Chapitre 26

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Le lendemain matin, je me réveillai au son de la douche dans la salle de bain. J'avais repris mon apparence normale, portant boxer et tee-shirt tout en étant confortablement installé dans le lit. Agathe me rejoignit quelques minutes plus tard, élégamment enveloppée dans un peignoir de soie.

- Bonjour mon chéri. As-tu bien dormi ?

- Oui, vilaine sorcière, répondis-je en l'attirant contre moi pour l'embrasser et glisser une main dans le peignoir pour venir caresser ses fesses. À quel moment suis-je redevenu moi-même ?

- Je t'ai transformé quand je me suis réveillée, il y a une demi-heure.

- J'ai donc passé toute la nuit dans tes cheveux ? Je croyais que le sort ne durait que quelques minutes.

- Je le croyais aussi, concéda-t-elle. Mais il semblerait que nous sommes capable de le faire durer plus longtemps. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être est-ce dû au fait que tu sois conscient de ton pouvoir toi aussi. Mais je ne suis certaine de rien. Maintenant, la salle de bain est libre. Le petit déjeuner est servi dans vingt minutes. Si tu veux en profiter, je te conseille de ne pas trop tarder.

J'écartai les pans de son peignoir pour poser mes lèvres sur ses seins délicieux.

- Je préférerais passer les prochaines minutes à autre chose, avouai-je.

- Ne t'inquiète pas pour ça, nous trouverons bien le temps dans la journée. En attendant file, vilain pervers, fit ma compagne en écartant ma bouche et mes mains avant de refermer le peignoir.

- Bon, comme je n'ai pas le choix, j'y vais.

Je me rasai, douchai et habillai durant les quelques minutes qui m'étaient imparties. Puis nous descendîmes dans la salle à manger avant de vérifier que le petit déjeuner anglais complet signalé sur le site internet du bed and breakfast était à la hauteur des commentaires. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il l'était. Complet, il l'était dans tous les sens du terme. Autant dans la quantité des produits qui nous étaient proposés que dans la qualité de chaque plat.

Agathe et moi fîmes honneur à ce petit-déjeuner copieux en nous en remplissant l'estomac. Une conclusion s'imposa à la fin du repas : il nous faudrait une longue marche dans les rues de la ville pour éliminer toute cette nourriture.

- Que dirais-tu de rester ici durant toutes nos vacances, me proposa ma fiancée. La chambre est confortable, le petit-déjeuner est génial. Que demander de plus ?

- Moi ça me va parfaitement. Nous allons quand même devoir faire pas mal d'exercice si l'on ne veut pas doubler de volume en peu de temps.

La propriétaire des lieux apparut pour nous proposer un supplément de thé ou de pain grillé. Grande, brune et toujours séduisante du haut de sa quarantaine évidente, elle avait une pointe d'accent qui révélait son origine anglaise.

- Madame Owen, fit Agathe. Je sais que nous n'avons réservé que pour deux jours, mais nous voudrions prolonger notre séjour chez vous. Est-ce possible ?

- Je pense que ça l'est. Combien de temps voudriez-vous rester ?

- Nous souhaiterions rester un peu plus de deux semaines, s'il vous plaît. Nous pourrions partir le troisième vendredi qui vient, peut-être même le samedi matin.

- Je vais chercher mon cahier de réservations, je reviens dans une minute, fit la femme en nous laissant seuls.

Je profitai de ces quelques instants pour demander à Agathe si elle ne s'était pas trompée.

- Tu voudrais partir le samedi matin ? Nous nous marions en début d'après-midi. Tu penses vraiment que nous serons arrivés à temps ?

- Avec une bonne voiture, bien sur que oui.

- Je te rappelle que nous sommes venus ici en fourgonnette et que je dois la rendre à une des agences de location dans la journée.

- Et bien nous prendrons une voiture normale en échange. On pourrait même se louer un véhicule avec chauffeur pour rentrer. J'ai vu une annonce pour des services de chauffeur sur internet l'autre jour. Nous pourrions nous présenter à l'église en voiture de location et chauffeur en costume.

Je ne trouvais pas l'idée très convaincante, mais je n'eus pas le désir de faire perdre son sourire à ma petite amie. De plus, madame Owen s'avançait déjà avec son cahier à la main.

- J'espère que cela ne va pas trop chambouler vos réservations, fis-je poliment.

- Oh ça ne risque pas. Les affaires sont très calmes depuis quelques mois, soupira notre logeuse.

- Comment cela est-il possible, demanda Agathe avant de s'excuser d'avoir été trop curieuse.

Madame Owen hésita un instant avant de nous expliquer.

- Mon mari est routier. Il fait la liaison entre notre région et l'Angleterre. Il y a quelques mois, des clandestins ont embarqué à bord d'une de ses remorques. Ils ont été découverts à la frontière. Mon mari a été arrêté comme passeur. Il a eu beau expliquer qu'il n'y était pour rien, il a quand même été condamné. L'affaire a fait la une de la presse locale. On nous a accusé de nous enrichir sur le malheur de ces pauvres gens alors que rien de tout ça n'est vrai. Ses employeurs l'ont laissé tomber. Et depuis, les réservations ont chuté significativement. Je ne sais pas d'où vient le blocage mais les faits sont là. J'ai perdu les deux tiers de mon chiffre d'affaires.

Sa voix se serra et elle tenta de contrôler ses émotions avant d'afficher un mince sourire.

- Heureusement, j'ai tout de même quelques visiteurs de passages comme vous. Bon, vous pouvez garder la chambre jusqu'à la date de votre choix. Vous pouvez payer à la nuit ou à la semaine, c'est au choix. Par contre, j'aimerais autant que vous ne régliez pas la totalité de la somme à votre départ.

De toute évidence, notre hôtesse avait eu à faire à des voyageurs peu scrupuleux qui avaient dû fuir sans régler la note.

- Il n'y a aucun problème, Madame Owen, la rassurai-je. Je vais vous régler la semaine à venir tout de suite, et nous paierons les suivantes chaque lundi.

- Oh vous n'êtes pas obligés de payer à l'avance, vous savez.

- Mais si, j'y tiens. Nous voulons profiter de votre petit-déjeuner chaque jour sans que vous vous demandiez si nous avons les moyens de vous payer.

- C'est très aimable. Puisque vous restez près de trois semaines, je vais vous faire une ristourne de vingt pourcents.

Je calculai rapidement le montant de la première semaine et sortis ma carte de paiement. Notre logeuse masqua son trouble d'avoir enfin des clients qui lui permettraient de vivre de son travail par un sourire gêné.

- Puisque nous allons nous côtoyer pendant les prochains jours, présentons-nous, je m'appelle Betty.

- Enchantée Betty. Moi, je suis Agathe et voici Hugues. Nous sommes... en voyage de noces. Enfin par anticipation. Nous nous marierons le jour où nous vous quitterons.

- Je me doutais qu'il y avait quelque chose de ce genre entre vous. Vous avez l'air si heureux ensemble. Qu'avez-vous prévu pour cette journée ?

- Nous ne savons pas trop pour le moment. Peut-être visiter le château et ensuite nous verrons.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant