Chapitre 1 : L'Amortentia

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Quelque chose n'allait pas avec le parfum de cette potion. Assis au premier rang entre Ron et Hermione, Harry fixait un des chaudrons posés sur le bureau du professeur Slughorn, celui dont la surface nacrée laissait s'échapper des spirales de vapeur.

– Hermione, rappelle-moi ce que fait cette potion, murmura-t-il en se penchant vers elle.

Hermione reposa sa plume, scandalisée.

– J'ai répondu à cette question tout à l'heure.

– Dis-moi juste pourquoi elle a ce parfum.

– Elle a répondu à ça aussi, tu sais, dit Ron avec un sourire en coin. C'est l'Amortentia, un philtre d'amour, l'odeur est faite pour attirer du coup elle change en fonction de qui la sent.

Le parfum qui l'entourait mêlait le bois des balais à l'odeur qui régnait dans le Terrier et au feu de bois de leur Salle Commune. Mais il y avait autre chose, quelque chose de très différent, et surtout quelque chose qui n'aurait jamais dû être là. Il pressa une main dans ses cheveux. L'air chargé par les potions était étouffant tout à coup.

Sous l'ordre du professeur, les élèves se dirigèrent vers les ingrédients stockés dans une armoire au fond de la salle. Un coup d'œil vers Ron qui allumait un feu sous leurs chaudrons et Harry se leva avec Hermione. Alors qu'ils attendaient que les élèves encombrant l'allée retournent à leurs places, il se rendit compte qu'elle le fixait.

– Qu'est-ce que tu as senti dans l'Amortentia, Harry ?

– Oui, qu'est-ce que tu as senti Potter ?

Il s'était tendu pour ne pas sursauter mais ça n'avait pas suffi. Malfoy s'était glissé derrière eux. Lorsqu'il les bouscula en ricanant pour atteindre l'armoire, Harry capta un bref parfum, identique à celui qu'il avait perçu dans l'Amortentia.

– Rien, marmonna-t-il.


– Harry ?

Les flammes de la cheminée dansaient devant ses yeux, brûlant son visage et ses mains glacées. Le bois crépitait à ses oreilles. Il ne se souvenait pas de quand ça avait commencé, c'était comme si ce sentiment avait toujours été là, tapi dans l'ombre à attendre que Malfoy soit proche pour surgir. Jusqu'ici il s'était contenté de l'ignorer. Une fois leurs altercations passées, le temps suffisait pour que la sensation se dissipe. Pourtant le cours de potion était fini depuis longtemps et il la sentait encore qui rampait sous sa peau.

L'Amortentia avait rendu ça trop réel.

– Harry ?

Il était Harry Potter, le Survivant, celui que la prophétie condamnait à tuer Voldemort ou à périr de sa main, il ne pouvait pas ressentir autre chose que de la haine pour le fils d'un Mangemort.

Il revit nettement Malfoy dénigrant Ron devant le reste des premières années, traitant Hermione de Sang-de-Bourbe, se réjouissant de la mise à mort de Buck devant la cabane de Hagrid et arborant avec fierté le badge de la brigade inquisitoriale d'Ombrage.

Puis d'autres souvenirs se frayèrent un chemin. Le père de Malfoy, son regard glacial lorsqu'il avait vu les parents d'Hermione chez Fleury et Bott, ses critiques ouvertes face à Arthur Weasley et sa famille et les mains mutilées de Dobby.

Un coup de coude le reconnecta au présent et un brouhaha de conversations et de rires remplaça les crépitements de la cheminée. Hermione avait marqué sa page de ses doigts.

– Tu es bizarre aujourd'hui.

– Je réfléchissais... Ça va vous paraître bizarre, mais vous ne pensez pas que Malfoy ne serait pas comme ça si sa famille avait été différente ?

– Malfoy n'est plus un enfant. Regarde Sirius, il a eu le même genre d'enfance. Peu importe comment on a été élevé, il y a un moment où on devient responsable de nos actions.

Harry acquiesça et frotta ses mains pour les réchauffer. Sirius avait pu échapper à l'emprise de sa famille, mais Sirius avait eu son père ; c'était chez les parents de James qu'il s'était réfugié après sa fugue. Draco avait ses « amis » de Serpentards et le choix s'arrêtait là.

Ses pensées prenaient un chemin dangereux. Il sortit son manuel de potions en espérant que les commentaires du Prince de Sang-Mêlé griffonnés autour des recettes le distrairaient mais rien n'y fit. Puis un éclair illumina la salle commune et un coup de tonnerre explosa si près d'eux que les vitres tremblèrent. Une seconde plus tard, une pluie battante s'abattait contre les fenêtres.

Harry referma son manuel d'un geste lent.

L'orage. C'était le dernier ingrédient manquant. Il serra le manuel de potions, puis se leva, oubliant l'Amortentia pour la première fois de la journée ; s'il n'agissait pas vite, il n'aurait peut-être pas d'autres occasions avant un moment.

– Je monte me coucher.

– Déjà ? demanda Ron. On n'a pas encore mangé.

– Je n'ai pas faim. À demain.

D'un coup de baguette, Harry verrouilla la porte du dortoir et d'un autre, il tira sa valise de sous son lit et sortit la boîte enveloppée dans un vieux t-shirt qu'il avait cachée tout au fond. Si tout avait fonctionné correctement, la fiole à l'intérieur devait avoir viré au rouge. Il souffla et souleva le couvercle. Dedans, le récipient de cristal semblait rempli de sang.

Une vague de fierté, d'excitation et de peur l'envahit. La clé était de ne plus réfléchir. Il leva sa baguette, l'extrémité pointée sur son cœur et incanta :

Amato Animo Animato Animagus.

Puis il avala la potion d'une traite.

Une vive douleur irradia dans sa gorge, son estomac et continua de se répandre jusqu'à tordre chacun de ses muscles. Son cœur cognait si fort qu'il eut peur de le sentir s'arrêter. C'était la partie contre laquelle tous les livres mettaient en garde, celle où il devait maîtriser les violentes émotions et sensations qui le déchiraient.

Pendant une éternité, il se concentra uniquement sur sa respiration.

Enfin, la souffrance commença à refluer, le laissant étendu sur le parquet. Des poussières dansaient dans la pénombre devant lui. Les muscles encore tremblants, il se concentra sur son souffle. Son corps répondait de façon étrange. Se relever fut un véritable tour d'équilibriste, mais enfin, il parvint à approcher d'une fenêtre. Sur le verre balayé par la pluie, il croisa le regard d'un chat.

Il avait réussi.

L'épuisement remplaça la joie qu'il attendait. Après plusieurs tentatives pour retrouver sa forme humaine, il s'effondra sur son lit et il déverrouilla la porte de la salle commune d'un coup de baguette. Son bras pesait une tonne.

Sa forme Animagus était un chat. À côté du gigantesque chien de Sirius et du majestueux cerf de son père c'était... décevant.

D'un autre côté un chat se faufilait partout. Si Voldemort avait bien confié une mission à Malfoy, c'était sa chance de le découvrir. Bien sûr sa forme féline était beaucoup plus vulnérable, mais qui se souciait d'un chat errant ? Tant qu'il ne s'approchait pas trop près des Serpentards tout irait bien. Ce n'était pas un plan plus risqué que d'habitude.

Ignorant la petite la voix lui soufflant que ses « plans habituels » l'avait conduit plus d'une fois entre les mains de Voldemort, Harry attrapa sa carte du Maraudeur à la recherche du nom de Malfoy.

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Hellooo, je suis de retour (pour vous jouer un mauvais tour...) ! ... OK OK

J'espère que le première chapitre vous a plu, comme promis je retourne dans l'univers Harry Potter cette fois, en restant côté romance hehe ^ ^

J'ai pris de l'avance dans le plan/l'écriture pour pouvoir poster régulièrement donc ce sera chaque mardi/vendredi !

Je crois que tout est dit, n'hésitez pas à voter ou me dire si l'histoire vous plaît ! Et à mardi pour le prochain chapitre "Un jeu dangereux" ^v^~

AnimagusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant