Chapitre 8 : La main dans le sac

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Le Quidditch avait toujours été sa passion, pourtant au moment où son équipe avait le plus besoin de lui, Harry ne parvenait pas à s'investir. Malfoy lui prenait une grande quantité d'énergie, et avec les devoirs et les examens qui s'accumulaient, il supportait avec une lassitude grandissante les conflits entre les joueurs, notamment Ron et Ginny.

En rentrant d'un entraînement, ils surprirent Ginny et Dean enlacés dans un des raccourcis qui menaient à la tour de Gryffondor. Ron les apostropha et Dean s'éclipsa sous son regard courroucé. Harry resta en retrait dans le passage pendant qu'ils se criaient dessus et une image surgit dans son esprit, au lieu de Ginny et Dean, c'était lui et Malfoy qui s'embrassaient.

– J'ai besoin d'air, marmonna-t-il.

Ni Ron ni Ginny ne remarqua qu'il s'éloignait. Il avait vraiment besoin de se changer les idées, de ne plus se demander ce que ça ferait si Malfoy se penchait vers ses lèvres et...

– Tiens, Potter.

Harry sursauta. Ses pas l'avaient porté au septième étage par habitude, sauf que Malfoy était la dernière personne qu'il voulait voir dans cet état.

– Que fait l'Élu hors de son dortoir à cette heure ?

– Ça ne te regarde pas.

– Si parce que contrairement à toi Potter je suis préfet.

Supposant que Malfoy cherchait à l'éloigner de la Salle sur Demande, il reprit son chemin en s'appliquant à ne rien laisser paraître. Arrivé à sa hauteur, Malfoy lui bloqua le passage.

– Où tu vas comme ça ?

– Dans ma salle commune, si tu permets.

– Qu'est-ce que tu fabriquais ici ? insista-t-il, ses yeux gris réduits à deux fentes.

– Quoi, tu as quelque chose à cacher ? répliqua Harry.

Son rythme cardiaque s'accélérera et il lui lança un regard assassin. Il s'était isolé pour ne plus penser à lui, pourquoi avait-il fallu qu'il le croise !

– Moi je cache quelque chose ? C'est toi qui agis bizarrement dernièrement, Potter. Tout le monde a remarqué que tu étais fatigué et souvent en retard sur les devoirs. Même tes performances au Quidditch ont baissé.

Les cernes de Malfoy étaient bien plus prononcés, mais Malfoy n'était pas Harry Potter, alors personne ne s'en souciait.

– Pansy a sa propre théorie. Elle pense que tu as réalisé que tu aimais quelqu'un en sentant la potion et que ce n'est pas réciproque. Tous ceux à qui elle en a parlé sont plutôt convaincus, d'ailleurs. Je ne sais pas si c'est réciproque, mais toi et moi, on sait que la partie sur l'Amortentia est vraie, hein Potter ?

Malfoy s'adossa au mur, goguenard. Harry le dépassa sans un mot, soudain glacé. Il avait atteint l'angle du couloir quand Malfoy lança :

– À ton avis, combien de temps ils vont mettre pour trouver qui c'est, Potter ?


Avec combien de personnes Pansy avait partagé sa théorie ? Harry ressassa cette question une bonne partie de la nuit. Lorsqu'il entra dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner, il remarqua immédiatement les regards discrets que lui lançaient les autres et les murmures qui suivaient. L'ambiance était différente et sa quasi nuit blanche n'allait pas aider les rumeurs.

Il venait de tirer une assiette vers lui quand Colin Crivey s'assit sur la place libre à sa droite.

– C'est vrai que tu as une peine de cœur et que c'est pour ça que tu es déprimé en ce moment, Harry ?

Ron s'étouffa avec ses œufs.

– Je ne suis pas déprimé, Colin, répliqua Harry avec un regard noir pour la table des Serpentards.

Malfoy devait guetter sa réaction, car il répondit par un sourire complice.

– C'est une rumeur idiote, pas la peine d'y prêter attention, dit Hermione d'un ton sec.

Colin se tassa sur lui-même devant son air sévère puis fit semblant d'avoir repéré un ami et les laissa.

– Tu crois que c'est Malfoy qui a lancé ça ? demanda Hermione.

– Possible, il s'est imaginé que j'avais eu une révélation à cause de l'Amortentia, marmonna Harry.

– Je crois qu'il essaie juste de te déstabiliser, vieux, dit sagement Ron. Le premier match de la saison approche, leur équipe ne tient pas la route c'est tout.

Harry prit cette issue avec gratitude.

Les rumeurs sur son amour impossible étaient encore vives lorsque le match arriva, son premier en tant que capitaine de l'équipe. Le trac de diriger était partagé avec la hâte d'affronter – et de battre – Malfoy. Son attente gonfla toute la nuit précédant le match. Au petit-déjeuner, elle éclata comme une bulle de savon.

Malfoy avait déclaré forfait.

Avec la menace de Voldemort qui planait sur lui ce n'était pas si surprenant, au fond, songea Harry en observant son toast, maussade.

Par contre, Ron y vit un excellent signe.

Mais Harry ne parvint pas à se concentrer sur le vif d'or, il était constamment distrait par la silhouette du château qui surplombait le parc. Lorsque l'attrapeur adverse fila derrière une traînée dorée, il se pencha sur son balai. En exécutant un piqué spectaculaire, il parvint à refermer le poing sur le vif d'or au nez de son adversaire. Il remonta en chandelle sous les acclamations, oubliant temporairement les rumeurs et la Salle sur Demande. La félicité de ce premier match dura jusqu'au soir.

À son arrivée dans la Salle sur Demande, Malfoy l'attendait, adossé à l'armoire. Cette attitude aurait dû le mettre sur ses gardes, mais il ne commença à reculer qu'en voyant la baguette d'aubépine se pointer vers lui.

– Tu n'es là que le soir, jamais pendant les heures de cours. Ni pendant les matchs de Quidditch, on dirait.

Il incanta avant que Harry ait pu fuir. Une pression autour de son cou le fit accélérer encore. En bondissant derrière une colonne de chaises, il frissonna. Si le sort qui l'avait frappé l'avait obligé à reprendre son apparence humaine, comme celui que Sirius et Lupin avaient utilisé contre Pettigrow... Un rayon lumineux frappa une haute pile qui s'effondra devant lui. Avec l'énergie du désespoir, il tenta de l'escalader, glissant et sautant jusqu'à ce qu'une main se referme sur sa fourrure. Il planta les griffes dans le bois d'un tiroir mais Malfoy l'y arracha.

– Les cours et le Quidditch. De drôles d'activités pour un chat.

Harry soutint son regard gris et une terreur sourde lui noua l'estomac. Est-ce qu'il connaissait le sort qui l'obligerait à se retransformer ?

– J'ai une idée amusante, poursuivit Malfoy, acide. Le collier va te garder sous cette forme et demain, je chercherai l'absent.

Sans avertissement, Harry se retrouva plongé dans un sac de cours et transbahuté à travers le château. Quand Malfoy le balança dans un coin, il tenta de se tailler une sortie, mais ses griffes n'entaillèrent même pas la toile. Après des heures, il abandonna. Le sac était ensorcelé, ses griffes pulsaient douloureusement et il n'avait aucune échappatoire.

Soit Malfoy ne connaissait pas le sort pour le retransformer, soit il lui faisait volontairement subir cette torture.

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C'est pas une si grande nouvelle si je vous dis que le prochain chapitre s'appelle "Pris au piège" du coup.. XD

Bonne semaine et à vendredi !

AnimagusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant