Chapitre 36

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- Peut-être qu'il conviendrait de ne pas laisser Hugues dans cette tenue. Si vos compagnons arrivent et le voient ainsi, j'ai peur que certains ne prennent peur. Soit il s'habille, soit je le transforme à nouveau. Qu'en pensez vous ?


Il y eut une discussion et le verdict pencha en faveur d'une nouvelle transformation. Je me déshabillai jusqu'à la taille puis d'une main je tint mon soutien-gorge et de l'autre la main de Hugues. Quand il fut métamorphosé, je le passai autour de ma poitrine avant de me recouvrir complètement avant l'arrivée des autres hommes. Chacun de mes gestes étaient scrutés par le clan.


- Émilie, veux-tu bien demander aux hommes de se joindre à nous, demandai-je. Mais avant que vous ne commenciez à agir sur eux, je pense que nous devrions leur expliquer que nous sommes en train de faire une expérience. Nous leur devons bien cela. Nous voir leur tenir la main pendant que nous chantons une incantation aurait de quoi les inquiéter.


Les hommes entrèrent quelques instants plus tard et prirent place à la gauche de leur sorcière respective. Chacune d'entre-elles choisirent un objet parmi ceux que je leur avais demandé d'apporter. Toutes, ou presque, optèrent pour un foulard comme lors de ma démonstration. C'était un objet simple pour commencer et il n'éveillait pas d'inquiétude chez les hommes présents. Seule Natacha, avec son assurance hautaine, préféra prendre une autre option.


Nous scandâmes le sort à l'unisson. Les hommes se transformèrent sous nos yeux et Hugues reprit sa vraie forme en déchirant mon haut. Il s'assit à ma gauche et regarda avec moi les femmes tenter de donner des ordres à leurs hommes afin de les faire agir avec leur nouvelle enveloppe.

Le résultat fut loin de leurs attentes. Aucun d'entre eux ne s'attendait à être transformé de la sorte. Il était même possible de ressentir la colère chez certains d'entre-eux. De plus aucun n'avait l'expérience de Hugues et très peu possédaient le don de la magie en eux. La plupart des foulards tremblèrent plus qu'ils ne bougèrent. Seuls un ou deux parvinrent à se plier sur eux-même au bout d'un effort surhumain.


Le mari de Natacha a rapidement compris les bases du mouvement. En lieu et place du foulard, elle avait opté pour une robe de bal majestueuse descendant jusqu'au sol pour la partie basse et formée d'un bustier corseté à lacets. Alors qu'elle s'évertuait à vouloir revêtir cette encombrante tenue, il agita ses lacets et resserra le bustier sur la poitrine de sa femme. Mais son mouvement fut si brusque et puissant qu'il écrasa le buste de Natacha au point de lui faire expulser la majeure partie de l'air dans ses poumons. La ceinture qui devait étreindre la taille s'envola autour de sa bouche et la bâillonna étroitement. Enfin les pans de la jupe se blottirent autour des jambes de ma rivale. Emmaillotée de la sorte, Natacha ressemblait à une momie grotesque.


Son visage devint rapidement rouge vif en raison du manque d'air. Malgré les différents qui nous opposaient, je me précipitai vers elle.


- Natacha, m'écriai-je en la fixant droit dans les yeux. Pense au sort, formule-le dans ton esprit et il s'arrêtera aussitôt !


Je tins le papier où la formule était écrite juste devant ses yeux. Sa bataille contre les liens formés par son mari l'empêchait d'être tout à fait concentrée. Je vis dans son regard qu'elle me rendait responsable de la situation. Comme si j'avais fait en sorte que son mari se retourna contre elle. Enfin, elle se maîtrisa et lut le papier. Sa robe se relâcha et se mit à rétrécir avant de faire réapparaître son conjoint. Natacha respira longuement afin de retrouver son souffle et de remplir ses poumons d'oxygène.

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