. Je ne te laisserai jamais partir. Maintenant tu es en moi et tu n'en bougeras plus ! Ta place est ici.


Si je n'avais pas ressenti toutes les émotions que ces mots véhiculaient et le sens de sa pensée, j'aurais pu prendre peur. Je n'avais pas envie de passer ma vie en une sorte de minuscule oeuf vibrant. J'adorais être là, à cet instant, mais pendant des années aurait été une autre histoire. Mais j'avais compris la signification de ses pensées. Elle me voulait physiquement en elle pour le reste de la nuit, et lié dans cet état de fusion émotionnelle pour toujours.

Je perdis ensuite le contact avec ses pensées et ses émotions quand elle s'abandonna au plaisir. Tout son être s'était retiré dans la quête de l'extase. J'ai alors vite succombé à cette invitation. Pourquoi résister à l'ivresse des sens que me procurait cette nouvelle enveloppe qu'était la mienne ? Je me mis à vibrer. Je testai les différents formes de vibrations que je pouvais produire puis je les enchaînai en variant sans cesse pour la surprendre. J'étais littéralement recouvert de son nectar si abondant que j'aurais quasiment pu me noyer dedans. Pas un seul fragment de mon corps en silicone n'échappait à ce bain d'excitation.


Combien de temps tout cela a-t-il duré ? Je l'ignore. Mais cela ma parut être bien plus long que les précédentes métamorphoses que j'avais vécues. Comme si durant ces minutes, le temps avait été suspendu. Agathe avait jouis plusieurs fois en se contractant violemment autour de moi. À chaque orgasme, je me mettais à vibrer à mon maximum pour faire durer la vague de plaisir plus longtemps encore. Ensuite son corps se relâchait et se détendait. Dans ces moments plus aucune sensation ne nous reliait. J'étais comme coupé d'elle. S'endormait-elle ? En tout cas, de mon côté, j'étais bercé par le pouls de son sang qui affluait dans les veines qui tapissaient les parois vaginales. Et puis elle sortait de ce repos pour me demander de recommencer. Sans attendre, je me remettais à faire varier mes vibrations jusqu'à la jouissance suivante qui me submergeait, m'avalerait et m'écraserait pour mon plus grand bonheur.


Ses doigts finirent par venir me chercher et me retirer. La lumière de la chambre m'aveugla. Elle me tint, ruisselant, dans le creux de sa main puis elle murmura son incantation.


Je repris forme humaine devant elle. J'étais trempé de la tête aux pieds comme si je venais de sortir d'une piscine. Même mes cheveux étaient plaqués sur mon crâne.


- Bonjour, mon amour, fit-elle en souriant. Je crois que tu as besoin d'un bonne douche avant que nous allions à l'église.


Elle s'avança et malgré mon état, sans doute peu encourageant, elle m'embrassa avec amour.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant