Chapitre 14 : Le masque brisé

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– Tu ne trouves pas qu'il a une attitude bizarre, ton chat ?

Le journal qui le masquait aux autres Serpentards s'abaissa et Harry sentit son poil se hérisser. C'était une réaction qu'il ne pouvait ni empêcher ni arrêter. La main de Malfoy apparut devant son museau, comme pour dresser une barrière entre eux.

– Je vous ai dit qu'il était méfiant.

– C'est possible, répondit Zabini, mais Pansy n'a pas tort ; il ne se comporte pas du tout comme un chat. Tu n'en as pas eu, donc la différence ne te frappe peut-être pas, mais de mon point de vue c'est plutôt évident.

Harry ralentit sa respiration dans une vaine tentative de se calmer. Il devait partir et ne plus jamais utiliser cette forme. Plus jamais. Il croisa le regard de Zabini qui avait arrêté de jouer avec sa baguette pour la tenir fermement et bondit sur le sol. Une fraction de seconde plus tard, un éclair bleu frappa les genoux de Malfoy. Alors qu'il courait vers la sortie, la voix de Zabini s'exclama :

– Tu as vu ça ! Il a compris ce que j'allais faire, il a esquivé !

Un sort provoqua un vacarme derrière lui et un canapé de la taille d'un camion atterrit devant lui, bouchant le passage vers la sortie. Harry se retourna. Malfoy pointait sa baguette vers lui. Les Serpentards des autres années avaient interrompu leurs activités pour contempler la scène. D'un geste, Malfoy reproduisit le sort de Zabini et Harry bondit de côté pour esquiver l'éclair bleu.

Le canapé agrandi le piégeait dans la salle commune des Serpentards, alors il courut dans la seule autre voie possible : celle qui menait aux dortoirs. Sauf que ce n'était pas une issue. En dévalant les marches, il parvint à esquiver deux des trois sorts. Le troisième le frappa dans le dos, le projetant à l'intérieur d'un dortoir. Avec l'énergie du désespoir, il parvint à refermer la porte avant de retrouver sa véritable apparence.

Face au panneau de bois, il tenta de reprendre son souffle. Malfoy ne l'avait pas vu. Pas encore.

Des pas descendaient de l'autre côté. Il appuya ses deux mains contre la porte et se rendit compte qu'il tremblait.

– Je me charge de ça, dit la voix de Malfoy de l'autre côté de la porte. Seul.

Son ton était glacial.

La poignée s'abaissa et Harry lutta de toutes ses forces pour la bloquer. Son autre main tâtonna vers sa baguette. La force que mettait Malfoy faillit le faire céder plusieurs fois. Lorsqu'il récupéra enfin sa baguette, il murmura un sort. La serrure se verrouilla dans un bruit métallique et il souffla. Malfoy cessa de peser contre la poignée et eut un rire sans joie.

Alohomora !

Leur lutte recommença. Au bout d'un moment, le poids disparut et Harry crut que Malfoy avait abandonné. Une main sous la poignée et l'autre contre la porte, il sentit soudain une chaleur se diffuser sous ses doigts. Elle gagna rapidement en intensité, chauffant le fer à blanc. Bientôt, le bois dégagea une odeur de fumée. Harry lâcha prise et la poignée s'abaissa brutalement, l'obligeant à la reprendre. La brûlure lui fit monter les larmes aux yeux.

Maladroitement, il fit passer ses manches entre ses mains et le métal pour les protéger. Ses paumes étaient déjà couvertes de cloques et la chaleur devenait toujours plus insoutenable. Quand la brûlure traversa le tissu, il sut qu'il allait céder. Mais s'il abandonnait, Malfoy entrerait. Il s'accrocha à cette pensée pour ne pas hurler de douleur. Sa respiration était de plus en plus erratique et il était sûr que Malfoy pouvait l'entendre.

– S'infliger tout ça juste pour gagner quelques secondes.

Son avant-bras remplaça ses mains et la morsure du fer lui donna la nausée. Malfoy avait raison, il céderait tôt ou tard. Il ne pouvait pas céder.

– J'ai tout mon temps.

Lui n'avait pas tout son temps. La chaleur ne cessait de monter, brûlant son visage alors qu'il n'était pas collé à la porte.

– Tu peux tenir autant que tu veux, tu es coincé.

Harry serra les dents. D'un geste lent pour que Malfoy ne le remarque pas, il relâcha la poignée et fit un pas en arrière, les yeux rivés sur la porte. L'air refroidit, plus respirable. La brûlure qui meurtrissait sa paume l'empêchait de tenir correctement sa baguette mais il la garda levée, reculant encore.

Propulsée par un sort, la porte pivota sur ses gonds, soufflant un air chaud dans le dortoir, et cogna le mur.

– Je commençais à m'impatien...

Malfoy s'interrompit en le voyant. Sans un mot, il verrouilla derrière lui et Harry sentit son cœur chuter dans sa poitrine.

– Ça Potter tu vas le payer.

Il balança un maléfice, Harry parvint à le bloquer de justesse mais la douleur fut telle qu'il lâcha sa baguette. Elle rebondit sur le sol et roula sous un lit.

– Ça t'amusait de jouer au chat de compagnie ?

– Laisse-moi passer.

Il avait réussi à garder une voix à peu près neutre malgré sa gorge sèche et les légers tremblements qui courraient sur tout son corps. Il était prêt à abandonner sa baguette si ça signifiait qu'il pouvait échapper aux Serpentards.

– Parce que tu t'imagines que tu vas ressortir d'ici vivant ? répliqua Malfoy.

Il visa le lit sous lequel sa baguette avait roulé et la fit voler à lui d'un Accio.

– Quoi, tu comptes me tuer ?

Les effets du sortilège qui l'avait forcé à reprendre sa forme humaine se dissipaient. C'était sa dernière chance.

– J'en meurs d'envie, Potter.

– Tu ne te dis pas que ma disparition attirerait encore plus l'attention sur toi ? dit-il en décomptant mentalement les secondes qui le séparaient de sa forme de chat.

Harry bondit sur Malfoy qui esquiva, pensant qu'il visait la baguette et libérant malgré lui le passage. La poignée encore brûlante lui arracha un cri de douleur. Verrouillé. Le bois endommagé céda sous son coup d'épaule et il se retransforma pour se faufiler par la brèche. Il posait la patte sur la première marche lorsqu'un sort le frappa. Un par un, ses muscles se raidirent et il tomba sur le côté, pétrifié.

Malfoy le ramassa comme un objet et le collier bloquant sa métamorphose retrouva sa place autour de son cou.

– Ta disparition soulèvera des questions, j'en suis sûr, mais si je te livre au Seigneur des Ténèbres, je n'aurai pas à revenir ici. Tu vois, en fin de compte, tu es la solution à tous mes problèmes.

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Et... c'est la fin du secret (enfin, d'une partie plutôt) et un joli point de non retour aussi

(me tapez pas plz 0:) )

hum hum bon week-end :D

AnimagusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant