Ça y est. C'est le grand jour. D'habitude quand on parle de grand jour c'est plutôt un mariage, ou la rentrée dans une belle école, bref c'est quelque chose d'heureux, et même si je suis sûr qu'Enora aurait aimé avoir un enterrement joyeux. Je sais d'avance que je vais le détester, parce que je serais noyée par un océan de regards tristes, qui feront minent de comprendre ce que je ressens alors qu'ils n'en savent pas un mot. Il faut que je trouve la force pour me lever de mon lit et plonger dans cet océan, et affronter le monde. Après quelques temps de remise en question, j'arrive à m'extirper du lit. Je mets une robe noire et des petits escarpins crème. Comme ma famille est prête en même temps que moi, on se dirige vite vers la voiture pour ne pas être en retard. Le chemin vers le cimetière est silencieux. Arrivés là bas, on voit au moins trois cents personnes, qui attendent à l'entrée. Les gens parlent entre eux, les parents se racontent les nouveaux potins et infos en tout genre, et les enfants jouent. C'est bien ça le problème de ne pas avoir réservé cet enterrement à la famille et à l'entourage proche. Le problème c'est que les gens n'en n'ont rien à faire de ce qu'il se passe. Ils viennent juste pour faire bonne impression et c'est tout. Les portes du cimetière s'ouvrent enfin. Nous nous dirigeons à l'intérieur, et on nous indique où il faut se diriger. Parmi la foule, j'arrive à me faufiler. Il est là, le cercueil. Je n'arrive plus à bouger. Sous cette carapace de bois, elle est là à l'intérieur. Je repense à tous nos souvenirs ensemble mais rien ne sors. A me les remémorer, je n'ai aucun sentiment qui ressort. Le chef de cérémonie prend finalement la parole :
« Mesdames et monsieur, je vous prie de bien vouloir écouter, la cérémonie va commencer. »
Pendant de longue minutes, un prêtre fait des prières, mais je n'écoute rien. Il y a un bourdonnement incessant dans mes oreilles, qui m'empêche de me concentrer. Comme quand Cloé m'a annoncé la nouvelle. A quoi va ressembler ma vie maintenant ? Est ce que un jour je pourrais avoir des amis sans penser à elle ? Qui sera là pour moi ? Personne, justement personne ne sera là pour moi et je vais devoir chaque minute, chaque heure, chaque jour, devoir affronter ce vide, ce manque.
« - Ella, c'est à toi, me dit ma mère. »
J'ai eu une absence pendant tout ce temps ? Je cherche dans les poches de ma robe mon texte, mais impossible de mettre la main dessus.
« - Purée, maman ! J'ai oublié mon texte sur mon bureau ! J'étais tellement préoccupée que je l'ai laissé à la maison. Je peux pas parler sans ! Je ne sans pas quoi dire, je, je ...
- Ne t'inquiètes pas chérie, tu vas autre géniale.
Je sais que tu vas y arriver. Ça va aller, je suis avec toi, elle est avec toi. »Je m'avance devant tout le monde. J'ai chaud, et froid à la fois parce que je suis trop proche du cercueil. Ma mère me chuchote :
« - Vas y ma chérie. »
Je respire un bon coup et je commence.
« - Bonjour, je m'appelle Ella et j'étais la meilleure amie d'Enora. Non, enfait je le suis toujours, parce qu'elle sera toujours avec moi. Pour tout vous dire, j'ai oublié absolument tout ce que je devais dire. Pour la plus part d'entre vous, vous n'avez jamais perdu une meilleure amie, moi non plus jusqu'à maintenant. Vous vous demandez sûrement ce que ça fait, mais même moi je ne le sais pas. Je suis partagée entre tous les sentiments, et je me pose des questions sans arrêt. Est ce qu'elle est là parmi nous en ce moment ? Et ce qu'elle me protège ? Je ne le sais pas et je ne le saurais jamais, mais au fond de moi je la sens elle et là parmi nous, et je pourrais avoir peur, mais non je suis rassurée et... et apaisée de savoir, d'espérer que quelque part, »
Les larmes me montent aux yeux, c'est compliqué pour moi de continuer à parler sans pleurer.
« elle me regarde et me protège, et je suis désolée. »
Je pars en pleurs, dans la voiture de mes parents. La pression est trop forte, tous ses yeux rivés sur moi, c'est trop, je ne suis pas timide, mais quand il s'agit d'exprimer mes sentiments c'est tout de suite plus compliqué. Je pleure parce que je n'ai pas réussi à finir ce que je devais dire, ce que je devais lui dire, et je m'en veux. Soudain quelqu'un toque à la fenêtre, c'est Max. Je ne l'avais même pas remarqué. Je baisse la fenêtre :
« - Je peux rentrer ? »
Je réfléchis un instant. Est ce que j'ai envie qu'il me voit comme ça ? Non. Mais j'ai besoin de réconfort et lui me comprend.
« - Vas y rentre. »
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Best Friends For Never
Fiksi RemajaLorsque Ella apprend que sa meilleure amie a été assassinée, elle se fait la promesse de trouver le tueur...