Le vent giflait son visage. On ne distinguait plus l'homme de la bête, c'était une course sauvage. Les rayons de la lune éclairaient les arbres, filant entre les branches, filant entre les feuillages. La nuit était fraiche mais l'air était encore chaud de la journée. Les insectes chantaient, les branches giflaient, la vitesse était décuplée.
C'était la presque pleine lune, et Remus ressentait ce besoin pressant d'aller toujours plus loin en courant, sans savoir où. Il était à la frontière de l'extase et de la haine. Il sentait ses jambes aller toujours plus loin devant, il se voyait accélérer. Il sentait le sourire naissant montrant ses début de crocs.
Il se souvenait vaguement avoir promis de rester avec ses amis, de rester sous leurs surveillance. Mais là, il se sentait si lui, si vrai, si libre. C'était presque comme si le garçon pouvait courir et voler par dessus l'herbe. Seul son vent de la course folle laissait une trace. Ses pas étaient si léger, c'était une ombre parmi la nuit, un songe dans un rêve.
Oui, tout cela ressemblait fortement à un rêve. L'impression d'être lucide, que tout avait un sens soudain, que tout était connecté, et d'être impuissant envers ces décisions. Ne pas savoir pourquoi, comment, juste savoir que c'était logique et la voie biologique à suivre.
Son cerveau l'invita même à crier, hurler. Mais pas de peine, pas de souffrance, pas d'amitié ni d'amour, ni d'hilarité d'ailleurs. Produire un son pour le simple fait de pouvoir. Semer ses amis juste parce qu'il le pouvait, tuer pas pour une soif de sang ni pour rendre justice, mais pour répondre à un instinct animal qui se réveillait. Il le devait, c'était tout.
Remus ne pensait plus. Il ressentait tout. Ses oreilles entendaient à plus d'un kilomètre, ses amis respirer bruyamment derrière, tentant de le rattraper en courant. Il entendait de l'hibou perché sur l'arbre aux concertos des insectes dans les broussailles. Il sentait les odeurs de la forêt, l'odeur particulière d'un animal mort, d'une fleur ayant éclot. Il sentait le vent contre son corps, les branches, l'air lourd. Il voyait nettement dans la nuit, distinguait les êtres vivants autour de lui. Chacun courraient à son arriver pour échapper à ses crocs acérer.
Et lui, se surprit à aimer cet élan de supériorité. Sur le moment il se sentait capable, distingué et fort. Comme s'il avait préparer le meilleur de coup : il avait battu tout le monde. Et après tout, si tout était facile en se montrant cruel et imposant, pourquoi ne pas abandonner le garçon en lui ?
Chaque fois il était confronter à ce même choix : se battre ou se laisser aller? Après tout, résister à l'appel du sang n'était-il pas contre sa nature ? S'il décidait de devenir un loup-garou, était-ce un choix vraiment si mal fait ? Qui le manquerait ? Et puis, Voldemort lui avait garanti une place de haut rang. Il ne serait plus jamais sous-estimé, et il pourrait revenir à Hogwart pour à son tour pointer du doigt toutes ses futures victimes qui avaient osés se moquer de lui.
Ce n'était pas de sa faute, Remus était un garçon gentil, jamais il n'aurait choisit le loup-garou. Mais quand parfois céder semblait plus fort, c'était tentant. Imaginer ne plus avoir à s'embêter, à se taillader pour éviter de tuer quelqu'un d'autre, cesser d'être fatigué, une menace pour ses proches, cesser d'être dévisagé dans la rue pour ces balafres.
Remus s'arrêta soudain de courir, comme si quelque chose le rattachait au château, et l'empêchait d'avancer plus loin. Que se passait-il ? Il pouvait courir à côté des lochs, suivre le cours de la météo, vivre dans la nature, seul, éloigné du monde sans attache. Alors pourquoi n'arrivait-il plus à avancer ?
Il n'était pas même essoufflé. Il regardait derrière, et une partie de lui se demanda pourquoi il avait couru en premier lieu.
Cela lui frappa en pleine face lorsqu'il se rendit compte que s'était pour fuir lui-même. Il voulait être libre de sa propre emprise, de cette bataille personnelle.
VOUS LISEZ
OS d'un Maraudeur
FanfictionVous avez craqué pour les Marauders ? Ne vous inquiétez pas, moi aussi. Et c'est pour cela que les fanfictions existent, pour nourrir vos désirs de partir avec ce quatuor aux quatre cents coups, au destin tragique mais saupoudré d'étincelles... Ren...