Chapitre 6 : Dans le repaire des serpents - part 2

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Quand la salle commune des Serpentards se referma sur eux, Harry cessa de se débattre. Par chance, Malfoy ignora les groupes qui discutaient dans les canapés et descendit s'isoler dans son dortoir, le déposant sur une commode au passage. Une serviette blanche atterrit sur Harry. En jetant un coup d'œil par dessous il découvrit que Malfoy se changeait et retourna aussitôt sous sa tente de coton, y restant jusqu'à ce que deux mains viennent le frictionner. Une fois sec, la serviette disparut et Malfoy le déposa sur son lit. Harry se réfugia dans un coin puis le regarda s'allonger avec un livre de la Réserve.

– Tu es toujours si méfiant.

Malfoy avait tendu la main vers lui. Harry s'étira puis posa le museau sur ses pattes avant jusqu'à ce qu'il laisse retomber son bras.

– Très bien, reste dans ton coin stupide chat.

Il recommença à étudier le lourd ouvrage, mais après plusieurs pages, il finit par le refermer d'un claquement.

– Ça ne sert à rien, je n'aurai jamais de résultats rapidement avec ça.

Il pointa sa baguette vers la table de chevet et leva l'enchantement qui scellait le tiroir, révélant un collier serti d'opales. Harry l'avait déjà vu quelque part. L'image d'une ruelle sombre, tortueuse et d'une boutique mal famée lui revint. C'était dans l'allée des Embrumes, lorsqu'ils avaient filé Malfoy juste après leur visite à la boutique de Fred et George.

Qu'est-ce qu'il prévoyait de faire avec ce collier ?

Visiblement Malfoy ne le savait pas encore lui-même, car il le fit léviter du bout de sa baguette, pensif. Lorsque Harry s'approcha pour mieux le voir, Malfoy l'écarta en urgence.

– N'y touche pas, il te tuerait.

Harry s'immobilisa. La mission de Malfoy impliquait un meurtre ?

Il avait beaucoup de défauts, mais ce n'était pas un meurtrier. Voldemort le savait forcément, donc c'était soit un moyen de se venger, soit de l'humilier. Peut-être les deux.

Après que Malfoy se soit couché, sa respiration mit de longues minutes à ralentir. Il dormait enfin. Harry sauta sur le sol froid, l'oreille tendue. Il devait se retransformer pour ouvrir le dortoir, mais il suffisait que Malfoy ouvre les yeux au mauvais moment pour que sa situation passe de complexe à catastrophique. Juste quand il pensait ça, des bruits de pas dévalèrent l'escalier de l'autre côté de la porte. Crabbe et Goyle déboulèrent et une énorme main se referma sur lui avant qu'il ait pu se cacher.

– Qu'est-ce qu'il fait là ?

Suspendu entre leurs deux visages, Harry sortit les griffes, mais ses pattes avant étaient paralysées par la prise.

– Jamais vu ce chat. Tu crois que c'est à un première année ?

Goyle ricana.

– Faut qu'on leur apprenne à pas laisser traîner leurs animaux.

– Tu veux en faire quoi ?

Le cœur battant à tout rompre, Harry se retrouva avec la baguette de Crabbe à deux centimètres de son museau. Il feula, montrant les crocs.

– Je peux savoir ce que vous faites ? dit une voix traînante.

C'était la première fois qu'il était soulagé d'entendre la voix de Malfoy.

– Ce chat est entré dans le dortoir.

– Donne.

Goyle le lui tendit à contrecœur.

– On dirait un chat errant.

Dans les bras de Malfoy, Harry roula des yeux. Même la race des chats les préoccupait maintenant ? Il croisa le regard stupéfait de Crabbe et enfouit son museau dans le coude de Malfoy ; ces deux-là n'étaient pas des lumières, mais un chat qui roulait les yeux était bizarre, même pour eux.

– Parce que c'est probablement un chat errant, répondit Malfoy, mais c'est le mien, donc ne le touchez pas. J'ai sommeil, si vous n'êtes pas descendus pour dormir, dehors.

Cinq minutes plus tard, Crabbe et Goyle en pyjama se glissèrent dans leur lit et Harry se retrouva à son point de départ. Il s'affaissa entre les couvertures le temps de se calmer.

« C'est le mien. »

Il planta ses griffes dans le tissu. Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas simplement détester Malfoy comme ça aurait dû être le cas ? La haine aurait été un sentiment plus simple à gérer et celui-là au moins était réciproque. Malfoy lui caressa la tête.

– Ne t'avise pas de devenir plus méfiant à cause de ces deux imbéciles, murmura-t-il. Tu l'es suffisamment comme ça, c'est insupportable.

Harry se détourna. Pourtant d'habitude il ne cherchait pas les ennuis ; c'est eux qui le trouvaient. Excepté la fois où il était descendu par la trappe en première année, et dans la Chambre des Secrets, et quand il avait remonté le temps pour affronter les Détraqueurs, et qu'il s'était introduit au ministère de la magie pour affronter Voldemort.

Bon d'accord, il cherchait les ennuis. Être attiré par le fils d'un Mangemort, missionné par Voldemort et son ennemi depuis le premier jour à Poudlard ce n'était qu'un danger parmi tant d'autres.

Qu'est-ce qui pouvait mal tourner de toute façon ? À part absolument tout ?

Harry se réveilla en sursaut au ronflement de Goyle. La main de Malfoy était posée comme un coussin contre sa tête. Comment avait-il pu s'endormir dans une situation pareille ? Blaise et Nott avaient rejoint leurs lits, il devait être tard. Après s'être assuré que les Serpentards dormaient à poings fermés, Harry reprit forme humaine et abaissa la poignée.

Un chat noir se faufila dans les escaliers jusqu'à la sortie de la salle commune des Serpentards. Une fois dans les cachots, il dut s'arrêter un instant. Il était sorti.

Lorsqu'il passa la porte de son propre dortoir, Ron se redressa dans son lit.

– Harry ? chuchota-t-il. Où tu étais ? On s'inquiétait.

– Désolé, je... je n'ai pas vu le temps passer.

Il n'avait pas d'excuse de prête. Ron se laissa retomber dans son lit sans répondre et Harry ne tenta pas de s'expliquer. Il sentait l'agacement de son meilleur ami, mais il avait beaucoup trop en tête. Le pire de tout étant que Malfoy projetait probablement un meurtre et qu'il allait devoir l'arrêter.


La longue et difficile enquête pour découvrir comment Malfoy comptait utiliser le collier ne dura qu'une journée. Le soir même dans la Salle sur Demande, Malfoy, qui avait visiblement pris l'habitude de parler tout seul quand il était à côté, lui déballa son plan : il projetait d'utiliser la sortie à Pré-au-lard pour charger un élève de livrer le collier.

– Je ne sais pas si Dumbledore sera assez stupide pour le toucher, mais on ne sait jamais.

Harry manqua de tomber de sa pile d'objets. Dumbledore ? C'était Dumbledore la cible et Voldemort comptait sur Malfoy pour l'éliminer ? Il avait déjà des doutes, mais là c'était clair : Voldemort s'amusait avec Malfoy. Il voulait lui faire vivre des mois d'enfer, à courir après un objectif inatteignable, puis qui sait ce qu'il lui ferait subir pour le punir de son échec.

Mais dans ce cas, s'il faisait échouer tous les plans de Malfoy est-ce qu'il le condamnait ? Non, même sans son intervention ils étaient déjà voués à l'échec, tout ce qu'il pouvait faire était de limiter les dégâts collatéraux.

Après une énième incantation sur l'armoire, Malfoy revint vers lui et passa une main sur sa tête. Soudain, Harry se revit dans le cimetière, à se tordre de douleur dans la terre alors que les Mangemorts autour de lui riaient, le Doloris comme un acide rongeant ses os, déchirant ses muscles. C'était ce qui attendait Malfoy dans le meilleur des cas.

Et ce n'était pas ses soi-disant amis de Serpentard ou sa famille qui le sauverait. La seule personne à savoir ce qui se passait et qui n'était pas du côté des Mages Noirs, c'était lui.

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Quoi qu'il arrive, Harry c'est l'Élu de toute façon, le seul et unique à pouvoir faire un truc XD et l'élu il est pas passé loin là.

J'espère que votre début de semaine se passe bien, je vous dit à vendredi pour la suite :D

AnimagusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant