Chapitre 11

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« -Nous pouvons reprendre, ou vous avez encore des questions à me poser ?

- Non c'est bon.

- Bon, maintenant est-ce que vous pouvez me parler de votre relation ? »

Je prends un moment pour réfléchir avant de parler.

« -On était très fusionnelles, parce qu'on était totalement différentes et donc on se complétait. C'était une fille très simple, timide, organisée, toujours dans la modestie, elle ne cherchait pas à s'attirer les faveurs des autres. Alors que moi, je suis très extravertie, je parle à tout le monde et je suis très bordélique, j'aime savoir que les gens s'intéressent à moi, parce que dans ces cas-là je me sens entourée, et c'est ce dont j'ai besoin, c'est pour ça qu'on est devenues meilleures amies, parce qu'il y avait en elle ce qu'il n'y avait pas en moi et inversement. »

Cet interrogatoire devient vraiment psychologique, il me fait voir la vérité en face, même si je ne veux pas l'admettre. Tout ce que je décris au Lieutenant est un masque, ou presque. Je dis la vérité quand je dis que j'aime me sentir entourée et aimée. Mais je mens quand je dis que je ne suis pas du tout timide, et même le contraire. Si je suis si ouverte, c'est parce que j'ai peur que si je dévoile ma vraie nature, qui je suis au fond, je deviendrais vulnérable et que les gens ne s'intéresseront pas à moi réellement. Et j'étais moi-même en la présence d'Enora, parce qu'elle m'acceptait pour ce que j'étais réellement et pas pour la personne pour qui je me fais passer. Mais maintenant qu'elle n'est plus là j'ai peur, peur de ne plus jamais pouvoir être vraiment moi-même, peur d'être à jamais prisonnière de ce rôle. Les larmes coulent sur mes joues, pas parce que j'ai accepté la vérité après tant de temps, mais parce qu'il a fallu qu'Enora meure pour que je m'en rende compte. Mais ça je n'en parlerai à personne.

« -Vous allez bien mademoiselle ?

- Comment ? Ah, oui c'est les souvenirs qui remontent. »

D'un révère de manche j'essuie mes larmes.

« -Vous souhaitez poursuivre, ou vous préférez faire une petite pause ? »

Je n'avais pas tort quand je pensais qu'il avait une double personnalité, tout à l'heure, il était très dur, et maintenant il se préoccupe de savoir si je vais bien.

« - Non, ça va aller, on peut continuer.

-Très bien. Est-ce que vous avez déjà ressenti des sentiments pour Enora ?

- Oui c'était ma meilleure amie, je l'aimais plus que tout.

- Je crois que je me suis mal exprimé. Avez-vous déjà ressenti des sentiments amoureux pour Enora ?»

Non mais ça va pas non, il n'a jamais eu été question de sentiments ou de relation amoureuse entre nous. Mais je vois où il veut en venir.

« -Je sais très bien à quoi vous jouez, vous vous demandez si par hasard, je n'aurais pas avoué mes sentiments à Enora, et comme j'aurais reçu un refus de sa part, je l'aurais tuée ? Je vous le dis d'avance c'est non. Il n'y avait que de l'amitié entre nous.

-Vous êtes maligne Ella, alors vous savez très bien que si vous plaidez coupable, votre peine sera moins importante que si on découvre par nous-mêmes que vous l'êtes.

-Vous croyez m 'impressionner, mais je suis totalement innocente.

-Et je n'en doute pas le moindre du monde, c'était juste au cas où.

-Bon vous avez d'autres questions à me poser ? Parce que si c'est pour m'accuser à tort sans aucune preuve, moi je m'en vais. »

Je me lève et me dirige vers la porte, mais avant même que j'aie le temps de l'ouvrir le Lieutenant Ramirès m'attrape par le poignet. Il me regarde comme si je venais de commettre la plus grave erreur de ma vie. Il se rapproche tellement proche de moi, que je peux sentir son haleine qui sent l'alcool à plein nez. Il serre les dents et commence à me parler tout bas.

« -Écoutez-moi bien Coleman, vous feriez mieux de rester ici, et de ne pas jouer les rebelles, parce que je peux vous mettre en garde à vue en un claquement de doigts. Donc vous allez vous asseoir bien gentiment sur le siège et on va finir cet interrogatoire sans problème. Est-ce que c'est bien compris ? »

Je ne répond pas tellement j'ai peur.

« Je n'ai pas bien entendu. Est-ce que c'est bien compris ?

-Oui .

-Oui qui ?

-Oui lieutenant.

-J'aime mieux ça. On va passer à la partie la plus intéressante : les questions sur le meurtre. »

Best Friends For NeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant