Ensorcelé

Chapitre 14

Enhardi par cette attitude affectueuse, je continuai.

- Je sais donc que tu peux agir sur des personnes selon ta guise. Mais qu'en est-il des objets ? Je sais que tu as jeté un sort à ta tenue hier, mais qu'es-tu capable de faire d'autre ?

Un nouveau baiser recouvra mes lèvres.

- Même si je ne veux rien te cacher, tu en sais déjà beaucoup trop. Je ne pourrais pas t'en dire plus tant que tu ne seras pas initié.

- Tu penses que je peux être initié ? Vraiment ? Mais ça voudra dire que je serai un sorcier ?

- Non, ria Agathe, ce n'est pas aussi simple que ça. Par contre, je pense que tu as une forme de magie dormante en toi. La façon dont tu es capable de te mouvoir et d'agir quand je te transforme en est le signe évident. Tu as probablement des ancêtres qui possédaient la magie. Il en reste des traces en toi. Mais je ne saurais dire leur étendue.

Je compris que ma petite amie n'en dirait pas plus et qu'il était vain de chercher à la questionner contre sa volonté. J'en revins donc à ce qu'elle pouvait partager avec moi : le sort de transformation.

Je lui demandai si elle connaissait les limites de cet enchantement. N'ayant que le message rédigé à l'arrière du parchemin, les connaissances d'Agathe étaient, dès lors, limitées.

- Bon, je me sens de nouveau plein d'énergie, alors je t'autorise à poursuivre tes recherches sur moi ce soir, proposai-je. Mais pas trop non plus. Je ne veux pas que tu te retrouves à court de réserve magique et que prendre le risque de rester coincé dans je ne sais quel état.

- Tu sais très bien que la transformation cesse quand nous ne sommes plus en contact, tenta-t-elle de me rassurer.

- Mouais, on ne sait jamais.

- Que dirais-tu de trois essais avant que nous allions au lit ?

- Bon, d'accord. Trois fois, je veux bien. Mais pas une de plus, acceptai-je après un moment d'hésitation.

Ma sorcière bien aimée, eut un sourire espiègle dont je ne saisis pas immédiatement l'ambiguïté. Nous étions au début de notre relation amoureuse, et j'apprendrai progressivement à peser le sens de chacune de ses phrases.

Je la vis froncer les sourcils à la recherche d'une idée. Puis son visage s'éclaira.

– J'aimerais essayer quelque chose. Je voudrais savoir s'il est exact que je ne puisse pas te transformer deux fois dans le même objet. On pourrait essayer avec le gant ?

- D'accord, fis-je sans enthousiasme puisque ce n'était pas vraiment l'objet dont j'aurais aimé reprendre la forme.

Agathe se leva pour aller se saisir de son sac à main et fouilla à l'intérieur.

- Bon, c'est parfait. Maintenant, je dois me rappeler quel gant tu étais. Le droit ou le gauche ?

- Le droit, je pense. Je ne suis plus très sur. Tout ce que je me rappelle c'est que tu nous as confondus et que tu as voulu rompre le sort sur l'autre.

- Rooh, ça c'est juste un accident de parcours, plaisanta—t-elle. Et puis ce n'était pas désagréable de t'avoir tout nu sur mes genoux. Bon, je vais essayer de te transformer en gant droit.

Elle prit ma main dans sa main tout en serrant le gant dans son autre main. Elle débuta son incantation à haute voix.

Rien ne se passa. J'étais resté moi-même.

- Tu avais raison, c'était bien le droit, s'écria Agathe. Maintenant essayons avec le gauche.

De nouveau, elle prononça la formule magique dans cette langue inconnue et il ne se passa toujours rien.

- Alors ça ! Peut-être qu'un seul gant compte pour la paire. Je vais essayer avec une autre paire de gants. Ne bouge pas.

Agathe quitta la pièce pour aller dans l'entrée avant de revenir avec une autre paire de gants. Celle-ci était plus raffinée que celle qui lui servait pour le travail. La nouvelle paire était de ces gants fourreaux montant jusqu'au coude que les femmes portent avec des robes de soirée.

- Donc, si un seul gant compte pour la paire complète, peut-être que toi, tu peux devenir la paire. Nous allons essayer, décréta ma sorcière en agrippant ma main.

Sans même me laisser le temps de protester et de dire que je n'avais pas la moindre envie de me retrouver scindé en deux, Agathe prononça le sort et je me mis à rétrécir. Quelques secondes plus tard, j'étais une paire de gants de soirée.

Comme la transformation était limitée dans le temps, Agathe ne tarda pas à glisser ses mains et ses bras en moi avant de boutonner la partie supérieure de mon double corps.

C'était une sensation étrange de me sentir en deux morceaux tout en ayant la sensation d'être entier. Je passai mes impressions en revue. La présence de ses doigts et de ses bras fins étaient particulièrement agréables. Ses mains étaient lisses, la peau de ses bras était délicate.

Quand j'eus fait le tour de ses premières sensations, je testai ma capacité à bouger. J'ai d'abord porté mes efforts sur le gant gauche. Effectivement, je pouvais bouger. Une foule d'idées jaillirent à mon esprit. Je contractai ma partie qui enveloppait les doigts d'Agathe. Je la sentis résister un instant. Je renouvelai mon effort avec plus d'intensité. Et là, je vis que j'étais plus fort qu'elle... Elle ne m'avait pas permis d'exprimer ma réticence à être divisé, j'allais lui faire savoir à ma façon mon « mécontentement ». Sans trop forcer, je pris le contrôle de ses avant-bras et de ses mains. J'apprenais à chaque transformation à utiliser mes différentes formes, et cela devenait plus facile que la fois précédente.

Je précipitai la main gauche sur ses seins et contractai les doigts sur cette partie voluptueuse de son anatomie.

- Oh Hugues ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Ce... ce n'est pas juste, protesta Agathe d'un ton qui laissait entendre que sa récrimination n'était, en grande partie, que formelle.

xoxoxoxox

NDLA : 

Si j'en juge les notes que j'ai prises concernant mes idées pour cette histoire et la progression des chapitres, j'en suis à peu près au tiers de l'histoire. J'espère que cela ne vous semble pas trop long et répétitif. 

De mon coté, même si je sais que cette histoire n'est pas trop recherchée et travaillée, je m'amuse à l'écrire. C'est vraiment de l'écriture récréative qui me permet de couper avec ce que je peux écrire ailleurs (et pas forcément pour wattpad).