La jeune femme continue de le parler. Elle me répète que cette peine ne sera jamais prononcée, car c'est une trop bonne avocate, mais je n'écoute pas la suite, car je suis plongée dans mes pensées. Je m'imagine déjà enfermée pour la majorité de mon existence derrière les barreaux dans une "chambre" crasseuse. Je pense aux plaisirs de la vie que je vais rater, les rêves que je laisserais de côté. Puis, je me rappelle que je suis innocente. Même si je me sens déjà condamnée, une lueur d'espoir apparaît au fond de moi.
« - On peut commencer à préparer mon dossier maintenant ?
- Non malheureusement. Le rendez-vous d'aujourd'hui n'était que pour les présentations et tout ce qui s'ensuit. Mais demain je viendrais à 16 heures pour que je vous expose le dossier entier de votre affaire avec les documents et les analyses de votre cas, comme ça pour notre troisième rendez-vous, nous pourrons commencer à préparer votre défense. L'audience est dans trois jours ça ne nous laisse pas beaucoup de temps pour tout préparer.
- Je veux prendre connaissance du dossier maintenant, sinon nous n'aurons jamais le temps de préparer ma défense.
- Allons allons chaque chose à son temps. »
Elle me tend la main et me refait son sourire faussement joyeux. Je ne lui rends pas sa poignée de main. Elle retire ça main d'un coup vif et part en laissant ses cheveux fouetter l'air et installant une odeur d'agrumes. Je me retrouve à nouveau seule dans ma chambre menottée à mon lit. Je reste assise trop longtemps pour me rendre compte des minutes qui ce sont écoulées pendant que mon cerveau était complètement vide. Je regarde à droite pour observer la météo. Celle-ci me déçoit beaucoup : il n'y a que des nuages noirs et une fine pluie qui annonce très prochainement une averse. Je tourne la tête vers ma table de nuit et juste au-dessus de mon épaule droite, je trouve un bouton permettant l'appel d'une infirmière. J'appuie dessus. D'abord je crois que le bouton est cassé, car rien ne se passe pendant les 10 minutes qui suivent, mais finalement une vielle femme entre. Elle porte des lunettes si loin sur le bout de son nez que je me demande comment elles ne tombent pas. Elle est vêtue d'un vieux tablier vert clair et de sabot de jardinage. Voyant que je ne réagis pas à sa présence, elle prend la parole :
« - vous avez demandé une infirmière ?
- Oh oui pardon oui. »
Un blanc s'installe, puis, je me ressaisis."-Je peux vous demander une faveur ?
-Ça dépend de quoi il s'agit jeune fille. Si c'est vous enlever vos menottes je crois bien que ce sera non. On nous a donné des règles très strictes concernant votre cas.
-Ah tiens, des règles très strictes comme par hasard, je suppose que c'est le Lieutenant qui en est la source, dis-je à voix basse.
-Pardon qu'avez-vous dit ?
-Rien d'important. Ne vous en faites pas je ne compte pas m'échapper. Pourriez - vous m'allumer la télé ?"
Elle semble réfléchir un instant.
"-A priori, on ne nous a pas donné de règles concernant la télé, je ne vois pas quel serait le problème si je vous la mettais. Une chaîne en particulier ?
-Oui s'il vous plaît, la chaîne locale.
-AH AH ! Vous en avez de drôles de goûts vous ! Bon bon, je vous laisse alors."
Et elle repart en rigolant de façon consternée et amusée à la fois. J'essaie de me relever, puis j'écoute attentivement ce qu'il se passe devant moi. Il s'agit justement d'un reportage sur moi. Je m'en doutais. "L'affaire Enora Colins". Je tombe de haut quand je vois sur l'écran plat de ma chambre ma mère, du mascara sous les yeux et les cheveux ébouriffés, plantée devant notre maison et entourée d'une multitude de journalistes et de présentateurs.
« -Monsieur et Madame Coleman, comment vous sentez-vous après l'arrestation de votre fille ? »
Ma mère regarde mon père comme s'il s'agissait de la question la plus stupide du monde.
« -Eh bien je dois dire que c'est très dur pour nous en effet. Nous n'avons pas été autorisé à la rencontrer pour en parler, pour connaître sa version des faits. C'est notre fille après tout nous devons la soutenir et la protéger dans cette épreuve, mais si ce qu'elle a fait est impardonnable. Nous ne répondrons plus à aucune question de la presse merci. »
J'aimerais pouvoir un instant mettre la télé en "mute" mais l'infirmière a laissé la télécommande sur une petite table en dessous de la télé. J'ai besoin de digérer l'information que je viens d'écouter. Ma famille me croit coupable. Quel culot de de porter ce genre d'accusations entièrement fausses puis de dire qu'ils souhaitent me soutenir. Ce sont des mensonges. JE N'AI PAS TUÉ ENORA. Je ne comprends plus rien. Ce sont pourtant mes parents qui m'ont payé cette avocate. Que vont penser les gens de moi, vous t'ils tous me prendre pour coupable ? Que va penser Max ? Je suis à peu près sûr que cette révélation de ma famille va jouer en ma défaveur lors de mon procès. Comment vais-je m'en sortir ? Je rappuie sur le bouton d'urgence frénétiquement. Une infirmière arrive en courant. Je hurle alors :
"-APPELER LA !
-Qui mademoiselle ?
-MON AVOCATE !!!
-Voyons vous devez être fatigué calmez v...
-APPELEZ LA TOUT DE SUITE.
-Très bien, oui d'accord... "
L'infirmière repart en courant et je fonds en larme dans les draps de mon lit.
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Best Friends For Never
Teen FictionLorsque Ella apprend que sa meilleure amie a été assassinée, elle se fait la promesse de trouver le tueur...