Chapitre 31 : Au cœur du manoir

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Il tourbillonnait, la sensation d'avoir le nombril transpercé par un crochet qui le maintenait s'estompa soudain et Harry retrouva l'équilibre dans une pièce sombre. La seule lumière provenait d'un chandelier suspendu au plafond, éclairant le haut des murs alors que le bas se perdait dans les ténèbres. Ron avait failli être entraîné avec lui et une partie de lui aurait voulu que ce soit le cas. Une fraction de seconde de plus et ça n'aurait été qu'un accident, une fraction de seconde en plus et il ne se serait pas retrouvé seul.

Il inspira avec difficulté. La moitié de pièce qu'il voyait était vide, juste des cadres suspendus aux murs et une double porte massive. Mais derrière lui... Dans le silence, il capta soudain un mouvement, avant d'avoir eu le temps de se retourner, une main se plaqua contre sa bouche.

– Tu n'es pas sérieux, Potter ? murmura une voix près de son oreille. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Je t'ai donné un quart d'heure, le Portauloin n'a pas pu te prendre par surprise.

Draco le relâcha. À la place de la main le bâillonnant, Harry sentit un liquide chaud sur ses lèvres. Il y porta ses doigts : du sang. Il se retourna. Derrière lui, une longue table s'étendait jusqu'à l'autre bout de la pièce, ses chaises parfaitement alignées. Seule une avait été tirée et Draco s'y laissa tomber sans un bruit. Son état lui donna un coup de poignard au cœur.

Affalé sur sa chaise comme si la douleur l'écrasait, son teint pâle faisait ressortir le rouge fiévreux soulignant ses yeux et sa joue et son avant-bras avait été charcuté, comme si on avait voulu rayer la Marque des Ténèbres. Des filets de sang roulaient dans son cou et sa main.

– Qu'est-ce qui t'es arrivé, Malfoy ? demanda Harry en gardant une voix basse.

– Rien qui te concerne. Toi comment tu as pu tomber dans ce piège ? répliqua-t-il à mi-voix. Peu importe, j'espère au moins que tu as prévu un moyen de t'en aller.

– Non.

Draco ferma les yeux et inspira profondément.

– Je pensais que le Portauloin ne fonctionnait pas, se défendit Harry.

– Tu savais que c'était un Portauloin et tu l'as gardé sur toi... ?! Tu as la moindre idée de ce que j'ai dû faire pour te donner ce sursis ? Les Mangemorts ne sont pas des lumières, pour la plupart ils se contentent d'obéir, mais il n'est pas si simple de les faire dévier de leurs ordres. Encore moins de le faire sans qu'ils ne le remarquent.

Visiblement, il croyait que la lettre ne prévenait pas du Portauloin et que les Mangemorts comptaient sur l'effet de surprise pour le ramener. Effectivement, si ça avait été le cas, décaler l'heure de départ comme il l'avait fait lui aurait probablement sauvé la vie. Il n'aurait pas gardé cette vieille plume sur lui pendant un quart d'heure pour aucune raison.

Draco soutint son regard. Il paraissait fiévreux, mais lucide. Les Mangemorts s'étaient rendu compte qu'il l'avait aidé. Bien sûr qu'ils s'en étaient rendu compte. Ils attendaient le Portauloin et celui-ci n'était pas arrivé. Cela n'avait pas dû être long avant qu'ils ne remontent jusqu'à lui.

– Ça ne te ressemble pas.

– Ça ne me ressemble pas de manipuler les autres pour arriver à mes fins ? Pitié, Potter, répliqua Draco.

– Ça ne te ressemble pas de te mettre en danger pour quelqu'un d'autre que toi.

– Je ne veux pas de dette et je considère que je ne suis pas responsable de ta stupidité, dit-il avant d'ajouter entre ses dents : je t'ai donné tout le temps qu'il fallait ! Par Merlin, Potter !

Harry soutint son regard, le cœur battant, puis dévia vers les taillades sur sa joue. D'un geste machinal, Draco essuya le sang qui perlait. Harry fronça les sourcils, les coupures formaient des lettres.

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