Chapitre 19

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- Mais le sort dont tu t'es servi est parti et pourtant moi je suis toujours là, n'est-ce pas ?

- Oui, répondit Agathe d'une petite voix.

- C'est donc la preuve qu'il y a bien quelque chose entre nous deux. Je n'ai pas besoin de magie ou d'être ensorcelé pour vouloir être avec toi. Je veux...


Je m'arrêtai un instant pour être certain que ce que j'allais dire n'était pas l'expression d'un coup de tête. Je réfléchis quelques secondes puis je pris ma décision. Je me levai et je posai un genou à terre devant Agathe.


- Écoute-moi bien, mon ange.

- Qu'est-ce que tu fais, demanda-t-elle avec une surprise non feinte.

- Agathe, je veux que notre relation devienne officielle et que nous nous engagions l'un envers l'autre sur le long terme. Veux-tu devenir ma femme ?


La question la fit blêmir. Sa main tremblait dans la mienne. La façon dont elle me dévisageait laissait envisager deux choses : soit elle me prenait pour un fou, et peut-être qu'elle n'avait pas tout à fait tort, soit elle n'en croyait pas ses oreilles. Toujours fut-il, qu'un instant de silence plana pendant ce qui me parut une éternité.


- Tu le penses vraiment ? murmura-t-elle, le souffle coupé. Nous ne sommes ensemble que depuis vingt-quatre heures. Tu sais encore si peu de choses sur moi et ma vie de sorcière...

- Oui, je ne pourrai jamais être plus sincère, dis-je avant de répéter, Agathe, veux-tu être ma femme ?


Sa main libre vint se poser délicatement sur ma joue pour la caresser affectueusement avant d'attirer mon visage vers le sien.


- Oui, souffla-t-elle avant de le répéter avec plus de passion. OUI !


À son tour elle se mit à genoux devant moi et m'embrassa encore et encore, des larmes roulant sur ses joues. Nos baisers se multiplièrent sans que nous nous en lassions. Les seuls instants où nos lèvres se séparaient étaient pour que nous nous enlacions amoureusement. Étrangement, je ressentis comme une sensation de soulagement. J'avais fait une chose totalement insensée et cela avait fonctionné.

Juste avant de poser la question, j'avais repensé à toutes ces années où Agathe s'était tenue dans ma vie, le plus souvent de la façon la plus discrète possible, mais toujours d'une présence sans faille. Je la connaissais depuis si longtemps. Depuis le jour où elle et ma sœur avait franchi pour la première fois les portes de l'école maternelle pour devenir des amies inséparables. Jamais, pendant toutes ces années, elle n'avait fait preuve de la moindre méchanceté ou eu un comportement douteux. Elle avait toujours été proche de nous, y compris dans les moments difficiles. Sans doute trop proche pour que je puisse voir la femme exceptionnelle qu'elle était. Mais les dernières heures avaient mis fin à mon aveuglement. Je voulais construire ma vie à ses côtés.


Nous n'étions ensemble que depuis un jour et cela pouvait paraître fou. Mais ce n'était rien puisque nous faisions partie de nos vies depuis toujours. Soudain,cela ne me parut plus être une si grande folie.


- Demain, nous irons t'acheter une bague de fiançailles, annonçai-je quand notre démonstration de bonheur se relâcha.

- Vraiment ?

- Oui, ne perdons pas de temps pour cela aussi. Tu m'accompagneras pour que nous la choisissions ensemble. Je veux qu'elle te plaise et que tu sois fière de la porter.

- Dans ce cas, tu n'auras pas besoin de dépenser d'argent, mon amour, dit-elle. Je sais exactement la bague que je veux. Elle ne te coûtera rien puisque tu l'as déjà. Elle se trouve dans ta boutique.

- Ah oui ? Laquelle est-ce ?

- C'est l'anneau en or de style victorien avec des petits diamants incrustés qui se trouve dans le présentoir à bijoux, sur la gauche quand on rentre. Je crois qu'elle a une inscription à l'intérieur de l'anneau.

- Je vois, fis-je, sans vraiment être surpris par son choix. Il y est gravé Plus fort à deux que seul.

- C'est exactement ce que je ressens. Avec toi à mes côtés, je sais que je pourrais faire face à tout. Main dans la main, nous serons les plus puissants ensemble que nous le sommes séparément.


Joignant le geste à la parole, Agathe agrippa mes mains et les attira contre sa poitrine.


- Comment ça ? Que veux-tu dire quand tu dis que nous le sommes séparément ?

- Tu n'as donc pas compris ?

- Tu veux dire que pour nos affaires, nous devrions nous associer ?


Agathe se mit à rire en m'embrassant une nouvelle fois.


- Tu n'as donc toujours pas compris ? Tu es un sorcier. Je suis une sorcière. C'est pour cela qu'ensemble nous serons plus forts ensemble que séparément. Nous serons invincibles côte à côte.

- Mais je ne suis pas sorcier, moi. Bon, tu m'as dit tout à l'heure que j'avais des traces de magie en moi, mais de là à faire moi un sorcier...

- Émilie est une sorcière. Ta mère aussi. Dans sa jeunesse, elle était même la chef de son clan. Ton père possède la magie lui aussi. Tu ne le savais vraiment pas ?

- Non. Je savais qu'ils faisaient des trucs dans leur coin, mais je n'ai jamais cherché à savoir ce que c'était. Pourquoi ne m'ont-ils jamais rien dit ? Pourquoi tu ne m'as rien dit tout à l'heure quand on en a parlé ?

- Tu n'as rien vu parce que tu n'avais peut-être pas envie de voir. Tu as toujours été dans ton monde sans voir ce qui se passe autour de toi. Et je ne t'ai rien dit car je ne me sentais pas légitime de le faire. Tu remarqueras quand même que j'ai essayé de t'ouvrir les yeux en te disant que tu avais dans ton ascendance des gens qui possédaient la magie. Mais à présent, puisque je vais devenir ta... femme, je me devais de te le dire.

- Ça fait quand même beaucoup de choses à assimiler en peu de temps.

- Avec mon aide et celle de ta sœur, nous ferons en sorte de t'apprendre à maîtriser le don que tu possèdes. De ce que tu m'as montré, je pense que nous pourrons y parvenir assez rapidement, si tu y mets de la bonne volonté.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant