Chapitre 23

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Dès la douche prise et le petit déjeuner avalé, nous quittâmes les lieux en voiture. Comme elle m'avait dit savoir auprès de quel prêtre s'adresser, je la laissai conduire. Je n'étais pas un homme particulièrement croyant, mais je savais qu'Agathe était croyante et qu'elle fréquentait encore l'église tous les dimanches.

Elle nous entraîna devant l'église du quartier où nous avions grandi. Mes parents demeuraient à quelques encablures du vieil édifice religieux. À côté, se trouvait le cimetière où reposaient nos grands-parents respectifs.


Le curé, un vieil homme qui nous avait baptisés et vu grandir tous les deux, préparait l'office du matin. En nous voyant approcher, il chaussa ses lunettes et nous regarda d'un air interrogateur. Quand nous fûmes devant lui, il demanda à Agathe, sur le ton de la plaisanterie :


- J'espère que la messe d'hier matin ne t'a pas trop manqué, mon enfant. Et toi, Hugues, cela fait trop longtemps que tu n'as pas franchi les portes de notre église.

- Nous avions fort à faire hier, mon père, répondis-je humblement. Mais nous sommes ici pour vous parler tous les deux.


Les sourcils du religieux se soulevèrent perceptiblement en entendant le "tous les deux". Ses yeux se posèrent sur la main de ma petite amie enlacée dans la mienne.


- En effet, je crois que nous avons à parler. Avez-vous le temps pour une tasse de thé ou un café ? Je me dépêche de finir ce que j'ai à faire et je suis à vous.

- Oui, merci. Nous allons vous attendre, répondit Agathe pour nous deux.

- Bien, allez m'attendre au presbytère. Je finis ceci et j'arrive.


Nous sortîmes de l'église sous le regard du vieil homme. Pour nous rendre au presbytère, il nous fallut traverser le cimetière. Nous nous arrêtâmes instinctivement devant les tombes respectives de nos grands-parents en constatant pour la première fois qu'elles étaient presque voisines. Sans que nous ayons à nous parler tous les deux, nous leur demandâmes, par la pensée, de bien vouloir nous apporter leur protection et leur bénédiction. Après avoir appris tant de choses sur les sorciers en moins de deux jours, je me doutai que nos grands parents ne devaient pas être étrangers à ce monde là.


Le curé nous rejoignit rapidement, arborant une tenue civile.


- Il est toujours bon de se souvenir de ceux pour qui le combat est terminé, dit-il.


Agathe et moi échangeâmes un regard avant de nous tourner vers le prêtre.


- Oui, mes enfants. Je sais. Vous avez tous les deux un dur combat qui vous attend. Je prierai pour que vous en sortiez vainqueur. Mais allons prendre ce café.


Nous le suivîmes jusqu'au presbytère. Une religieuse s'y trouvait et ne sembla pas surprise de nous voir arriver de si bon matin. Ce fut elle qui nous servit après que nous ayons pris place dans le bureau du prêtre.


- Alors, je vous écoute.


D'une même voix, nous annonçâmes :

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