Chapitre 4

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Après être rentrée de cette étrange visite chez les Colins, je n'ai pas tenu cinq minutes devant mon bureau avant de m'écrouler de sommeil. J'ai dormi plus de quatorze heures. Le lendemain en me réveillant, après avoir dormi si longtemps, pendant une fraction de seconde j'avais oublié qu'Enora était décédée, et pendant cette fraction de seconde j'avais pu enfin oublier la douleur que je ressentais au plus profond de moi. Mais la réalité m'a vite rattrapée . A peine après avoir tourné la tête, mes yeux se sont posés sur le cadre que j'ai ramené de la chambre d'Enora. La photo est en noir et blanc. Nous sommes allongées dans les feuilles mortes. On se cache les yeux, parce qu'on trouvait que ça rendait notre photo "plus instagram". Pas besoin d'être mentaliste pour voir qu'on est tout simplement heureuse d'être ici. La photo avait été prise le jour de mon anniversaire. Enora venait de m'offrir le collier couleur or avec le pendentif en forme triangulaire. Le cadre est de couleur champagne, simple comme l'était Enora. Une fille sans prise de tête, qui ne cherchait pas à avoir une quantité d'amis et de vêtements et d'admirateurs. Une fille sans artifice, spontanée et attachante. Je descends à la cuisine, en espérant ne croiser personne, mais je tombe sur mon père qui essaie de m'enlacer tendrement. Je le repousse d'un geste plus brusque que je n'aurais voulu.

"-Je...je suis désolée, mais j'ai besoin d'être seule pour le moment"

Mon père n'en dit pas plus, me fait un sourire compréhensif et s'en va. J'en veux à tout le monde de ce qui c'est passé, mais encore plus à moi même parce que je n'ai rien fait pour empêcher que cela arrive, alors que je sais très bien que j'aurais pu faire quelque chose. Je me fait un sandwich au fromage, remonte dans ma chambre, puis m'installe à mon bureau. J'ai l'impression que ma vie n'est qu'un morceau de musique triste répété en boucle : je dors, je pleure, descends puis je remonte les escaliers. Dans le sac que j'ai pris pour aller chez les Colins, je sort le bloc - notes que j'ai trouvé caché sous le tiroir d'Enora. Il est tout rouge, aucune inscription sur les couvertures, les coins ne sont pas cornés. On dirait qu'il n'a jamais servi. Je l'ouvre et tombe sur l'inscription suivante : " Carnet de bord ". Quelque chose me saute aux yeux immédiatement ! Ce n'est pas l'écriture d'Enora, je la connais par cœur et la reconnaîtrais entre mille ! Je ne vois que deux hypothèses valables : la première, que quelqu'un lui a donner ce cahier, et la deuxième qu'elle l'a volé. Dans les deux cas, est - ce que ça pourrait avoir un rapport avec son meurtre ? Qui lui aurait donné, ou à qui l'aurait elle volé et pourquoi ? Toutes mes interrogations restent en suspend. Je suis toujours au point zéro de l'enquête. Je feuillette les pages. Rien, les pages sont entièrement blanches, pas une seule inscription, dessin, gribouillis. Si la police avait mit la main dessus c'est sûrement pour ça qu'elle l'a remit à sa place. Je souffle de désespoir. J'ai l'impression de ne servir à rien. Il vaudrait peut-être mieux que je laisse la police s'en charger ? Je reste deux minutes à méditer sur la question tout en regardant de loin le bloc-notes posé sur mon bureau. Oh, et puis zut ! Je vais bien finir par trouver quelque chose ! Si, il était caché c'est bien pour une bonne raison ! Je reprend le cahier et allume ma lampe de bureau. Je vais passer au crible chacune des pages.

****

Après deux heures à avoir regardé les pages sans savoir quoi chercher, je remarque quelque chose qui m'intrigue, sur une page de la fin du cahier. Quelque chose qu'il m'aurait été impossible de voir si je n'avais pas regardé attentivement. En rapprochant la page de la lampe, je vois très clairement la trace d'un stylo qui a appuyé trop fort sur la feuille. Je me munis d'un crayon a papier et colorie la page entière. Bingo ! Je réussi à pouvoir lire ce qui est écrit. Un numéro de téléphone:  206-787-8458. Je compose le numéro. Une sonnerie, deux, puis trois. Le répondeur m'annonce finalement :

"-Le numéro que vous avez demandé n'est pas attribué".

Énervée je raccroche et m'allonge dans mon lit. Je finis par pleurer de colère et de tristesse mélangées et tombe dans un profond sommeil...

Best Friends For NeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant