Nous quittâmes notre location de vacances pour nous rendre à pied dans le centre ville. Notre première quête fut de trouver l'office de tourisme local. Celui-ci se trouvait à proximité du château de la ville, haut point touristique de la cité. Nous pénétrâmes dans la place et rassemblâmes plusieurs brochures sur les attractions de la région.
Quand la responsable s'approcha de nous pour nous proposer ses conseils, nous lui demandâmes si elle connaissait de bons hébergements de tourisme. Elle nous en proposa plusieurs référencés sur un guide sans mentionner celui de notre hôte.
Agathe lui fit remarquer et demanda pourquoi le bed and breakfast de Betty Owen n'était pas plus mis en avant. L'endroit était bien tenu, la nourriture excellente, la tenancière fort aimable. Au fur et à mesure que ma petite amie énonçait les qualités de notre hébergement, je perçus une étrange sensation dont je compris rapidement l'origine. L'air de rien, Agathe était en train de se servir d'un de ses sortilèges pour faire entrer dans l'esprit de la responsable de l'office de tourisme la volonté de mettre en avant le B and B de Betty.
- Mais bien sur, fit la femme. Je ne sais pas pourquoi je ne vous en ai pas parlé. Je vais faire le nécessaire et rappeler à notre personnel de recommander Mme Owen à nos visiteurs. Et je demanderai au responsable de notre site informatique de faire en sorte que le lien de l'hébergement soit plus mis en évidence.
Nous quittâmes l'office de tourisme les mains pleines de brochures et la satisfaction d'avoir pu rendre service à notre hôte.
Pendant plus de deux heures, nous visitâmes le château à notre rythme. En passionnés de meubles anciens et d'histoire, nous fûmes dans notre élément. Puis nous décidâmes de nous rendre dans le centre ville pour faire les boutiques.
Notre intérêt se porta rapidement sur une sorte de dépôt vente. Ce genre de boutique était généralement en périphérie des villes. Sa présence en centre ville éveilla notre curiosité. Nous déambulâmes dans les rayons. L'immense majorité des objets présents n'avaient aucun intérêt pour les antiquaires que nous étions. Mais au détour d'une allée, nos mains atterrirent ensemble sur le même objet.
- Hugues ! siffla Agathe. Tu n'es pas censé acheter des choses comme celle-ci.
Cette « chose » était une longue robe de chambre en fine soie blanche qui ne devait rien dissimuler des formes de celle qui la portait.
- J'ai juste pensé que... ai-je commencé à chuchoter.
- Laisse-moi l'acheter, me coupa Agathe. Nous devons parler, mais pas ici.
Nous passâmes en caisse et ma compagne régla son achat.
- Pourquoi tu voulais acheter cette chemise de nuit ? Tu voulais m'en faire cadeau ?
- Oui. Dès que je l'ai vue, je me suis dis qu'elle t'irait très bien et que nous pourrions nous en servir pour... ce que tu sais.
- J'ai eu la même idée, me confia ma petite amie. Mais je n'ai pas l'habitude que quelqu'un m'offre ce genre de chose. Surtout pas un homme.
- Mais...
- Non mon chéri, ne dis rien. Je veux juste te dire que je suis heureuse que tu penses à me faire plaisir, mais c'est encore un peu embarrassant pour moi de passer devant une vendeuse pour me faire offrir des tenues un peu osées. Je crois que je suis sans doute un peu trop coincée en public.
- Je suis désolé mon amour, je n'avais pas pensé à ça.
- Je te propose quelque chose. Tu vas descendre la rue par la gauche et moi par la droite. Quand nous serons arrivés en bas, nous échangerons pour remonter. Est-ce que ça te va ?
- Je pense que oui. Mais je préférerais être avec toi.
- Moi aussi mon chéri, mais nous ne pourrions pas faire de surprise l'un pour l'autre.
Je fis contre mauvaise fortune bon cœur.
Une heure et demie plus tard, nous nous retrouvâmes dans un café où nous avions fixé notre point de rendez-vous. Nous étions affublés tous les deux de plusieurs sacs d'enseignes diverses. Nous nous installâmes à une table placée dans un petit coin isolé.
- Pff, souffla Agathe. Ma voiture ne m'a jamais autant manqué. Je crois que j'aurais pu la remplir plusieurs fois.
- Moi aussi. Quelle plaie de devoir trimbaler ses sacs. Et puis avec ma maladresse, j'ai failli tout renverser dans la boutique d'un décorateur. Ça me fait penser qu'il faut que je ramène la fourgonnette à une agence sinon ça va me coûter un bras si je la garde trois semaines.
- Oui je comprends. Et moi, je ne peux pas me servir de ma carte bancaire pour payer sans prendre le risque de dévoiler où nous sommes.
- Nous trouverons bien une solution, la rassurai-je.
- J'aimerais beaucoup visiter la région. Avec une bonne voiture, nous pourrions même trouver des antiquités.
- Si on va aux mêmes endroits pour nous ravitailler, on risque d'avoir envie de prendre les mêmes choses, tu ne crois pas ? J'ai pas envie d'être en concurrence avec toi.
- Il y a pourtant une solution qui me paraît pour le moins évidente, fit-elle avec un large sourire. La prochaine fois que nous ouvrirons nos commerces, nous serons mari et femme. Peut-être qu'il serait temps d'envisager de fusionner nos deux entreprises. Comme ça nous ne serions plus en concurrence. Et comme nos boutiques sont côte à côte, il n'y aurait qu'une ouverture à faire dans le mur.
- Tu as pensé à tout.
- Il faut dire que j'ai eu le temps d'y penser depuis toutes ces années, se moqua-t-elle avant de poser ses lèvres sur les miennes et de me tenir la main.
- Bon, finissons nos cafés et rentrons poser notre chargement. Ensuite je ramènerai la fourgonnette et nous regarderons les achats que nous avons fait.
En raison de l'embarras causé par nos sacs, nous regagnâmes lentement le bed and breakfast. Madame Owen n'étant pas dans les parages, nous allâmes directement dans notre chambre pour nous décharger de notre fardeau avant de ressortir pour la fourgonnette.
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Ensorcelé
FantastiqueHugues et Agathe se connaissent depuis l'enfance. Amis, ils possèdent tous les deux leur boutique d'antiquités dans la même rue. Au cours d'un dîner de gala où ils se rendent ensemble, Hugues va prendre conscience qu'Agathe est bien plus que la "Gir...