La brume s'était bien avancée dans ce début de soirée. La légère fumée blanche grimpait le long des lochs de l'Écosse, recouvrait chaque branche de frais bourgeons d'une petite couche blanche. La vent passait entre les bruyères et les herbes fines, créait des ricochets sur les lochs. Il était encore tôt mais pourtant le ciel était d'un bleu nuancée sombre, stagnant comme cela déjà depuis un certain moment. Il pouvait être 18 comme 20 heures, c'était compliqué de déterminé. Mais il n'y avait pas une personne au kilomètre à la ronde, pas même un mouton ou une vache. Les oiseaux avaient prit la sage décision de rester dans leur nid, comme Remus.
L'homme était assis sur sa banquette, un livre ouvert posé contre lui pour ne pas perdre sa page, et une tasse de thé fumante entre ses mains recouverte de son pull pour éviter de se brûler. Il écoutait le petit bruit de la pluie contre son carrelage, elle commençait doucement, puis accélérait au fur et à mesure que le ciel s'assombrissait. La nuit tombait, telle de la vapeur, elle semblait descendre des montagnes jusqu'aux maisons, jusqu'au clairière et aux enclos. Personne ne pouvait l'en empêcher, pas même Remus et sa petite maison au beau milieu de nul part.
La lumière venant de l'intérieur le permettait de voir son reflet. Il avait vieilli. Dans le mauvais sens du terme.
Pour un homme de 24 ans, il avait l'air d'en avoir deux fois plus, et les cicatrices qui se refermaient de moins en moins bien s'empiétaient les unes sur les autres et supprimaient l'élasticité de sa peau, le faisant se sentir encore plus faible qu'il était déjà. La malédiction d'un loup garou, les cicatrices ne pouvaient pas disparaître d'un coup de baguette. Et même si cela se pouvait, pas sur que Remus le ferait. Car une partie de lui ne pouvait s'empêcher de penser qu'il méritait tous cela, qu'il méritait de souffrir pour ne pas être mort comme tous ses amis. Bien sûr, Sirius était toujours en vie, mais Remus devrait attendre une bonne vingtaine d'années avant sa sortie. Il était presque mort, de toute façon à Azkaban, quand on y sortait, on entendait rarement les gens en parler. Et puis, que ferait-il, son ami, son meilleur ami, la mémoire collective de James, son amour secret, avait tué Peter, dénoncé James qui venait de le nommé parrain de son enfant, et s'était rangée du côté de sa famille qu'il avait toujours voulu contredire.
Oui, cela n'avait pas de sens.
Remus en était bien conscient, mais après tout, Sirius avait toujours été un jeune homme spontané, parfois ne réfléchissant pas du tout à ses actions. Tout de même, se rallier du côté du seigneur des ténèbres, devenir son sbire après s'être engagé dans l'Ordre du Phénix et tuer son meilleur ami et rejoindre sa famille... S'en était trop. Mais comment le prouver ? Un sorcier loup-garou, premier suspecté en ces temps noirs. Le ministère de la magie contre sa parole d'une vieille amitié.
Remus se pris la tête dans les mains et sanglota, sans larmes. Il avait déjà tellement versé des larmes qu'il ne pouvait plus pleurer. Mais la douleur restait aussi vive, toujours là, vivant de ses veines et déchirant son cœur encore une fois. Son nez lui piquait et il avait mal à la tête. La lune l'éclairait et d'un coup de main décider il ferma son livre, et les rideaux. Puis, en traînant des pieds, attrapa sa veste et quitta sa demeure.
Une fois dehors, il transplana derechef dans la forêt la plus proche. Bien sur cette environnement lui rappelait des souvenirs douloureux, mais protégé par les ombres des branches, il s'était toujours sentis en sécurité.
Dans la forêt l'accompagnait toujours la sensation que s'il se retournait, il verrait James ou Sirius, ou encore Peter, rigoler, se taquiner, se transformer et de dé-transformer. Mais maintenant, Remus devait le faire seul, et il avait tellement peur qu'il en tombait sur ses genoux. Sa gorge se nouait et s'était presque comme si toute ses cellules convulsaient et se retournaient. La douleur était si dense qu'elle bloquait sa trachée, et le seul son qui sortait était un couinement malheureux.
Alors que sa transformation se poursuivait, un bruissement l'interrompit. Alors que recroquevillé sur lui-même, il avait les yeux plissé fermé, Remus les ouvrit et n'en cru pas sa vue. Un cerf se tenait à distance respectable suivit d'une biche. Remus secoua sa tête. Non. Ce n'était pas possible, c'était trop cruel. La vie n'avait pas le droit de ramener les morts, elle n'avait pas le droit d'enfoncer le couteau dans la plaie, n'avait-il déjà pas assez souffert ?!
Le loup prenant le dessus sur lui, l'animal se mit à quatre pattes et courut jusqu'aux animaux qui ne bougèrent pas plus. Ils grandissaient à vue d'œil, et suspendu à un millimètre devant eux, un reste de Remus l'arrêta. Et lorsqu'il se recula, il remarqua autour de lui un chien lumineux. Il fit plusieurs tour sur lui-même et constata avec stupeur que Peter n'était non seulement pas là, mais lui était bel et bien humain. Les animaux ne tardèrent pas à se transformer en des James, Lily, Sirius, Alice, Frank et bien d'autres, tous bien réel. Ils ne disaient rien mais leur regard parlaient. Ils ne semblaient, eux, pas l'en vouloir d'être vivant. Mais cela ne changeait rien.
- Je vous en supplie, prenez-moi avec vous. S'il vous plaît...je vous en supplie..... murmura Remus en tombant sur ses genoux, ses habits réduits en haillons autour de lui. Il frissonnait de sueur froide et de léger tremblements. Des plaies étaient ouvertes sur sa peau nues, parfois plus profonde que d'autres. Mais il ne sentait plus la douleur, juste le froid et la solitude.
Lorsqu'au bout d'une éternité l'homme releva sa tête, il remarqua que les songes s'étaient évaporés comme la brume, et que devant lui se trouvait un homme. Le jour s'était levé et les oiseaux chantaient, le soleil filtrait entre les branches. Il n'était plus seul.
- Dumbledore...
Et Remus prit beaucoup de temps avant d'arrêter de pleurer.

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OS d'un Maraudeur
FanfictionVous avez craqué pour les Marauders ? Ne vous inquiétez pas, moi aussi. Et c'est pour cela que les fanfictions existent, pour nourrir vos désirs de partir avec ce quatuor aux quatre cents coups, au destin tragique mais saupoudré d'étincelles... Ren...