Chapitre 21 : Faire part

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Un déclic retentit entre les roulis réguliers du train, puis la valise s'ouvrit. Harry jeta un coup d'œil prudent dehors mais Draco était seul dans le compartiment. Reprenant forme humaine, il se laissa tomber sur la banquette. Les chocs dans la valise avaient réveillé toutes les blessures qui ne cicatrisaient pas en dépit du cataplasme.

– Il y a peu d'élèves dans le train, dit Draco. On sera à Poudlard sans difficultés.

Harry lutta contre les vapes du sommeil qui tentaient de l'emporter. Il finit par s'appuyer contre le rebord de la fenêtre, se concentrant sur les paysages. Ses yeux se fermaient d'eux-mêmes.

– Si tu es trop fatigué pour tenir, transforme-toi. Je préfère encore emmener un chat à l'infirmerie, ça soulèvera moins de questions.

Il venait de reprendre sa forme féline quand Draco ajouta :

– Après ça, tu peux considérer que nous sommes quittes.


Plusieurs fois, il entrevit de la lumière et des bribes de conversations visitant parfois son sommeil. Il avait l'impression d'avoir dormi des années lorsqu'il se réveilla, lourd, mais libre de toute douleur. Il remua sa main droite, ses os avaient été ressoudés. Un des trois rideaux blancs tirés autour de son lit s'écarta sur Madame Pomfresh.

– Restez assis.

Elle lui fit tendre son bras et examina les morsures dont il ne restait que de fines entailles encore rougies.

– C'est une bonne chose que vous soyez réveillé, dit-elle enfin en lui tendant une potion fumante. Buvez. Le venin n'est pas complètement éliminé de votre organisme, ne comptez pas sortir avant encore deux jours.

La liste des potions et de remèdes qu'il devait prendre était trop longue pour son cerveau embrumé et il accueillit avec soulagement l'arrivée de Ron et Hermione. Tous les deux s'installèrent à côté de lui. Ron trépignait sur place, s'attirant le regard suspicieux de Madame Pomfresh. En refermant le rideau, elle leur recommanda le calme pour ne pas le stresser.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? dit aussitôt Ron. Tu n'étais nulle part. On a annulé les vacances pour rester ici et trois jours après Rogue est venu nous demander de prétendre que tu étais avec nous. On n'a eu aucune information, même Dumbledore n'a rien voulu nous dire.

– Malfoy a tout découvert... (En voyant l'air interdit d'Hermione, il précisa à la hâte :) que j'étais un Animagus. J'étais à leur manoir.

Comment leur expliquer la suite ?

– Tu te sens mieux ? Tu as dormi presque quatre jours, dit enfin Hermione. Tu étais dans un état à ton arrivée. C'est Tu-Sais-Qui qui t'a fait ça ?

Elle parlait avec calme, mais jetait des coups d'œil à ses bandages et Ron avait les traits tirés en dépit de son sourire. La culpabilité le prit à la gorge.

– La veille des vacances, je suis sorti prendre l'air sous mon autre forme, comme il était tard, et j'ai croisé Malfoy.

– Je savais qu'il était impliqué, dit Hermione d'un air qui signifiait « je te l'avais dit ».

– Oui, c'est bien lui qui m'a piégé à son manoir mais...

– Tu aurais pu... tu as failli y laisser la vie. Dis-moi que cette fois au moins tu ne retourneras plus te mêler des affaires de Malfoy.

Madame Pomfresh lui avait ordonné d'éviter tout stress mais le froid familier s'insinuait déjà dans ses veines. Il leur avait trop menti.

– Si. Il est en danger, encore plus maintenant qu'il m'a aidé.

AnimagusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant