Chapitre 37

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Je m'attarde longuement sur ce détail que me perturbe. Serais - ce possible que dans l'excitation et la montée d'adrénaline je ne me suis pas rendu compte que l'on avait utilisé ma voiture ? Dans ce cas là pourquoi dans la section effets personnels récupérés, écrit dans le dossier, il n'y a pas la mention de mes clés ni de mon permis. Je suis encore sonnée et j'ai l'impression de tout confondre et de ne pas réussir à comprendre réellement ce qui m'arrive et ce qui s'est passé. Mais où est donc allé Max ? Une idée m'effleure l'esprit : et si il n'avait jamais été avec moi ce soir là ? Non, impossible sur la photo on voit que quelqu'un me tient les pieds, c'est bien lui. Je feuillette la suite du dossier parsemé d'informations cachées dont je n'ai pas l'accès. Je lis beaucoup de mot techniques dont je ne comprend pas toujours le sens, pourtant j'ai bien compris que l'on m'accusait du meurtre d'Enora, et je ne rêve pas, en tout les cas je ne crois pas. Le partie du dossier m'étant accessible est tellement réduite, que je n'arrive pas à faire le lien entre les informations, notamment pour les hypothèses, les preuves et les témoignages. Surtout les témoignages car il y est inscrit que une personne a eu « un entretient décisif » dans mon accusation.
Je referme le dossier excédée. Je ferme les yeux en espérant que le mal de tête que j'ai disparaisse ainsi que cette situation sans issue pour moi. Que vont penser les parents d'Enora ? Ma famille ? Et Max ? Je comprend qu'il puisse s'être enfui par peur et le fait qu'il ne soit toujours pas venu à ma rescousse me fait dire qu'il m'en veut et me croit responsable. Que faire ? Que dire ? Comme agir ? Trop de questions se bousculent dans la tête sans savoir laquelle me parait la plus raisonnable.
Un bruit de serrure met fin au silence pesant de la chambre. Une femme entre. Elle est grande très bien habillée avec un tailleur - jupe, et de hauts escarpins. Son visage est lumineux et ses lèvres sont pulpeuses et maquillées d'un rouge Carmen. Ses cheveux sont attachés en queue de cheval extrêmement plaqués. Je remarque son jeune âge, la montre et les bijoux hors de prix qu'elle porte mais surtout son extrême beauté. D'une voix mielleuse elle prend la parole :
« - Enchantée, Ella je suis madame Stewart ton avocat. Ce sont tes parents qui m'ont engagés. »
Je ne sais d'abord pas quoi dire car j'apprends donc que mes parents m'acceptent encore, puis d'une voix timide et mal assurée je répond :
« - C'est vrai ? Ah... oui bonjour... moi aussi je suis ravie. »
D'un sourire radieux  elle déclare :
« - Oh ne vous inquiétez pas ! Je vais vous sortir de ce pétrin ! Vous êtes entre de bonnes mains dans maximum 72 h vous serez libre comme l'air ! Et ça vous ne le devrez qu'à moi, votre avocate hors pair ! »
Son air hautain et narcissique m'irrite, mais je n'ai pas le choix de mon avocat, je suis reconnaissante envers mes parents qui m'en ont payé un.
« - Alors alors alors, bon je vous préviens on a du travail ! Je n'ai qu'une heure de visite donc on va s'y mettre tout de suite !
- Du travail ?
- Eh bien oui jeune fille ! Il va d'abord falloir préparer votre dossier pour votre transfert dans une prison sous haute sécurité et qui soit le plus confortable pour vous, même si ce n'est que pour trois jours !
- Prison ? »
Elle me regarde comme ci j'étais sortie d'une autre planète. Je dois lui faire pitié.
« - En effet la prison, ou centre pénitencier si vous préférez, personnellement je n'aime pas du tout ce terme ça fait tellement ... ringard.
- Pourquoi j'irais en prison, je suis innocente.
- C'est sûrement le cas, mais ce n'est pas ce que la justice croit pour le moment et vous avez de la chance votre audience est dans trois jours, c'est rare d'obtenir une date aussi rapidement. Mon but est donc de vous rendre innocente au yeux de la justice !
- Comment ça « c'est sûrement le cas « , je suis innocente !
- Allons ne vous emportez pas comme ça jeune fille, je me suis mal exprimée voilà tout ! »
Elle me tend le même sourire de tout à l'heure. Décidément, cela ne fait même pas cinq minutes que je la déteste déjà. Je ne sais pas comment elle va pouvoir m'aider si elle a déjà des doutes sur mon innocence.
« - Donc comme je vous l'ai dit on doit vous montez un dossier en béton sinon vous vous trouverez sans une prison piteuse. Que dite vous de la prison pour femme de Santa Barbara ? Très haute sécurité, avec des quartiers protégés des autres cellules pour les jeunes filles mineurs, vous aurez votre propre cellule avec deux heures de visite par jour !
- Oui cela me parait bien dis- je décontenancée.
- Parfait parfait ! Je note ! »
Pendant qu'elle griffonne sur son petit carnet rose à strass je me demande ce que je pourrais lui poser comme question.
« - Si je perds le procès c'est combien ?
- De ?
- La peine.
- Mais oui je suis bête ! Dans le meilleur des cas 10, dans le pire 35.
-  35 mois ? Ça fait quoi 3 ans ? Je m'attendais à pire.
- On parle en années ma chérie quand il s'agit de meurtre. »
35 ans ? Je la scrute mais je ne vois pas le moindre signe de plaisanterie sur son visage. 35 ans.

Best Friends For NeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant