Chapitre 20

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- Je ne suis pas aussi sûr que toi. Comment peux-tu être certaine que j'ai autant de pouvoirs que ce que tu dis ?

- Parce que je le sens. Ta façon de maîtriser les objets quand je te transforme en est un signe évident. Avec la puissance de tes parents et de ta sœur, il serait étonnant que tu ne sois pas à leur niveau. Hugues, tu ne pourrais pas être ce que tu es si tes pouvoirs n'étaient pas destinés aux mêmes fins que les miens et ceux d'Émilie.

Tout cela me laissa perplexe. Quels étaient ses pouvoirs dont Agathe me parlaient ? Qu'étais-je capable de faire exactement ?

Ma nouvelle compagne me tenait toujours par la main en me fixant de ses yeux tendres.

- Un de tes pouvoirs, reprit-elle, est la télépathie. Enfin, disons que c'est quelque chose qui s'en approche. Quand tu penses à moi, je peux t'entendre. Pour le reste, nous allons devoir expérimenter toutes les possibilités. Progressivement, nous finirons par avoir une vision assez large des sorts et des enchantements dont tu es capable.

Je testai ce supposé don de télépathie en me demandant si notre mariage serait uniquement civil ou si Agathe aimerait passer à l'église. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Nous avons le temps pour ça, fit-elle. Mais si tu veux, nous pourrons aller voir un prêtre demain...

Elle avait répondu à mes pensées ! C'était incroyable. J'essayai une nouvelle fois en lui demandant quand elle préférerait que notre mariage soit célébré, en précisant qu'elle devait me répondre par la pensée également et non par la parole. J'entendis clairement la voix d'Agathe dans mon esprit sans que ses lèvres ne bougent.

- Le plus tôt sera le mieux, je pense. Cela nous donnera encore plus de chance d'affirmer notre autorité pour défendre notre communauté.

- Je sens comme un doute en toi, m'écriai-je à haute voix en percevant quelque chose d'étrange dans sa façon de s'exprimer.

- Nous allons devoir trouver une raison valable pour justifier cette précipitation aux yeux de tous. Tu as une idée ?

- Peut-être. Dans trois semaines, Émilie part en vacances sur la côte avec son mari et ses enfants. Ils ne devraient revenir qu'en septembre pour la rentrée scolaire. Alors si nous voulons nous marier en sa présence sans avoir à attendre deux mois, nous avons décidé de le faire maintenant. Ça te va comme raison valable ?

- Parfait. Et puis ce n'est pas tout à fait faux puisque je ne me vois pas me marier sans ma meilleure amie à mes côtés. On s'est toujours promis d'être témoin respective lors de nos mariages. J'ai été la sienne et elle sera la mienne. Sans compter que c'est ta sœur, tout simplement. Et puis, ses filles seront mes demoiselles d'honneur. Tout ce qu'il nous manque c'est un témoin pour toi.

- Le mari d'Émilie, Luc ? proposai-je. Nous nous entendons bien tous les deux, avant même qu'il soit mon beau-frère, nous étions amis. Et si on lui demande un coup de main pour l'organisation, il sera à la hauteur.

- Ce choix me paraît on ne peut plus adapté. Mais tu sais... il est des nôtres. C'est un sorcier, précisa Agathe.

- Quoi ? J'ai l'impression que tout le monde dans cette foutue ville est un sorcier ou une sorcière...

- Rassure toi, nous ne sommes pas si nombreux. C'est juste que nos clans se croisent souvent et que nous choisissons nos partenaires dans notre milieu. Tu sais, nous ne sommes pas différents des autres groupes pour ce qui est de nos relations. C'est donc dans notre environnement que se trouvent nos parents, nos amis, nos amours et nos ennemis, m'expliqua ma sorcière préférée.

- Je comprends tout ça, bien sur. Mais je crois que je vais avoir besoin d'une discussion avec ma famille pour comprendre pourquoi j'ai été tenu à l'écart de ce monde là aussi longtemps.

- Cela viendra. Ils ont sûrement leurs raisons et il n'appartient qu'à eux de te l'expliquer.

- Bien sur. En attendant, pour ce qui est des ennemis... Tu vas devoir affronter le problème Natacha Déhaisse, constatai-je. Non ! Nous allons affronter ce problème ensemble.

- C'est exactement ça, mon chéri. Tes amis sont à présent mes amis, tes ennemis sont les miens et réciproquement. Mes ennemis étant devenus les tiens, et il n'y a qu'ensemble que nous les vaincrons.

- Agissons le plus vite possible. En attendant, que dirais-tu si j'allais chercher cette bague dans ma boutique pour te la passer au doigt sans plus tarder ? Je veux te voir la porter dès ce soir.

- C'est une excellente idée. Tu sais parler à mon cœur de femme, plaisanta Agathe. Mais je t'accompagne, je ne veux pas te quitter une seule seconde ce soir.

Elle se blottit dans mes bras et nous échangeâmes un interminable baiser.

Quand nous arrivâmes à ma boutique, je sortis sans attendre la bague victorienne de son présentoir. Je me plaçai devant ma petite amie et le cœur battant, je la glissai à son annulaire. Ses yeux brillaient d'une grande émotion. Elle me remercia en me disant un Je t'aime avec la gorge serrée. Mais le plus touchant fut certainement la foule d'émotion qu'elle transféra vers moi par la pensée. La télépathie dont j'étais capable valait aussi pour les sensations.

Lors du trajet de retour vers sa maison du bord du fleuve, la main gauche ornée de ce nouveau bijou ne quitta pas ma jambe, maintenant un contact délicieux entre nous.

EnsorceléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant